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“Risque zéro” pour les anciens sites du CEP


Atoll de Moruroa. Crédit photo : Archive TI.
Atoll de Moruroa. Crédit photo : Archive TI.
Tahiti, le 10 novembre – La surveillance des anciens sites de tir du CEP par les Forces armées en Polynésie française est constante. Ce vendredi, comme chaque année, à l'occasion d'une conférence de presse, les résultats de cette observation ont été dévoilés. Si les études radiologiques menées montrent une stagnation du niveau de la radioactivité dans la zone, les risques géomécaniques, de glissement de falaise ou de loupes sont eux de l'ordre de “zéro”.
 
Comme chaque année, les chiffres de la surveillance des anciens sites du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) ont été dévoilés par le haut-commissariat. En effet, depuis la fin des essais nucléaires, les forces armées en Polynésie française (FAPF) s'emploient à surveiller de près les quantités de matières résiduelles dans l'environnement proche des sites de tir et tenter de prévenir de potentiels risques pour les populations voisines. Pour rappel, entre 1966 et 1996, la France a réalisé 193 expérimentations nucléaires dans l'atmosphère et dans le sous-sol des atolls de Moruroa et de Fangataufa.
 
Ainsi, lors d'une conférence de presse organisée ce vendredi, les chiffres de risques présentés sont les mêmes que depuis 1997, de l'ordre du “du risque zéro” d'après la médecin chef du département de suivi du CEP. “Les atolls sont stables, les risques de glissement de bloc de falaise ou de glissement de loupes sont extrêmement faibles. En plus de la surveillance que nous menons toute l'année, nous menons, tous les sept ans, une campagne topographique.” À ce jour, et comme depuis des années, les massifs coralliens tendent à se stabiliser. “Ces cinq dernières années, on a observé un mouvement de seulement quelques millimètres.” Concernant les mesures radiologiques effectuées, les prélèvements de sédiments montrent une “stabilité” voire une “très légère diminution” de la radioactivité des fonds lagonaires. Du côté du milieu océanique, la surveillance a démontré “l'absence significative d'influence” des essais nucléaires du CEP.
 
Et ces résultats ne sortent pas du chapeau, l'Armée possède un arsenal de cinquante instruments de mesure, à la pointe de la technologie. Cet ensemble, aussi appelé système Telsite, a été renouvelé en 2018. Avec lui, le milieu terrestre, les eaux souterraines avec les puits, les lagons, le milieu océanique ou encore les atolls proches des sites de tir sont passés au peigne fin tout au long de l'année. Le coût total de cette surveillance, autant radiologique que géomécanique, n'a lui pas été révélé.
 
La radioactivité en Polynésie
 
Au cours de notre vie, nous sommes confrontés à des irradiations. Chaque année, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), indépendamment de la surveillance faite sur les anciens sites du CEP par les FAPF, dresse un bilan de la surveillance de la radioactivité en Polynésie. En 2021-2022, 16 îles, autres que Moruroa et Fangataufa, ont été passées au crible, pour voir l'évolution de la radioactivité artificielle. Ces études sont menées dans de nombreux pays à travers le monde et également en métropole. Boissons, fruits, poissons, légumes, viandes, toutes les denrées locales ont été étudiées. Car, en effet, au cours de notre vie, nous sommes exposés à des rayonnements ionisants, bien que ceux-ci, d'après Patrick Bouisset, le directeur de l'IRSN, soient “quasiment tous d'origine naturelle”. Le simple fait de vivre, en étant soumis aux rayonnements cosmique et tellurique, nous soumet à des rayons ionisants. Prendre l'avion, faire un scanner à l'hôpital, faire du ski en altitude sont également des sources d'irradiation. Tout comme certains aliments, qui contiennent naturellement des radionucléides. Le bénitier, par exemple, est un aliment très nocif pour la santé. “En Polynésie, la première source d'exposition naturelle est le bénitier. Il contient naturellement du plomb 210 et du polonium 210”, soutient-il.
 
Les Polynésiens, en raison de la position géographique très éloignée du pays de centrales nucléaires, sont moins sujets à l'exposition artificielle. Selon le rapport de l’IRSN, la dose efficace totale évaluée au fenua est de 1.4 millisieverts (unité de mesure, NDLR) par an. “C'est deux fois moins qu'en métropole”, appuie Patrick Bouisset.

Rédigé par Thibault Segalard le Vendredi 10 Novembre 2023 à 16:26 | Lu 2356 fois