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Statut marin pêcheur : “Le dialogue n’est pas terminé”


Tahiti, le 2 octobre 2024 – Alors que le projet de réforme inquiète armateurs et patron de pêche, Taivini Teai se veut rassurant, en indiquant que “le dialogue n’est pas terminé” au sujet du statut de marin pêcheur. Le projet sera présenté au Cesec “à partir du moment où on aura un consensus”.
 
Mardi les pêcheurs hauturiers, côtiers ainsi que les armateurs ont dénoncé, lors d’une conférence de presse, le fait que le gouvernement Brotherson leur impose la réforme du statut de marin pêcheurs , et notamment de passer sous le régime de droit commun du travail, alors qu’ils bénéficient depuis 2012 d’un régime dérogatoire .
 
Une réforme qui selon le président de l’association des armateurs de pêche hauturière de Polynésie française et directeur général de Vini Vini, Yann Ching, va “menacer une bonne partie des emplois actuels”. De son côté, le président du syndicat des pêcheurs Rava’ai Mau, Ralph Van Cam, assure également être “opposé à ce statut”.

“Les discussions sont toujours ouvertes”

Contacté le ministre de la Pêche, Taivini Teai, se veut rassurant et indique que “le dialogue n’est pas terminé” et que des rencontres doivent encore avoir lieu cette semaine. Il affirme que le gouvernement a encore “des propositions” à faire aux pêcheurs sur “l’étalement de la mise en place des dispositifs d’aide à l’emploi et également de la prise en charge par le Pays des cotisations au niveau de la Caisse de prévoyance sociale sur des droits spécifiques au niveau de l’assurance maladie et de la retraite”.
 
L’objectif premier du gouvernement est, selon le ministre “de sécuriser ces emplois de marins pêcheurs et de capitaine pour leur offrir une protection sociale lorsqu’ils sont en accident du travail pour qu’ils puissent toucher un salaire, et également qu’ils puissent prétendre à une retraite, qui ne soit pas celle du moni rū’au”.
 
Ensuite, le Pays veut rendre “attractif” ces métiers de la mer auprès des jeunes, et les rendre éligibles à un emprunt. “Notre jeunesse souhaite comme tout un chacun avoir une maison. Et on est obligé de contracter un emprunt auprès des banques qui refuseront si on n’a pas de justificatifs de revenus”, justifie Taivini Teai. Selon lui, l’enjeu du statut de marin pêcheur est de sécuriser la filière”
 
“Maintenant les discussions sont toujours ouvertes”, insiste le ministre. Il a d’ailleurs “un nouveau scénario de prise en charge des cotisations” à présenter aux armateurs, assure-t-il.

“La cotisation sur le droit commun ne va pas se faire du jour au lendemain”

Pour les pêcheurs côtiers, le ministre indique qu’il “affine” leurs droits qui ne sont pas du tout les mêmes que les pêcheurs hauturiers.
 
Il souligne que ces derniers peuvent bénéficier des dispositifs d’aides à l’emploi comme le Tiama et Tiaturi. Dispositifs grâce auxquels un capitaine peut être aidé entre 60 000 et 100 000 francs pour une embauche, durant deux fois un an. Cela peut couvrir “la déclaration fiscale et le salaire des aidants […]. C’est le cas des poti marara où généralement le capitaine part avec quelqu’un pour le seconder. C’est une façon de répondre à nos pêcheurs côtiers qui ont leur famille, neveu ou fils avec eux sur le poti marara mais qui n’ont pas de statut”. Le ministre ajoute que ce statut peut aider les jeunes à “bénéficier des aides du Pays pour avoir leur propre bateau de pêche car ils pourront justifier d’au moins deux ans d’activité dans ce secteur”. Alors que, selon lui, aujourd’hui ces jeunes “ne sont pas reconnus car on n’a pas de trace écrite de leur activité”.
 
Le ministre de la pêche Taivini Teai insiste sur le fait que “la cotisation sur le droit commun ne va pas se faire comme cela du jour au lendemain. On va aller en progression car il y a d’abord une phase transitoire. Elle nous servira à avoir du recul pour estimer si la filière peut en effet porter les coûts inhérents aux déclarations fiscales”. Et cette mesure transitoire“ va s’étaler sur plus de dix ans”.
 
Quant aux craintes exposées par les patron pêcheurs, le ministre se veut rassurant : Hors de question de mettre en place une loi de Pays avec pour conséquence “que cette filière licencie des personnes”. Quant au calendrier de la réforme, Teivini Teai assure que ce texte ne passera au Cesec qu’“à partir du moment où on aura un consensus”.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mercredi 2 Octobre 2024 à 19:53 | Lu 1720 fois