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Le parc national des calanques, un écrin de protection enfin devenu réalité


Le parc national des calanques, un écrin de protection enfin devenu réalité
MARSEILLE, 15 avr 2012 (AFP) - La création aux portes de Marseille du parc national des calanques, attendue dans la semaine, marque l'aboutissement de longues années de débats, parfois houleux, pour trouver un subtil équilibre entre défenseurs de l'environnement et usagers locaux.

Parc "nouvelle génération", il est le premier parc français à voir le jour depuis la loi de 2006 augmentant la place des acteurs locaux, et le troisième parc péri-urbain au monde après Le Cap et Sydney.

Son objectif: protéger un site exceptionnel, terrestre et marin, soumis à de multiples menaces (pression urbaine, surfréquentation, pollution, incendies...).

L'idée germe déjà dans les années 1910-1920 quand des habitants s'élèvent contre l'extension d'une carrière, raconte Benjamin Durand, directeur adjoint du Groupement d'intérêt public (GIP) porteur du projet.

Puis des acteurs associatifs prennent le relais, obtenant le classement du site en 1975. Mais ce n'est que vingt ans plus tard que l'aventure prend véritablement forme par la volonté de quelques amoureux de la nature. "Ils sont venus me voir en me disant: +ces calanques, il faut les préserver et trouver un mode unique de gestion de l'espace+", se souvient le député Guy Teissier, maire de secteur, qui met en place et prend la tête du GIP en 1999.

En avril 2009, un arrêté lance officiellement la concertation, riche de 300 réunions, suivie de l'enquête publique (plus de 4.500 contributions) pour parvenir début 2012 à la charte finale, au prix de moult négociations sur la définition du périmètre notamment.

Un dossier qui divise

"Depuis le début, le dossier passionne"... et divise, relève M. Durand. D'un côté, instances environnementales et écologistes déplorent un manque d'ambition du projet, de l'autre, pêcheurs, plaisanciers, grimpeurs, cabanoniers et élus redoutent une sanctuarisation de l'espace.

Au final, "tous les usages qui se pratiquent déjà dans les calanques pourront continuer, mais dans un cadre plus régulé", souligne le directeur adjoint du GIP, tandis que M. Teissier salue de "bons équilibres".

Ainsi en mer, des zones de non-pêche seront instaurées sur 10,5% du "coeur" du parc, les jet skis seront proscrits, la visite en bateau se fera sans messages diffusés par haut-parleur pour respecter la quiétude des lieux.

Sur terre, la chasse restera autorisée, mais avec un arrêt progressif des lâchers de tir. Les randonneurs seront priés de rester sur les sentiers balisés, les activités de falaises pourront être règlementées, les pratiques sportives extrêmes seront bannies, tout comme le bivouac ou l'éclairage artificiel.

"On veut favoriser une pratique douce du territoire. On y vient pour se ressourcer, on aime le côté bout du monde, loin des désagréments de la ville", relève Benjamin Durand.

Dans cette optique, les futurs agents du parc auront pour mission première de sensibiliser le public à la protection de l'environnement, avec possibilité de verbaliser les usagers irrespectueux, et de mieux maîtriser la fréquentation (près de 2 millions de personnes par an).

Pour le député Guy Teissier, la signature du décret de création, qui doit être annoncée dans les prochains jours par le Premier ministre, à la veille du premier tour de la présidentielle, sonne comme "une vraie consécration" après une bataille "aussi compliquée".

Les militants de la première heure, comme Denyse Ricard-Maubon, fondatrice du collectif "Un parc national pour les calanques", sont moins enthousiastes. "C'est un parc politique, on a tout permis à tout le monde. Il le fallait, mais il n'est pas bon", estime cette habitante dont la famille vit depuis sept générations à Sormiou.

anb/tm/ed

Rédigé par Par Anne BEADE le Lundi 16 Avril 2012 à 06:05 | Lu 601 fois