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Que faire de l'épave du Corsaire


Tahiti, le 10 octobre 2022 – Depuis dimanche soir, le navire Corsaire est couché sur tribord entre 7 et 38 mètres de fond dans la rade du port de Papeete. Si un "doute" subsiste encore sur l'identité du responsable légal du navire visiblement vendu en 2018 par la compagnie Aremiti à l'armateur Francky Wong, le Port autonome a engagé les premières opérations qui doivent conduire au renflouement et au retrait de l'épave.
 
"Il a fallu qu'il coule pour qu'on finisse par s'intéresser à lui", ironisait-on lundi sur le port de Papeete. Victime d'une voie d'eau alors qu'il était amarré sur le quai nord de Fare Ute jouxtant le pont de Motu Uta, le Corsaire a intégralement coulé dimanche soir après avoir pris l'eau pendant une bonne partie de la journée. Lundi, le Port autonome avait pris le contrôle des opérations devant mener au renflouement et au retrait de l'épave, mais un "doute" sur l'identité du responsable légal du navire habitait encore les autorités.
 
Par le fond
 
Le Corsaire, qui gîtait déjà depuis plusieurs semaines, s'est mis à s'enfoncer dangereusement dans la mer dimanche. Comme relaté par nos confrères de TNTV et Polynésie La 1ère, les pompiers de Papeete sont intervenus pour pomper l'eau des cales du navire une bonne partie de la journée. Mais en vain. Le bateau s'est finalement couché sur le flanc tribord, avant de piquer du nez vers le fond du port en soirée. Avec l'aide de la base navale, les agents du Port autonome ont mis en place un barrage antipollution pour absorber d'éventuelles fuites de gazole, tout en assurant que les cales du navire avaient été vidées de longue date. "C'est juste si quelques litres devaient trainer dans un coin", affirmait-on lundi sur place.
 
Les avis divergent sur l'état exact du navire avant la submersion du week-end. Pour certains, le pompage de l'eau dans les cales du navire était devenu hebdomadaire et l'état incertain de la flottaison aurait dû alerter les autorités. Du côté du Port autonome, on rappelle que le Corsaire avait été changé de quai le 22 juillet dernier et qu'il "flottait parfaitement à ce moment-là". Autorité gestionnaire de la zone où se situe le navire, c'est au Port autonome qu'il revient de prendre les mesures de précaution nécessaires. Mais le responsable légal des opérations de renflouement reste bien le propriétaire du navire. Et c'est là que les choses se compliquent…
 
Vendu en 2018
 
Construit en 1994, ce navire avait d'abord été utilisé entre 1996 et 2000 par la société de Valère Le Prado pour assurer la desserte Tahiti-Moorea sous le nom Tamarii Moorea VIII. Il avait ensuite été repris en 2002 et renommé Corsaire par la compagnie Aremiti de l'armateur Eugène Degage, pour assurer la liaison avec les îles Sous-le-vent. Sujet à de fréquentes pannes, il a cessé ses rotations en 2005. Amarré depuis au port de Papeete, sans autre véritable utilisation commerciale, le Corsaire avait notamment refait parler de lui en 2015. Il avait été ponctuellement mis à disposition d'une association polynésienne d'Airsoft par la compagnie Aremiti, pour simuler un scénario de jeu d'infiltration grandeur nature.
 
Sauf qu'au moment d'identifier le propriétaire du navire, dimanche, les autorités du Port autonome ont été confrontées à un épineux vide administratif. Selon la compagnie Aremiti, le navire a été vendu en 2018 par Eugène Degage à l'armateur Francky Wong. Or, ni le Port autonome, ni la Direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM) n'ont de trace de la transaction. Aremiti maintient pourtant ses dires, acte de vente à la société "Tahitian Cruise" de Francky Wong à la clé.
 
Le Port avance
 
Résultat, le Port autonome a mis dimanche en demeure les deux armateurs, Eugène Degage et Francky Wong, de mettre en œuvre les mesures nécessaires au retrait du navire. D'ici là, "le Port autonome va engager les premiers frais", expliquait-on lundi à Motu Uta. De premières constatations ont également été menées dans la journée avec des plongeurs, toujours par le Port autonome, pour voir où se situait la voie d'eau. La suite des opérations s'évèrera un peu plus délicate.
 


Rédigé par Antoine Samoyeau le Lundi 10 Octobre 2022 à 20:52 | Lu 3932 fois