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Une start-up de Toulouse introduit des nanoparticules dans les cartes d'identité


TOULOUSE, 6 juin 2014 (AFP) - Les cartes d'identité ou les produits de luxe protégés des contrefaçons par des nanoparticules microscopiques aussi discrètes qu'inimitables, c'est pour bientôt: une start-up toulousaine mise sur une première industrialisation dès 2015.

Nanolike, fondée en 2012 par deux jeunes ingénieurs de l'INSA (Institut national des sciences appliquées), concentre ses efforts sur des "nanotags" à insérer dans des cartes d'identité sécurisées.

"Notre objectif est de signer d'ici la fin de l'année un partenariat exclusif avec un industriel du secteur", indique Jean-Jacques Bois, le PDG de cette start-up qui compte aujourd'hui sept salariés.

"Un tel partenariat est indispensable car notre coeur de métier c'est le marquage par nanotag, pas la fabrication de cartes en plastique'', indiquent M. Bois et son associé, Samuel Behar.

"Nous avons des contacts avancés avec deux PME spécialisées, une en France, l'autre en Europe", explique M. Bois.

"Un premier lot de cartes pourrait être fabriqué en 2015 avec le partenaire pilote pour un de ses États-clients, probablement en Afrique, avant de passer à la production en série de millions de cartes par an", ajoute le PDG.

- Invisible à l'oeil nu -

Le nanotag, invisible à l'oeil nu, pourra remplacer les signes de sécurisation accumulés actuellement sur les cartes d'identité ou bancaires, comme les filigranes ou hologrammes, mais il faudra aussi qu'il soit facile à contrôler.

"On fera en sorte de le rendre visible par un simple smartphone raccordé à un microscope qui décèlera d'emblée une anomalie, car la facilité d'accès est indispensable pour les contrôles dans les pays sans grande infrastructure", explique M. Bois.

"Nous placerons les nanotags à un endroit stratégique, là où les faussaires ont l'habitude d'attaquer pour modifier une carte", explique Samuel Behar. "S'ils veulent falsifier une carte existante, ils détruiront les nanotags et se démasqueront. S'ils veulent en insérer sur une carte vierge, ce sera impossible" car explique-t-il, à chaque lot de carte correspondra un nanocode spécifique.

"Les nanoparticules utilisées sont à base de Terres rares (des métaux aux propriétés électroniques et luminescentes particulières, ndlr) comme le scandium ou l'yttrium. Nous pouvons y introduire de petites modifications donnant des propriétés spécifiques", explique le PDG.

"A cette échelle là, les lois de la physique, notamment électriques, sont complètement différentes: avec les nano-objets, 10.000 fois plus fin qu'un cheveu, et la mécanique quantique, on peut faire des choses totalement nouvelles par rapport à la mécanique de notre bon vieux Newton", assure M. Bois.

Nanolike s'appuie sur les travaux du Laboratoire de physique et chimie des nano-objets (LPCNO) commun à l'INSA, au CNRS et à l'Université Paul Sabatier (UPS) de Toulouse, qui a déposé en mars 2013 un brevet relatif à la fabrication de ces nanotags et à leur insertion dans différents supports, plastique, verre ou métal.

- Transfert de technologie -

Les deux ingénieurs, qui ont fait leurs premières armes au LPCNO, expliquent qu'ils ont proposé au laboratoire de développer des applications industrielles de cette invention.

Pour ce faire, ils se sont adjoint les services de Toulouse Tech Transfer (TTT), une des sociétés d'accélération de transfert des technologies créées par l'État en 2011-2012 pour favoriser les applications industrielles du travail des labos.

TTT a dépensé environ 200.000 euros pour aider Nanolike en finançant la mise à jour des brevets, en lui fournissant "un ingénieur de valorisation" et en payant des fournitures nécessaires au développement, explique Vincent Menny, responsable technique de TTT.

"Nous sommes là pour que les entreprises ne consomment pas leurs fonds propres avant d'industrialiser une invention. Nous prenons le risque technologique à notre charge en misant sur les royalties (redevances) qui nous seront payées après mise sur le marché" explique-t-il.

Nanolike, qui commercialise déjà des nanocapteurs de température et de déformation, compte atteindre 100.000 euros de chiffre d'affaires en 2014. Elle table aussi sur un apport en capital de 500.000 euros au début 2015 de nouveaux actionnaires spécialisés dans le soutien aux jeunes entreprises innovantes.

Rédigé par () le Vendredi 6 Juin 2014 à 06:11 | Lu 688 fois