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Saison cyclonique 2012-2013 : risque faible à moyen. Exercice cyclonique grandeur nature, ce mardi


Gérard Therry, directeur de Météo France, Stéphane Jarlégand, directeur de cabinet du Haut-Commissaire et le colonel Maxence Jouannet, directeur de la Protection civile.
Gérard Therry, directeur de Météo France, Stéphane Jarlégand, directeur de cabinet du Haut-Commissaire et le colonel Maxence Jouannet, directeur de la Protection civile.
PAPEETE, lundi 22 octobre 2012. Avec l’approche de l’ouverture de la saison cyclonique (novembre 2012 à avril 2013), une réunion de préparation des autorités compétentes se déroulait, ce lundi matin, au Haut-Commissariat. La direction régionale de Météo France a fait état des probabilités des risques cycloniques pour cette saison à venir en fonction des modélisations atmosphériques et océaniques. Ce risque d’occurrence est de 18% (risque faible) en ce qui concerne un cyclone (vents supérieurs à 118 km/h et masse nuageuse d’un diamètre moyen de 500 à 1 000 km). Le risque monte à 30%, si on y ajoute les probabilités de subir une dépression tropicale suffisamment forte pour qu’elle soit nommée, principalement sur les Australes et la Société. Selon Météo France, le risque cyclonique est moindre que celui de l’an dernier et se concentre plutôt en deuxième partie de saison cyclonique. Traditionnellement, en Polynésie française, c’est le mois de février, où les conditions atmosphériques et océaniques sont les plus propices pour voir naître une dépression qui peut ensuite évoluer en cyclone.


Les prévisions ne sont que des probabilités


Les prévisions cycloniques annoncées, ce lundi matin, par la direction interrégionale de Météo France, pour la saison à venir sont donc plutôt rassurantes, avec un risque inexistant pour les Marquises, un risque faible pour les Tuamotu/Gambier et un risque moyen pour les Australes et la Société. Mais, le directeur de Météo France, Gérard Therry rappelle que ces prévisions ne sont que des probabilités basées sur des modèles mathématiques reproduisant les effets conjugués de l’atmosphère et de l’océan. «Les prévisions saisonnières répondent aux questions suivantes : y aura-t-il plus de précipitations que la moyenne ? Y aura-t-il plus de phénomènes cycloniques que la moyenne» ? Aussi quelles que soient les annonces faites en début de saison, même si le risque paraît faible «en Polynésie française, il faut rester vigilant chaque année. La prévision saisonnière c’est très dangereux», notamment parce que la population a besoin d’être informée, année après année, des bons gestes à tenir en cas d’alerte et que les services de coordination des alertes et des secours doivent se tenir prêts constamment pour savoir faire face. «Même si le risque cyclonique n’est pas aigu en Polynésie française, il existe. De ce fait, il implique pour les services de l’Etat et du Pays des précautions à prendre» rappelait Stéphane Jarlégand, directeur de cabinet du Haut-Commissaire.

Regroupement de population testé sur deux atolls


C’est pourquoi, un exercice cyclonique grandeur nature et en temps réel, sera effectué le mardi 23 octobre. Plusieurs communes de Tahiti ont souhaité y participer : ce sera le cas de Teva i Uta, Papara, Taravao, Taiarapu Est, ainsi que les atolls de Hao et Faaite (Tuamotu). Selon le scénario prévu, le cyclone fictif baptisé «Obito» permettra notamment de tester l’organisation du PC crise installé au Haut-Commissariat dans ses nouveaux locaux, de tester le système d’alerte, l’activation du site Internet du Haut-Commissariat et particulièrement de tester le regroupement réel de la population sur deux atolls des Tuamotu. La population de ces atolls devra respecter le passage des différentes phases, notamment l’alerte rouge qui impose le confinement dans les abris cycloniques ou chez soi, si sa maison est sûre et après l’avoir protégée (arrimage du toit, protection des ouvertures, etc). Le plan d’alerte prévoit désormais une phase de sauvegarde (phase violette) après le passage du cyclone afin de laisser le temps aux autorités de vérifier la praticabilité des routes, d’écarter le danger de lignes électriques tombées. C’est seulement lorsque l’alerte est levée (phase verte) que la population est autorisée à sortir. A noter que la phase de sauvegarde qui a été introduite cette année, est apparue après l’expérience du cyclone Oli en février 2010.

Saison cyclonique 2012-2013 : risque faible à moyen. Exercice cyclonique grandeur nature, ce mardi
La Polynésie française peu exposée au risque cyclonique, mais il ne doit pas être négligé

Si l’on prend les observations climatologiques des 40 dernières années, il ressort que la Polynésie française est peu exposée à ce risque. Avec les observations précises de Météo France de 1969 à nos jours, sur ces 43 années seules 20 ont été perturbées par des phénomènes cycloniques, qui peuvent n’être que des dépressions tropicales. Si la saison cyclonique dans le Pacifique s’étale de novembre à avril, le pic d’activité est le mois de févier. 36% des phénomènes cycloniques se sont en effet produits un mois de février. Le phénomène El Niño a un impact fort sur l’activité cyclonique : «celle si sera plus forte quand El Niño est fort. Sur les 41 perturbations observées durant les 43 dernières années, 29 l’ont été durant des phénomènes El Niño» explique Victoire Laurent, responsable du bureau d’études de climatologie à Météo France. En moyenne, la Polynésie française est touchée par un cyclone (vent à plus de 118 km/h) une fois tous les deux ans, et par une dépression tropicale (vent à plus de 62 km/h), une fois par an.
Pour cette saison cyclonique 2012-2013, le phénomène El Niño est faible ou à conditions neutres. Il est prévu six évènements cycloniques pour cette saison, ce qui est conforme à la moyenne régionale, mais ils devraient concerner surtout le centre ou l’ouest du Pacifique : la Nouvelle Zélande, Fidji sont les plus concernées.

Même si elle est peu exposée, la Polynésie française est bel et bien concernée par ces phénomènes cycloniques
. Le cyclone tropical Oli en février 2010 est venu le rappeler à ceux qui l’auraient oublié. Oli, avec des vents en moyenne à 150 km/h et des rafales à 200 km/h est l’un des cyclones les plus intenses connus par la Polynésie française au cours des 30 dernières années. Durant six jours, Oli avait balayé la Polynésie française, provoquant des dégâts matériels et le blocage de touristes à Bora Bora, l’évacuation de milliers de personnes à Tahiti. 600 kilomètres plus loin, à Tubuai, aux Australes, le cyclone Oli avait provoqué la mort d’un homme, emporté par la houle et détruit près de 200 maisons.

Saison cyclonique 2012-2013 : risque faible à moyen. Exercice cyclonique grandeur nature, ce mardi

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 22 Octobre 2012 à 12:24 | Lu 3578 fois