
Victoire Laurent, responsable de la division étude et climatologie de Météo France en Polynésie française, co-auteure des deux ouvrages, et Jean-Marc Carcy, responsable du service commerce, communication et numérique de Météo France en Polynésie française.
Tahiti, le 12 février 2025 - Alors qu’une période de perturbation s’annonce – à partir de dimanche le temps va se dégrader –, Victoire Laurent, responsable de la division études et de la climatologie chez Météo France en Polynésie française, revient sur ses ouvrages “Historique des cyclones de Polynésie française de 1831 à 2010” (2014) et “Atlas climatologique de la Polynésie française” (2020).
Quel était l’objectif de ces ouvrages et notamment de celui sur les cyclones ?
“L’idée était de porter à la connaissance du plus grand nombre les données que nous avions sur les cyclones, ces phénomènes, qui restent plutôt rares en Polynésie – le dernier était Oli dont l’œil est passé à Tubuai en 2010 –, mais qui marquent les habitants. Nous y définissons le cyclone, nous parlons d’aléa cyclonique, de gestion et revenons sur l’histoire et les cyclones mémorables. Nous avons poursuivi le travail de recensement dans l’Atlas où un chapitre est consacré aux cyclones ou plutôt aux dépressions modérées à fortes puisqu’il n’y a pas eu de cyclone depuis 2010. En plus, dans ce second ouvrage, il est question de météorologie, d’observation, de prévision ou encore de changement climatique.”
Comment avez-vous procédé ?
“Pour l’historique, il nous a d’abord fallu deux années pour rassembler et collecter les informations, mais également pour les trier et les vérifier. Par exemple, certains phénomènes portaient deux noms différents, Orama est aussi appelé Nicha. Orama a été le phénomène cyclonique le plus puissant et le plus destructeur en Polynésie avec des vents jusqu’à 280 km par heure, il est passé dans l’archipel des Tuamotu en 1983. Nous avons puisé dans nos archives, mais aussi celles du Pays, dans les carnets de bord de marins, sur des sites étrangers, dans les bulletins de la Société des études océaniennes… Nous n’avons gardé que les phénomènes qui apparaissaient au moins deux fois dans l’ensemble des sources. Ensuite, il y a eu un gros travail de recherche d’illustrations et de droits, cela a pris une année supplémentaire.”
Quel était l’objectif de ces ouvrages et notamment de celui sur les cyclones ?
“L’idée était de porter à la connaissance du plus grand nombre les données que nous avions sur les cyclones, ces phénomènes, qui restent plutôt rares en Polynésie – le dernier était Oli dont l’œil est passé à Tubuai en 2010 –, mais qui marquent les habitants. Nous y définissons le cyclone, nous parlons d’aléa cyclonique, de gestion et revenons sur l’histoire et les cyclones mémorables. Nous avons poursuivi le travail de recensement dans l’Atlas où un chapitre est consacré aux cyclones ou plutôt aux dépressions modérées à fortes puisqu’il n’y a pas eu de cyclone depuis 2010. En plus, dans ce second ouvrage, il est question de météorologie, d’observation, de prévision ou encore de changement climatique.”
Comment avez-vous procédé ?
“Pour l’historique, il nous a d’abord fallu deux années pour rassembler et collecter les informations, mais également pour les trier et les vérifier. Par exemple, certains phénomènes portaient deux noms différents, Orama est aussi appelé Nicha. Orama a été le phénomène cyclonique le plus puissant et le plus destructeur en Polynésie avec des vents jusqu’à 280 km par heure, il est passé dans l’archipel des Tuamotu en 1983. Nous avons puisé dans nos archives, mais aussi celles du Pays, dans les carnets de bord de marins, sur des sites étrangers, dans les bulletins de la Société des études océaniennes… Nous n’avons gardé que les phénomènes qui apparaissaient au moins deux fois dans l’ensemble des sources. Ensuite, il y a eu un gros travail de recherche d’illustrations et de droits, cela a pris une année supplémentaire.”
Vous abordez les phénomènes cycloniques d’un point de vue scientifique, mais aussi humain, c’est bien cela ?
“Il nous paraissait important d’expliquer les phénomènes pour que les lecteurs puissent avoir des clés de compréhension et des repères quand ils vont ensuite, par exemple, sur internet. Mais nous avions envie aussi d’apporter des éléments historiques, des témoignages de personnes qui avaient vécu des cyclones. C’est important d’en parler car les gens nés après 2010 n’ont pas cette mémoire, ils n’ont pas cette connaissance et n’ont pas de reflexe, ils n’ont pas été éduqués au risque. Or, il suffit d’un cyclone pour marquer un lieu.”
D’un point de vue historique, qu’est-ce qui ressort ?
“On peut dire qu’il y a un avant et un après 1960-1970, années au cours desquelles les images satellites sont apparues. Avant, il était difficile de prévoir et donc d’alerter, il y avait donc plus de dégâts humains. Aujourd’hui, on peut prévoir jusqu’à deux ou trois jours, on alerte les populations mais du fait de l’urbanisation, les dégâts matériels sont plus importants.”
Nous parlons beaucoup de réchauffement climatique. Qu’est-ce qui se profile en Polynésie ? Est-ce que des phénomènes extrêmes pourraient avoir lieu et à quel rythme ?
“Cela reste difficile à dire, toutefois, nous n’observons pas de signaux qui prédiraient une augmentation des cyclones. À l’inverse, il semble que la tendance soit plutôt à la baisse. Par contre, il pourrait y avoir plus de pluie. Pour autant, il faut rester vigilant.”
“Il nous paraissait important d’expliquer les phénomènes pour que les lecteurs puissent avoir des clés de compréhension et des repères quand ils vont ensuite, par exemple, sur internet. Mais nous avions envie aussi d’apporter des éléments historiques, des témoignages de personnes qui avaient vécu des cyclones. C’est important d’en parler car les gens nés après 2010 n’ont pas cette mémoire, ils n’ont pas cette connaissance et n’ont pas de reflexe, ils n’ont pas été éduqués au risque. Or, il suffit d’un cyclone pour marquer un lieu.”
D’un point de vue historique, qu’est-ce qui ressort ?
“On peut dire qu’il y a un avant et un après 1960-1970, années au cours desquelles les images satellites sont apparues. Avant, il était difficile de prévoir et donc d’alerter, il y avait donc plus de dégâts humains. Aujourd’hui, on peut prévoir jusqu’à deux ou trois jours, on alerte les populations mais du fait de l’urbanisation, les dégâts matériels sont plus importants.”
Nous parlons beaucoup de réchauffement climatique. Qu’est-ce qui se profile en Polynésie ? Est-ce que des phénomènes extrêmes pourraient avoir lieu et à quel rythme ?
“Cela reste difficile à dire, toutefois, nous n’observons pas de signaux qui prédiraient une augmentation des cyclones. À l’inverse, il semble que la tendance soit plutôt à la baisse. Par contre, il pourrait y avoir plus de pluie. Pour autant, il faut rester vigilant.”
Dégradation annoncée
Le temps va se dégrader à partir de ce week-end et pour la fin de ce mois de février. La Zone de convergence du Pacifique Sud (ZCPS) est en train de se matérialiser, elle est observée avec la plus grande attention par les prévisionnistes. La ZCPS est un phénomène météo propre à la zone s’étendant de la mer de Corail en Australie à l’ouest de la Polynésie française. Elle se présente sous forme de développements de taille et d’orientation différentes. Elle peut être plus ou moins active, voire totalement absente une partie de l’année. C’est elle qui apporte 70% des pluies dans l’archipel de la Société. Elle peut évoluer rapidement de jour en jour. De forts cumuls de pluie sont possibles, la formation d’une dépression est possible. La semaine prochaine est une semaine à risques, or le mois de février est le mois au cours duquel toutes les conditions sont réunies pour le développement de dépressions voire de cyclones.
Le temps va se dégrader à partir de ce week-end et pour la fin de ce mois de février. La Zone de convergence du Pacifique Sud (ZCPS) est en train de se matérialiser, elle est observée avec la plus grande attention par les prévisionnistes. La ZCPS est un phénomène météo propre à la zone s’étendant de la mer de Corail en Australie à l’ouest de la Polynésie française. Elle se présente sous forme de développements de taille et d’orientation différentes. Elle peut être plus ou moins active, voire totalement absente une partie de l’année. C’est elle qui apporte 70% des pluies dans l’archipel de la Société. Elle peut évoluer rapidement de jour en jour. De forts cumuls de pluie sont possibles, la formation d’une dépression est possible. La semaine prochaine est une semaine à risques, or le mois de février est le mois au cours duquel toutes les conditions sont réunies pour le développement de dépressions voire de cyclones.
Pratique
Les livres sont en vente directement à météo France, ou à Odyssey, l'Atlas existe en version numérique.
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