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Assemblée : vifs débats au sujet des praticiens hospitaliers


Assemblée : vifs débats au sujet des praticiens hospitaliers
PAPEETE, vendredi 22 mars 2013. Les médecins hospitaliers, en grève depuis mardi pour obtenir la reconnaissance de l’intégralité de leur ancienneté professionnelle, attendaient avec impatience le débat prévu à l’assemblée de Polynésie française sur leur statut. La délibération proposée aux élus a été adoptée à la mi journée ce vendredi sans amendement. Elle ne règle donc pas le cas de la cancérologue du CHPF.

L'examen de la délibération modifiant les modalités de recrutement des praticiens hospitaliers a en tout cas provoqué le débat au sein de l'assemblée territoriale, allant même jusqu'à l'envenimer. Les praticiens hospitaliers sont en grève depuis quatre jours en soutien à deux médecins, ex-contractuels du CHPF qui ont vu leurs échelons d’ancienneté rétrogradés, lors de leur titularisation dans la fonction publique territoriale. L’exemple le plus significatif étant celui de l’unique oncologue du territoire (en charge des chimiothérapies cancéreuses) qui perd cinq échelons d’ancienneté et se retrouve quasi débutante. Dans les deux cas précités une partie de carrière à l’étranger : l’Espagne pour l’un et Monaco pour l’autre n’est pas prise en compte par les textes régissant la fonction publique polynésienne.

La délibération qui était proposée aux élus n’avait pour objet que d’intégrer dans l’ancienneté
des praticiens hospitaliers, les contrats qu’ils ont pu effectuer (avant leur titularisation) au sein des administrations polynésiennes. Par leur grève, les médecins espéraient une extension de la réglementation locale à celle déjà en vigueur en France afin de reconnaitre la validité des possibles expériences étrangères dans les hôpitaux publics de santé. Mais le texte initial n’a pas bougé d’un iota et a été adopté après 45 minutes de débat à la majorité et seulement 4 abstentions. «Ils étaient persuadés qu’ils obtiendraient le soutien de l’assemblée. Leur volonté c’était de faire plier les élus, qu’il y ait un amendement proposé. Ils voulaient améliorer le statut des médecins alors que le Pays est en grande difficulté» exulte Pierre Frébault, le ministre de la fonction publique quand le texte est adopté sans modification.

Un peu plus tôt, pour la majorité UPLD, Maryse Ollivier avait pris la parole pour «remettre de l’ordre dans le désordre (…) Car il y a de la malhonnêteté intellectuelle» dans ce qui est présenté au public depuis le début du conflit social. Elle stigmatise le combat corporatiste des praticiens hospitaliers autour du cas particulier de l’oncologue payée plus de 1 million de Fcfp/mois avec les gardes et les astreintes. «Le fait que le seul médecin oncologue du Pays menace de démissionner est choquant (…) Où sont la probité, la moralité de ce médecin quand il y a menace d’abandon des malades pour des questions salariales appuyées sur une ancienneté discutable ?». Elle évoque aussi le cas d’une praticienne hospitalière polynésienne, venue postuler justement en oncologie en 2008, et dont la Commission médicale d’établissement a rejeté la candidature.

La tirade de Maryse Ollivier est applaudie dans les rangs de l’UPLD. Du haut de son perchoir, le président de l’assemblée Jacqui Drollet «se désolidarise complètement de ce discours» et Armelle Merceron (A Ti’a Porinetia) regrette «ce dérapage qui n’a pas sa place ici». Pierre Frébault admet toutefois qu’une solution technique peut être proposée dans l’immédiat à l’oncologue concernée par ce conflit social lui permettant de conserver sa rémunération mais qui n’en fera toujours pas une titulaire de la fonction publique territoriale. «Les textes en vigueur ne me donnent pas les moyens de lui donner le statut de fonctionnaire. Cela valait-il une grève ?» interroge-t-il. Et il affirme avec fermeté qu’il mettra fin à une circulaire de juin 2008 qui autorisait le Centre hospitalier de Polynésie française à faire des contrats sans le contrôle de légalité du Pays, car cette circulaire serait responsable d’une erreur administrative au cœur de cet imbroglio.


Réaction du Syndicat des praticiens hospitaliers


Le syndicat des praticiens hospitaliers de Polynésie française (SPHPF) a réagi vivement aux propos tenus dans l’hémicycle territorial. «Les chiffres avancés sont faux. L’oncologue ne gagne pas plus d’1 million de Fcfp/mois car il n’y a pas de garde dans ce service». Le SPHPF s’accorde avec les chiffres cités sur la grille des salaires indiquant un montant brut de 897 490 Fcfp à l’échelon 9 et 706 450 Fcfp à l’échelon 4. «Le premier est l’équivalent des indemnités d’un élu de l’assemblée, le second est l’équivalent du salaire du chauffeur du président de l’assemblée». Le mouvement des praticiens hospitaliers pourrait se durcir car aucune médiation n’a été proposée depuis que la grève est lancée.

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 22 Mars 2013 à 15:33 | Lu 1774 fois