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A la criée, le prix du poisson redescend


PAPEETE, le 20 octobre 2016 - Jeudi matin, à l'heure de la criée, les prix du thon blanc est repassé en dessous de la barre des 1000 francs le kilo. Une première depuis le début du mois d'octobre.

"Lot numéro 15, thon blanc, du thon blanc"
. Le crieur s'égosille dans la salle froide et baignée de lumière artificielle. Un homme lève la main. 550 francs le prix au kilo du poisson. Vendu.
A la criée ce jeudi matin au port de Papeete, les poissons sont plus nombreux que ces semaines passées.

Au début du mois d'octobre, pêcheurs, amateurs, mareyeurs et vendeurs de poissons faisaient grise mine. Les bateaux revenaient presque à vide. Les prix s'étaient envolés à près de 1500 francs le kilo de thon blanc à la criée, soit près de 3000 francs pour les consommateurs. Tout le monde commençait à s'inquiéter. "Si ça continue comme ça, j'ai peur que nous revivions une crise comme en 2003", expliquait le directeur général de Vini Vini, Yann Ching.

Bottes de caoutchouc blanches et charlotte sur la tête et longue, le directeur a retrouvé le sourire en ce jeudi matin. A la criée, les yeux rivés sur le tableau d'affichage où apparaissent prix et poissons, Yann Ching attend son tour. "Cette semaine, le poisson est revenu. Cependant, autant il ne fallait pas s'alarmer trop vite, autant il ne faut pas se réjouir trop vite. Effectivement, on sait que tout au long de l'année, on a des pénuries de rendement… Laissons un peu de temps pour voir comment ça se passe."

Pour autant, les acheteurs ne se bousculent pas ce matin-là à la criée. Seuls quelques-uns ont pointé le bout de leur nez et sont repartis avec des palettes. Certains mareyeurs avaient déjà fait affaire avant la criée. "Le prix du poisson à la criée est toujours trop cher pour nous, explique Christophe Misselis, gérant de la société Fenua Fish. Nous n'avons acheté que quelques palettes. Pour le reste, nous avons acheté en direct avec les pêcheurs. Comme ça tout le monde a du poisson…"

Dans l'espace des enchères, les hommes en blanc collent sur les palettes de petites étiquettes jaunes. José, un armateur, observe, patient. Son bateau de pêche est revenu d'une campagne entre les Marquises et les Tuamotu longue de 25 jours. Les pêcheurs ont ramené près de neuf tonnes de poissons. L'armateur a mis 200 de ses pièces à la criée. De nombreux lots restent invendus. "J'ai voulu mettre mon poisson à la criée mais comme il ne s'est pas vendu, Vini Vini va l'acheter. Nous allons renégocier le prix. Je pense que le thon se vendra aux alentours de 500 francs le kilo."
Près d'une heure plus tard, les palettes de poissons gisant sous la glace sont emmenées vers d'autres chambres froides. Les portes de la criée se referment sur le port de Papeete.

Trois questions à… Sandra Levy-Agami, représentante Tahoeraa à l’Assemblée de la Polynésie française

"Il y a certainement beaucoup de choses à revoir au niveau de l'organisation de la filière pêche"

Que pensez-vous de ce que vous venez de voir à la criée?

Hé bien, il y a beaucoup de poissons qui n'ont pas été vendus ce matin à la criée. Je me dis qu'il y a peut-être des choses à faire à ce niveau là.

C'est-à-dire?
Au niveau de l'assemblée, nous pouvons plus agir au niveau de la règlementation et voir comment nous pouvons améliorer les choses pour les pêcheurs. C'est pour cette raison que je suis là ce matin, pour me rendre compte de la réalité du terrain parce qu'entre les textes qui passent et cette réalité, il y a une marge quand même.

Êtes-vous étonnée de ce que vous venez de voir?
Je vois bien que l'armateur a fixé un seuil minimum de vente en-dessous duquel il refuse de vendre car il sait qu'il va vendre à perte, ce que je comprends. En même temps, il s'est organisé pour vendre tout de même son poisson par une autre filière que la criée donc ça interpelle. Il y a certainement beaucoup de choses à revoir au niveau de l'organisation de la filière pêche. Nous y planchons avec le groupe Tahoeraa à l'assemblée.

Rédigé par Amelie David le Jeudi 20 Octobre 2016 à 16:45 | Lu 3671 fois