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Un père de famille condamné pour des relations avec sa voisine âgée de 14 ans


PAPEETE, le 25 septembre 2018 - Le quinquagénaire, père de deux enfants, comparaissait devant le tribunal correctionnel pour avoir entretenu des rapports sexuels avec une mineure de 14 ans durant plusieurs mois. A la barre, l’homme a justifié ces actes en indiquant qu’il avait été « amoureux » de l’adolescente. Il a été condamné à trois ans de prison ferme sans mandat de dépôt pour des atteintes sexuelles commises sur une mineure de moins de 15 ans.

A l’âge de 14 ans, peut-on consentir à une relation sexuelle avec un homme âgé de plus de 40 ans ? Telle est la question sur laquelle s’est attardé le tribunal ce mardi. Les faits reprochés au prévenu, qualifiés d’ « atteinte sexuelle sur mineur de 15 ans « et violences sur mineur de 15 ans », avaient été révélés suite au signalement de la responsable d’un centre pour adolescents.

A l’époque des faits, les enquêteurs entendent une adolescente de 14 ans qui déclare qu’elle a bien été frappée par son voisin. Rapidement, la mineure confesse entretenir des rapports sexuels avec cet homme, un père de famille qui est également un ami de ses parents. Elle dit « aimer » le prévenu tout en voulant que les choses « s’arrêtent. » L’expert psychologue qui rencontre alors la jeune victime relève qu’elle est incapable de donner l’âge de son voisin, ce qui laisse supposer « un dérèglement évident de ses perceptions » et une « confusion extrême. »


L’entourage est entendu à son tour. La mère de la victime déclare qu’elle ne savait pas. La femme du prévenu invoque leur mariage qui dure depuis trois décennies : « les bras m’en tombent », dit-elle aux enquêteurs.


« Rapports consentis »

Le mis en cause nie les faits à de nombreuses reprises. Puis, après avoir rencontré un avocat, il se décide à parler de celle dont il se dit « amoureux » et avec laquelle il affirme avoir eu des rapports « consentis » teintés de vraies « scènes d’amour. » Il explique que les relations avaient plutôt lieu le mercredi car « il n’y avait pas école. »

Face au prévenu ce mardi, le président du tribunal oscille entre la consternation et l’incompréhension : « Vous ressentez une attirance sexuelle pour une enfant, Monsieur.. » « Avant d’avoir des rapports, on a discuté, on a flirté » avance le prévenu en guise de réponse. « Vous n’avez pris aucune précaution pour que cette jeune fille ne tombe pas enceinte et n’attrape pas de maladies ! » s’indigne le magistrat en poursuivant : « de plus, vous lui offriez des cadeaux, un téléphone, des vêtements, pourquoi ? » « Pour qu’elle soit bien à l’école » déclare le mis en cause.

Pour le conseil de la jeune fille, le prévenu lui a apporté une « aide économique précieuse » et l’a donc manipulée. L’avocate met en garde : la ligne de défense selon laquelle on revêt cette relation du « lustre de la passion amoureuse » est irrecevable. « Nous sommes loin de la Lolita de Nabokov » assène-t-elle lors de sa plaidoirie.

Même tonalité chez le procureur de la République qui requiert cinq ans de prison dont deux avec sursis : « nous sommes face à l’archétype de la difficulté à définir les notions de contrainte et de morale (…). Le prévenu avait conscience de l’interdit puisqu’il a d’abord contesté les faits. Il voyait la victime non pas comme sa partenaire mais comme un objet sexuel. »
Aux yeux de l’avocat de la défense, le prévenu s’est placé dans un « contexte d’amour maladroit qui n’aurait pas dû être » et a manqué de « bon sens » sans avoir pour autant voulu « transgresser la loi pénale. »

Après en avoir délibéré, le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 25 Septembre 2018 à 17:05 | Lu 8890 fois