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Surf Teen – Vers une fin de saison captivante


Kiara Goold signe le doublé avec des victoires chez les minimes et les juniors du côté du tableau féminin.
Kiara Goold signe le doublé avec des victoires chez les minimes et les juniors du côté du tableau féminin.
Tahiti, le 9 septembre 2024 - Le week-end dernier, à l'embouchure de Papara, s'est déroulée la 3e étape du championnat juvénile de Surf. Organisé par le Tahiti Nui Surf Club, la compétition a tenu toutes ses promesses, offrant du très beau spectacle avec des favoris au rendez-vous et des “outsiders” bien décidés à chambouler une hiérarchie pourtant bien établie.
 
Le feuilleton continue et nous tient en haleine. Le championnat juvénile ne cesse d'attiser les passions tant le niveau est élevé et les scénarios renversants. Et le week-end dernier, à Taharuu, la 3e étape de la Coca Cola Teen Surf Session n'y a pas fait exception. Qu'importe la catégorie, le spectacle était au rendez-vous ! Un soulagement pour l'organisation qui a dû composer avec des conditions de vagues poussives de moins d'un mètre. Un challenge pour les athlètes des catégories cadets et juniors, limités dans leur choix de vagues et de manœuvres en raison de leur gabarit plus développé, mais un bel exercice pour ceux qui espèrent faire carrière plus tard. Après tout, au surf on s'adapte. Point. Et à ce jeu, Maunakea Hioe, Kiara Goold, Liam Sham Koua, Terevanui Thornton et Kavei Pierson ont pris le pas sur leurs camarades, remportant chacun leur catégorie respective. Mais si ces jeunes 'aito en devenir ont déjà pour habitude de briguer les premières places, à y regarder de plus près de nouveaux rapports de force s'opèrent au sein du championnat.
 
Des “outsiders” au front
 
S'ils ne sont pas parvenus à atteindre le carré final, ils ne comptent plus se laisser faire pour autant. Pour ce petit contingent de surfeurs et de surfeuses, l'heure est à la révolte : Chez les ondines, la jeune Rirava Clark fait preuve d'une ténacité rare et s'évertue à revenir au contact des favorites, proposant une approche radicale qui fera très certainement écho chez les juges une fois sur le “rail”, la planche engagée dans la vague. Chez les poussins, l'enthousiasme contagieux de Sacha Gabrillargues-Guerlain lui permet désormais d'aborder ses séries avec confiance et de lâcher son surf backside, dos à la vague. Le jeune surfeur prend du plaisir lors de ses séries et son surf s'en ressent. Du côté des minimes et des cadets, Rafael Maimone Zebrowski  peut également prétendre au haut de classement. Fort de quelques fulgurances lors de ses séries, ce dernier devra travailler sa constance s'il veut jouer les premiers rôles. Concernant les armes, il les a.
 
Le surf de haut niveau, un casse-tête pour les juges
 
Ils l'ont martelé au micro tout au long de la compétition : “Les surfeurs sont notés selon la difficulté et la technicité des manœuvres, la variété de ces dernières, la vitesse d'exécution et le flow.” Une volonté affirmée de vouloir se mettre au diapason quant aux critères de jugement à l'international, du moins, en théorie. L'appréciation du surf étant subjective et les juges ayant chacun une expérience différente de la discipline, difficile de se mettre d'accord. Et l'exercice est d'autant plus difficile lorsque les surfeurs d'une même série proposent des approches complètement différentes. Du coup, y a-t-il des critères qui priment sur les autres ? La puissance prend-t-elle, par exemple, le dessus sur la technicité d'une manœuvre ? Si ces problématiques ne sont pas propres au contexte local, puisqu'à l'étranger le dilemme est également omniprésent en compétition, elles suscitent réflexion. En cause, une dualité entre le surf “new school” et le “old school”. Dualité qui n'a, hélas, pas encore trouvé de consensus bien tranché et dont certains surfeurs, ou surfeuses, se trouvent finalement être des victimes collatérales.
 
Et le week-end dernier, nombreuses ont été les situations qui ont mis les juges face à leurs contradictions. À l'exemple d'un air reverse inespéré de Liam Sham Koua, à la recherche d'un 7 points à quelques secondes de la fin d'une de ses séries. Une figure gratifiée d'une timide note de 5 points. La manœuvre pourtant rare chez les minimes et souvent notée dans les 9 points durant la saison lorsqu'elle est exécutée par Kiara Goold, spécialiste dans le domaine. Autre cas de figure, celui de Kelia Gallina et Kavei Pierson. Les deux surfeurs, disposant de gabarits plus petits, excellent dans la variété des manœuvres, leur technicité et le flow, mais doivent très souvent s'incliner face au surf plus en puissance de leurs camarades. Difficile d'y voir clair pour les jeunes surfeurs et leurs parents, tous très investis, et à raison, en vue d'une potentielle place en équipe de Tahiti pour les prochains championnats du monde ISA junior.
 
Un cap de franchi pour Goold, Sham Koua et Thornton
 
Si les critères de notations sont sujets à interprétation, la meilleure façon de remporter sa série reste de se rendre indiscutable. Cochant toutes les cases du barème, Maunakea Hioe, Kiara Goold, Liam Sham Koua et Terevanui Thornton l'ont bien compris. Néanmoins, si ces derniers ont su faire la différence grâce à leur technique irréprochable, ils ont surtout franchi un cap dans la gestion de leurs séries. Encore trop souvent négligée par les athlètes locaux, la gestion des priorités, du marquage et du positionnement, est pourtant primordiale si l'on veut atteindre les sommets de ce sport : Oui, le surf ne fait pas tout. Et c'est là la force de ces derniers. Sûrs de leurs forces, ils n'attendent pas la bonne vague pour obtenir tel ou tel score. Ils le créent. Souvent à partir de rien, sans nécessairement avoir la priorité. Une science de la compétition qui fait plaisir à voir et qui laisse présager de belles choses pour cette fin de saison où tout reste à faire.
 

Auteur d'un surf magistral, Maunakea Hioe s'impose dans la catégorie reine junior garçon.
Auteur d'un surf magistral, Maunakea Hioe s'impose dans la catégorie reine junior garçon.

Rédigé par Wendy Cowan le Lundi 9 Septembre 2024 à 14:22 | Lu 989 fois