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Vanuatu : Les résultats officiels des législatives confirment l’atomisation du Parlement


PORT-VILA, lundi 1er février 2016 (Flash d’Océanie) – L’annonce lundi par la Commission Électorale des résultats officiels des élections générales tenues à Vanuatu le 22 janvier 2016 a confirmé l’atomisation de la nouvelle Chambre, au sein de laquelle les partis devront une nouvelle fois composer pour trouver des alliances et ainsi nommer un Premier ministre.

Les élections législatives anticipées, tenues vendredi 22 janvier 2016 à Vanuatu, ont produit une nouvelle fois un Parlement toujours aussi morcelé, où aucune force politique ne peut prétendre gouverner seule et où, une fois de plus, les négociations en coulisses ont d’ores et déjà débuté entre partis afin de tenter de former un semblant de majorité.
Ces élections avaient été provoquées par la dissolution du Parlement par le Président de Vanuatu, Baldwin Lonsdale, mardi 24 novembre 2015.

Selon les résultats officiels annoncés lundi et publiés au Journal Officiel de la République, le Parlement compte désormais pas moins de 17 partis politiques représentés (pour un nombre total de 52 sièges).
Parmi ces 17 formations, huit ne sont représentées que par un seul député.
C’est notamment le cas du PPP (People's Progress Party, parti mélanésien pour le progrès) du Premier ministre sortant Sato Kilman.
Les trois forces politiques représentées en plus grand nombre (six sièges chacun) sont l’Union des Partis Modérés (UPM), le Vanua'aku Pati (force historique et acteur de l’accession à l’indépendance des Nouvelles-Hébrides en Vanuatu, en juillet 1980), ainsi que le parti émergent, le Graon mo Jastis Pati (GJP, parti pour la terre et la justice) dirigé par Ralph Regenvanu.
Cet homme politique relativement jeune est pressenti pour éventuellement devenir le prochain Premier ministre de cet archipel mélanésien.
Un autre des nouveaux élu, qui fait son entrée au Parlement, symbolise aussi une sorte de passage de relais : il s’agit de Kenneth Natapei, fils de l’ancien Premier ministre Edward Natapei, récemment décédé.

Les autres partis se partagent le reste des sièges de l’assemblée législative.
Certains parviennent à obtenir trois députés chacun au sein du nouveau Parlement : ce sont le traditionnaliste Nagriamel et une autre formation appelée la réunification des mouvements pour le changement (Reunification of Movements for Change, RMC).
Deux autres partis, le Vanuatu National Development Party et la Confédérations des Verts de l’ancien Premier ministre francophone Moana Carcasses n’ont plus que deux sièges chacun.
M. Carcasses, ainsi qu’un groupe de treize autres députés au sein du précédent parlement, ont été reconnus fin 2015 coupables de corruption et étaient par conséquent inéligibles pour un nouveau mandat.
Cette sanction a aussi favorisé un relatif renouvellement de a classe politique.
Seuls survivent quelques dinosaures de l’ancien paysage, comme Sato Kilman, Charlot Salwai, Ham Lini et Joe Natuman.
Enfin, huit des nouveaux élus l’ont été en tant que non affiliés.
Au total, ce Parlement issu des récentes élections connaît un taux de renouvellement de l’ordre d’un tiers, les deux autres tiers étant représentés par des hommes réélus (aucune femme n’a réussi à se faire élire).

Dans cet archipel au régime parlementaire fort, hérité du « Westminster system » britannique, le Premier ministre désigné aura ensuite pour tache de former un gouvernement.
Dans ce contexte de morcellement des groupes, les négociations entre blocs et plus petites formations devraient, tout comme par le passé, déboucher sur des accords de circonstances et des majorités plus fragiles que jamais, vulnérables aux changements d’alliances à venir.
Les non-inscrits et les partis à un siège, aux humeurs souvent changeantes, devraient, tout comme lors de situations similaires passées, jouer un rôle déterminant de « faiseurs de rois » en faisant pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Selon les premières annonces faites sur place par les acteurs majeurs de l’échiquier politique local, une coalition semble se dessiner entre le VP et le GJP, sous le sigle de United Front for Change (Front Uni pour le Changement), avec l’appui de plusieurs députés minoritaires, avec ou sans étiquette.

Ce nouvel épisode dans l’histoire politique chargée de Vanuatu a une nouvelle fois relancé le débat sur la nécessité de toiletter a Constitution actuelle, mise en place lors de l’accession des Nouvelles-Hébrides (condominium franco-britannique jusqu’en juillet 1980).
Dans un système de régime parlementaire britannique (dit de « Westminster »), les très faibles majorités ont entraîné au cours des 25 dernières années une instabilité chronique, à la faveur de revirements d’alliances et de votes-surprise de motions de censure, renversant gouvernement après gouvernement.

pad

le Lundi 1 Février 2016 à 05:02 | Lu 475 fois