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Surf Pro – Focus Tereva David : « Il faut être pro dans sa tête »

Tereva David est un des surfeurs emblématiques de Polynésie française. Educateur sportif, membre du conseil de la fédération tahitienne de surf, surfeur de gros, Tereva est bien plus que le neveu de Vetea David. Le week end dernier, il remportait la 2e étape du championnat « Tahiti Open Tour » en shortboard et en longboard, un résultat de bon augure pour ses prochaines compétitions à Hawai’i.


Tereva David a gagné la compétition longboard ce week end à Taharu'u © Keanu Moux
Tereva David a gagné la compétition longboard ce week end à Taharu'u © Keanu Moux
Tereva David n’a pas grandi avec une cuillère en argent dans la bouche. Il vit encore aujourd’hui à Outumaoro dans le quartier familial. La fratrie David, composée de Vetea, son père Heifara et Moana (sans oublier Mareva) a su transmettre cette passion sans limite pour l’océan et le surf. Leurs enfants ont grandi avec ça et ils forment une véritable armée de compétiteurs : Tereva, Nainoaiki, Ariimoana, Heimoananui, Haunui, Dorrence...Keanu, très bon surfeur lui aussi, s’occupe actuellement des photos.
 
Tereva David est grand et costaud (1m86 pour 86 kg), il n’a pas le même gabarit que des surfeurs comme Michel Bourez, Ariihoe Tefaafana, Mateia Hiquily et autres champions. Il a eu parfois du mal à rivaliser avec ces derniers à Taharu’u lorsque les conditions étaient petites. Surfeur de gros comme son oncle, il a été souvent malchanceux lors des Trials à Teahupo’o mais il s’est déjà fait remarquer à Sunset Beach à Hawai’i en se hissant jusqu’en quart de finale du HIC Pro en 2015.
 
Le week end dernier, lors du championnat « Tahiti Open Tour » proposé par la fédération tahitienne de surf, il s’offre enfin un beau coup d’éclat en s’imposant dans la catégorie open surf et dans la catégorie longboard. Les nombreuses pointures étaient pourtant bien là. Tereva est avant tout un waterman, le shortboard n’est qu’une facette de sa relation passionnée avec l’océan, il a pu ainsi s’imposer également en longboard.
 
Habile au niveau de la communication, souvent porte parole du surf tahitien, il sait aussi défendre le surf local face à certains comportements non respectueux de la part de surfeurs étrangers. Mais quand le respect est au rendez-vous, la porte de sa maison est ouverte et il sait être un parfait ambassadeur, notamment pour les surfeurs Hawaiiens ou autre de passage.
 
Bon vivant comme de nombreux polynésiens, il a remarqué cette année que lorsqu’il faisait attention à son hygiène de vie, les résultats en compétition ne se faisaient pas attendre. Il a compris que le talent seul ne suffisait pas. Il vient de partir pour cinq semaines à Hawai’i pour à défendre les couleurs de Tahiti lors de deux compétitions professionnelles, le HIC Pro en shortboard et le Turtle Bay Pro en longboard. SB
 

Tereva David s'est offert un doublé
Tereva David s'est offert un doublé
Parole à Tereva David
 
Le bilan de ta dernière compétition ?
 
« Je n’avais jamais remporté de compétition à Papara. Pour moi, c’était important pour prouver que je pouvais gagner sur des vagues de beach break, pas seulement sur des vagues puissantes. Je suis vraiment content de mon résultat. J’ai surfé contre de très bons surfeurs dès les premiers tours. »
 
« Toutes mes séries ont été très difficiles. Il y avait une quinzaine de très bons surfeurs locaux comme le champion d’Europe junior Kauli Vaast, Taumata Puhetini, Enrique Ariitu, des locaux du spot Ariihoe Tefaafana, Steven Pierson, Teiva Mare ou Jocelyn Poulou. Il y avait du bon niveau et on a vu du beau surf tout au long de la compétition. »
 
Qu’est ce qui a fait la différence ?
 
« J’avais vraiment envie de gagner. Je cherchais vraiment à avoir la chance, à faire de bons choix de placement au niveau du pic. J’ai essayé de lire l’océan au mieux, d’observer les petits indicateurs pour choisir les meilleures vagues de la série. J’ai eu de très bonnes vagues, de très bonnes notes tout au long de mes séries, surtout en quart et en demi finale où j’ai beaucoup stressé mais où j’ai essayé de canaliser mon stress pour avoir les vagues qu’il fallait. »
 
C’était important également de gagner en longboard ?
 
« Dans la famille, on touche un peu à tout, que cela soit le bodyboard, le shortboard, le longboard, le stand up paddle ou autre. Notre bonheur, c’est l’océan, c’est la mer, la mère nature qui nous donne de superbes vagues et qu’on partage en famille, peu importe le support…s’amuser, prendre du plaisir à l’eau, c’est notre bonheur. C’est important pour moi de faire du longboard, du SUP ou du fahee tino (ndlr bodysurf). »

Tereva David lors des Trials 2017 à Teahupo'o
Tereva David lors des Trials 2017 à Teahupo'o
Tu pars pour Hawai’i gonflé à bloc ?
 
« Cela fait deux mois que je m’entraine à fond, sérieusement, que je mange sainement. Je me prépare mentalement et physiquement. Je me suis rendu compte que j’avais de meilleures performances quand j’avais une meilleure hygiène de vie, cela me motive à continuer et à transmettre cela à tous les jeunes que je coache. »
 
C’est un peu le point faible du sportif polynésien ?
 
« Après une bonne session surf, tu n’as qu’une envie, c’est de te détendre encore plus, de boire une bière pendant le week end, mais si tu veux vivre de ça, tu dois rentrer dans une autre dimension, il faut être pro dans sa tête, pas juste dans l’eau, et surtout au bord de l’eau. S’entrainer, écouter le coach, la nutrition, travailler sur le matériel, les planches que tu utilises c’est très important aussi, comme le fait de t’entourer de ta famille pour te donner un bonne énergie. »
 
Ton nouveau voyage à Hawai’i ?
 
« Je pars pour cinq semaines pour participer à deux compétitions professionnelles à Sunset Beach, une en longboard et une en shortboard. Avoir gagné à Papara, cela me donne du punch, de la motivation. En longboard, il s’agira d’une compétition des world qualifying series. Là, je suis bien classé pour le moment, c’est pour cela que mes sponsors voulaient que j’y participe. »
 
« En longboard, je suis 3e au classement général de la zone Hawai’i-Tahiti, sachant que les deux premiers du classement final auront deux wildcard pour le championnat du monde professionnel de longboard, ce qui sera une opportunité de me confronter au meilleurs mondiaux. Ce sera un honneur que de montrer que Tahiti est là aussi en longboard. »
 
Tu as également un diplôme d’éducateur sportif ?
 
« A l’époque où j’ai passé mon diplôme d’éducateur de surf, emmener des enfants avec moi, pouvoir les coacher, c’était un plaisir d’abord. Ensuite, j’ai pu voir que je pouvais devenir coach pour ces jeunes qui en avaient besoin. Du coup, je surfe tous les jours, quand c’est petit je surfe avec les petits pour les coacher, pour leur donner une bonne mentalité, un bon exemple, de bons conseils et les bons entrainements le plus tôt possible. »
 
Malgré cela, tes objectifs de compétiteurs sont bien là ?
 
« Je reste un free surfeur, je reste un compétiteur, pour moi c’est important de prouver que je suis un surfeur complet, que cela soit dans le free surf ou dans la compétition. Le surf c’est ma vie, je veux prouver que je peux gagner aussi des compétitions. »
 
Dernier mot, remerciement ?
 
« Je remercie tous mes sponsors, ma famille, mes supporters et la fédération tahitienne de surf. »

Rédigé par SB le Jeudi 12 Octobre 2017 à 12:47 | Lu 3494 fois