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Un groupe d’experts recommande le retour de la « Pacific Solution » australienne


Un groupe d’experts recommande le retour de la « Pacific Solution » australienne
CANBERRA, lundi 13 août 2012 (Flash d’Océanie) – Un groupe d’experts nommés par le gouvernement australien a recommandé lundi la remise en place de centres de rétention extraterritoriaux dans le Pacifique, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Nauru, dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine à destination de l’île-continent.
Ce groupe d’experts, nommé le 28 juin 2012 par la Première ministre australienne Julia Gillard, est constitué d’un ancien chef des armées australiennes, le Général Angus Houston, de l’universitaire Michael L’Estrange et de Paris Aristotle.
Cet ensemble de 22 recommandations à l’exécutif australien a été présentée par ses auteurs comme « ferme mais non dénuée d’empathie », « réaliste, mais pas idéaliste », « humaine et juste ».
Ces réflexions ont été entre autre suscitées par le nombre croissant d’accidents, parfois mortels, survenus au large des côtes occidentales de l’Australie.
« Entre fin 2001 et juin 2012, 964 demandeurs d’asile ou hommes d’équipages ont perdu la vie en mer sur des bateaux emmenant des demandeurs d’asile vers l’Australie. Parmi ceux-là, 604 demandeurs d’asile ont perdu la vie depuis octobre 2009 », a précisé le groupe dans un communiqué présentant ses conclusions.
« Ne rien faire serait inacceptable, nous avons donc proposé une nouvelle approche, intégrée et équitable. Nous pensons que nos recommandations sont conformes aux normes de raison, d’équité, et d’humanité », a déclaré lundi M. Aristotle.



Un groupe d’experts recommande le retour de la « Pacific Solution » australienne
Depuis l'arrivée au pouvoir en Australie, en novembre 2007, d'un gouvernement travailliste d’abord dirigé (jusqu’en juin 2010) par Kevin Rudd, la « Pacific Solution » prônée par le précédent gouvernement conservateur australien de M. John Howard a aussi retiré à Nauru ses dernières ressources extérieures.
Cette « Pacific Solution » avait consisté en la mise en place à Nauru et en Papouasie-Nouvelle-Guinée (sur la petite île de Manus) (moyennant une contrepartie versée par l'Australie à Nauru), entre fin 2001 et début 2008, de centres de rétention extraterritoriaux qui ont accueilli durant cette période plusieurs milliers d'Irakiens et d'Afghans interceptés par les services australiens alors qu'ils tentaient de s'introduire illégalement en Australie.

Selon ce rapport, cette solution intégrée devrait remettre à l’ordre du jour les camps de Nauru et de Manus.
Elle pourrait aussi s’appuyer sur une coopération renforcée avec la Malaisie, en vue d’un échange de clandestins, à condition que les autorités de Kuala Lumpur fournissent suffisamment de garanties concernant le traitement des personnes dans leurs installations.
Avec l’Indonésie, les experts recommandant une intensification des actions de surveillance (y compris militaire) maritime et policière aux frontières, notamment en vue de dissuader le trafic d’être humains qui transite largement par des passeurs indonésiens.
Cette nouvelle politique australienne, censée aussi respecter les obligations internationales de ce pays en matière de conventions relatives aux droits humains, impliquerait aussi une augmentation du volume (des actuels 13.000 par an à 20.000 et 27.000 d’ici à 2017) des personnes acceptées sur le territoire pour des motifs humanitaires.

Mi-juin 2012, les services australiens de l’immigration annonçaient que la barre des six mille immigrants interceptés en direction de l’Australie (et quatre mille en détention, dans un quart dans le centre insulaire surpeuplé de l’île Christmas, près des côtes indonésiennes, dans l’Océan Indien) avait d’ores et déjà été franchie.

Début décembre 2011, trois États océaniens (États Fédérés de Micronésie, Vanuatu et Nauru) ont rejoint l’OIM (Office international pour les migrations) à l’occasion de la conférence de cette organisation onusienne.
Ces trois adhésions océaniennes faisaient partie d’un lot de quatorze nouvelles candidatures (Antigua-et-Barbuda, Tchad, Comores, Djibouti, Éthiopie, Guyane, Vatican, Maldives, Micronésie, Mozambique, Nauru, Sud-Soudan, Seychelles et Vanuatu) en attente d’approbation de la part de l’OIM.
Leur admission, actée durant le premier jour de la réunion, fait passer le nombre de pays membres de l'OIM de 132 à 146.

Nauru : le plus directement concerné

Un groupe d’experts recommande le retour de la « Pacific Solution » australienne
En matière d’immigration, le pays océanien le plus directement concerné, ces dernières années, a été Nauru.
Ce petit État insulaire a en effet été un instrument-clé de la « Pacific Solution » mise en place, entre 2001 et 2008, par un précédent gouvernement australien conservateur qui, en réponse à un afflux de migrants en provenance principalement d’Afghanistan, d’Irak et du Sri Lanka, a mis en place un système de rétention obligatoire des clandestins interceptés en route pour l’Australie.
Dans le cadre de cette « Pacific Solution », Nauru était, avec le camp de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée), l’une des clés de voûte de ce système extraterritorial.
Ces deux camps ont été fermés courant 2008, après l’alternance qui a suivi les législatives de novembre 2007 et l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement travailliste.
Mais la question du traitement des clandestins interceptés est restée sur le devant de la scène politique australienne.
Le gouvernement de Canberra, confronté à une saturation de ses propres camps de rétention pour clandestins, a multiplié ces derniers mois les tentatives en vue d’externaliser à nouveau la rétention de ces clandestins demandeurs d’asile.
Un projet de camp évoqué en juillet 2010 avec le Timor oriental n’a jamais abouti.
En août 2011, à la faveur de l’arrivée au pouvoir d’un nouveau Premier ministre papou, Canberra signait un accord en vue de ressusciter le camp de Manus.
Depuis le début de ces nouvelles approches régionales, Nauru, qui tirait du temps de la Pacific Solution des revenus substantiels (sous forme d’aides et de subventions directes en vertu de l’accord avec l’Australie, multiplie les appels du pied afin de pouvoir reprendre ce type d’hébergement, pour le compte de Canberra.


Manus et Nauru : une « Pacific Solution 2.0 » ?

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Le camp de l’île de Manus, entre 2011 et 2004, avait hébergé jusqu’à un millier de pensionnaires, interceptés alors qu’ils tentaient de gagner l’Australie dans des embarcations de fortune, via l’Indonésie.
Il avait été rapidement fermé après le départ, mi-2004, de son dernier pensionnaire, de nationalité afghane, Aladdin Sisalem.
Peu après, le gouvernement australien, alors encore conservateur, ne cachait pas son intention de tenter d’obtenir de la Papouasie-Nouvelle-Guinée une prorogation pour deux années supplémentaires.
Mais le Premier ministre papou d’alors, Sir Michael Somare, se positionnait ouvertement en faveur du maintien de la fermeture de ce de Manus et de l’expiration du contrat conclu avec l’Australie, qui régissait jusque là son existence et son fonctionnement.
La Première ministre australienne Julia Gillard, à partir de juillet 2010 et dans le cadre d’une campagne pré-législatives d’août 2010, avait aussi annoncé comme acquis un accord avec le petit État insulaire du Timor oriental, dont les autorités avaient ensuite clairement fait savoir qu’elles n’étaient pas au courant d’un tel arrangement.
Selon Canberra, le camp de Manus, ajouté à un accord avec la Malaisie désormais rendu caduc par une décision de justice, devait jeter les bases d’une solution « régionale » en réponse à une immigration clandestine toujours soutenue, surtout par voie maritime en provenance d’Afghanistan, d’Irak et du Sri Lanka et à destination des côtes Nord-ouest de l’Australie, toutes proches de l’Indonésie.

pad


Document-ressource disponible en anglais à l’adresse suivante :
http://expertpanelonasylumseekers.dpmc.gov.au

Rédigé par PAD le Dimanche 12 Août 2012 à 21:24 | Lu 858 fois