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Tripots clandestins : Une famille entière à la barre du tribunal


PAPEETE, le 7 mars 2017 - Huit prévenus dont trois femmes étaient jugés ce mardi pour avoir, entre 2007 et 2012, tenu plusieurs maisons de jeux et de hasard entre Papeete et Punaauia et au sein desquelles le public était librement admis. De la prison avec sursis et de lourdes peines d'amende ont été requises.


C'est une affaire de famille, une affaire de jeux et d'argent qui a débuté en décembre 2010 à la faveur d'une perquisition effectuée dans une maison de Papeete et s'est achevée en août 2012 par une seconde perquisition, menée cette fois-ci dans une fare du PK 11 à Punaauia. A ces deux occasions, les services de police avaient mis à jour un réseau bien organisé dans lequel chacun, de croupier à banquier, jouait un rôle bien défini. Il y a tout d'abord Mme A. Cette retraitée de l’Education nationale dont les revenus légaux mensuels s’élevaient pourtant à plus de 720 000 Francs et qui semble aujourd’hui être la principale organisatrice de ces cercles de jeux qui ont, sur toutes ces années, brassé des millions de francs.

Si Mme A. s'est défendue aujourd'hui à la barre en invoquant "une sévère addiction aux jeux", il apparaît surtout qu'elle s'est considérablement enrichie via ces tripots clandestins. La première perquisition avait permis de découvrir qu'elle était détentrice de sept comptes bancaires pour un solde total avoisinant les 19 millions de francs. Avec des traces de nombreux dépôts importants d'espèces. Son ex-concubin, Charles T., est lui aussi considéré comme l'un des principaux animateurs de ces cercles de jeux clandestins. Les deux fils de Mme A., tous deux déjà connus des services de police et de justice, et sa belle-fille, soupçonnée d'être la banquière de cette organisation, complètent la photo de famille.

Pas que des rencontres entre passionnés de poker

Les trois autres prévenus du dossier, dont deux étaient d'anciens employés de casino, comparaissaient pour avoir, en échange de modiques rétributions quotidiennes comprises entre 3000 et 8000 francs, exercé les fonctions de croupier, serveur ou vigile.

Précisant qu'il ne croyait pas vraiment à la "version édulcorée" selon laquelle toute cette affaire relevait seulement de rencontres amicales entre passionnés de poker, le procureur a requis 3 ans de prison avec sursis contre Mme A. et son ex-compagnon Charles T., ainsi que des amendes de 15 et 10 millions de francs. Une peine de 6 mois de prison avec sursis a été demandée à l'encontre de Kevin B., l'un des fils de Mme A. S'agissant des autres protagonistes, le ministère public a requis des peines d'amende dont la plus lourde se monte à 2 millions de francs. La décision sera rendue le 7 mai.

Rédigé par GARANCE COLBERT le Mardi 7 Mars 2017 à 17:36 | Lu 5666 fois