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Quatrième vague et variant Delta: tsunami à l'hôpital ou simple marée des cas?


Quatrième vague et variant Delta: tsunami à l'hôpital ou simple marée des cas?
Paris, France | AFP | vendredi 09/07/2021 - Après une période de baisse, les cas de contamination au Covid-19 remontent en France à cause du variant Delta, mais le vrai enjeu des semaines à venir est de savoir comment cela se traduira à l'hôpital.

L'été sera-t-il gâché par une quatrième vague? "Tout dépend de ce que l'on appelle une vague", répond le "Monsieur vaccin" du gouvernement, Alain Fischer, dans un entretien au journal Le Monde. "Si cette vague ne se manifeste que par des cas sans hospitalisation, ce n'est pas grave. Sinon, cela pourrait de nouveau nous imposer des mesures de contrainte".

C'est pourquoi les autorités sonnent le tocsin pour que les Français se fassent davantage vacciner, et en particulier les personnes à risque (plus de 60 ans, obèses etc.)

Car la baisse des cas du mois de juin n'est plus qu'un  souvenir. Sur les sept derniers jours, la France a enregistré une moyenne de plus de 3.000 nouveaux cas quotidiens, contre moins de 2.000 une semaine avant.

Les autorités sanitaires l'attribuent en grande partie au variant Delta, jugé 60% plus transmissible que le variant Alpha, et qui est en passe de devenir majoritaire.

Pour l'instant, cela ne se voit pas à l'hôpital, ce qui est logique puisqu'il y a un délai entre la détection d'un cas et l'éventuelle hospitalisation du patient.

Les chiffres y sont donc toujours en baisse: il y a actuellement moins de 1.000 malades du Covid dans les services de réanimation (et environ 7.000 en tout à l'hôpital), contre un pic de 6.000 (et plus de 30.000) fin avril.

Le vaccin change la donne

"En ce qui concerne les projections sur les prochaines semaines, c'est difficile d'être affirmatif", a reconnu une experte de Santé publique France, Sybille Bernard-Stoecklin, vendredi lors de la visioconférence hebdomadaire de l'agence sanitaire.

Lors des trois précédentes vagues, les courbes de l'hôpital s'étaient inéluctablement alignées sur celles des cas, avec des augmentations spectaculaires. 

C'est pour éviter que l'hôpital, et en particulier les réas, soient débordés que des mesures de restriction avaient été imposées, à commencer par le confinement historique de mars 2020.

Mais un facteur a changé la donne par rapport aux vagues précédentes: la vaccination.

En ce qui concerne les cas, une "nouvelle vague" due au variant Delta "ne pourra pas être complètement absorbée" par la vaccination, "encore insuffisante au sein de la population", prévient le Conseil scientifique qui guide le gouvernement, dans son dernier avis publié vendredi.

Selon lui, "l'épidémie ne pourra être contrôlée qu'avec 90% à 95% de personnes vaccinées ou infectées". On en est pour l'instant à 4 personnes sur 10 complètement vaccinées.

Mais quid de l'hôpital, puisque les vaccins offrent un haut niveau de protection contre les formes graves, y compris avec le variant Delta?

Dans les pays où les contaminations remontent, "l'apparition ou non d'une augmentation nette des hospitalisations (...) dépendra surtout de deux paramètres", prévoit le Conseil scientifique.

Tous deux sont "liés à l'âge, principal facteur de formes graves": il s'agit de "la pyramide des âges des sujets contaminés" d'une part et "la pyramide des âges des sujets vaccinés" de l'autre.

Les autorités sanitaires surveillent donc ce qui se passe dans les pays où Delta a quelques semaines d'avance par rapport à la France.

L'expérience britannique

"En Angleterre, les sujets contaminés sont jeunes et l'on observe une inadéquation entre la dynamique des contaminations (+70% des cas/semaine) et celle des hospitalisations (+20% des hospitalisations/semaine)", selon le Conseil.

Mais la situation du Royaume-Uni est différente de celle de la France, car "le niveau de vaccination est plus important, en particulier chez les plus âgés". D'un autre côté, "la majorité de la population britannique a été vaccinée avec AstraZeneca", vraisemblablement moins efficace contre le variant que le Pfizer/BioNTech, largement utilisé en France.

Au Royaume-Uni et au Portugal, autre pays où Delta circule intensément, "on observe une augmentation des hospitalisations (mais) en termes de cas graves, ça semble quand même moins marqué que les cas confirmés", selon Sybille Bernard-Stoecklin.

"Pour ce qui va se passer en France, tout dépendra notamment de la couverture vaccinale", ajoute-t-elle.

D'après des modélisations de l'Institut Pasteur, même avec un taux de couverture de 30% chez les 12/17 ans, 70% chez les 18 à 59 ans, 90% pour les plus de 60 ans, "un pic d'hospitalisations, similaire au pic de l'automne 2020, pourrait être observé, en l'absence de mesures de contrôle".

Pour Daniel Lévy-Bruhl, expert à Santé publique France, il est "inévitable" que l'augmentation finisse par toucher l'hôpital si la hausse des contaminations se poursuit. Et dans ce cas-là, cela concernera "de façon disproportionnée les sujets à risque non vaccinés".

le Vendredi 9 Juillet 2021 à 06:11 | Lu 554 fois