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Procès en révision : la famille de Pouvanaa a Oopa laisse la main à Christiane Taubira


Le sénateur Richard Tuheiava et une douzaine de descendants de Pouvanaa a Oopa, réunis ce jeudi à Arue, pour demander solennellement à Christiane Taubira de saisir la commission d’instruction de la cour de cassation en vue d’une révision du procès de Pouvanaa.
Le sénateur Richard Tuheiava et une douzaine de descendants de Pouvanaa a Oopa, réunis ce jeudi à Arue, pour demander solennellement à Christiane Taubira de saisir la commission d’instruction de la cour de cassation en vue d’une révision du procès de Pouvanaa.
ARUE, le 19 juin 2014. Alors que la loi sur la réforme des procédures de révision d’une condamnation définitive a été adoptée par le Parlement français le 11 juin dernier, la famille du Pouvanaa a Oopa lance un appel solennel à la garde des Sceaux pour qu’elle conduise elle-même la démarche d’une demande de révision du procès du metua.
La nouvelle loi sur les procédures de révision permet aux descendants de Pouvanaa a Oopa de faire valoir une demande valable de révision du procès du metua au vu des faits nouveaux et d’éléments inconnus de la justice lorsque son procès a eu lieu en 1959. L’homme politique polynésien avait été condamné à 8 ans de prison et 15 ans d’exil, accusé d’avoir voulu provoqué l’incendie de Papeete qui ravagea la capitale polynésienne dans la nuit du 10 au 11 octobre 1958, sur fond de révolte et de volonté d’aller vers une indépendance du territoire.

Ces nouveaux éléments, appuyant l’ouverture d’une révision pénale sont issus notamment des recherches menées, en 2012, par l’historien Jean-Marc Régnault dans les archives du fonds Foccart. Ils viennent étayer la thèse d’un complot fomenté pour faire tomber le premier député polynésien car, en 1958, Pouvanaa a Oopa s’opposait à ce que les essais nucléaires militaires français aient lieu en Polynésie et avait milité pour le vote du «non» au référendum de Gaulle du 28 septembre 1958. Mais, en dépit des nouvelles possibilités offertes à la famille du metua par la loi, les descendants de Pouvanaa souhaitent que la demande de révision émane, en priorité, de Christiane Taubira. En février dernier, la garde des Sceaux avait annoncé qu’elle saisirait prochainement la Commission de révision des condamnations pénales d’une demande de révision du procès Pouvanaa. "Au vu des éléments issus des archives, sur le contexte politique et judiciaire de l’affaire, ainsi que des témoignages recueillis de mai à juillet 2013, la garde des Sceaux a estimé que la requête devait être examinée par une autorité judiciaire indépendante".

Pour le sénateur Richard Tuheiava qui a pris ce dossier à bras-le-corps dès son élection à la haute assemblée, il s’agit de préséance et de symbole. "Ce serait inconvenant de dépasser la garde des Sceaux (…) De plus, si le gouvernement national lance lui-même cette demande de révision cela signifiera déjà qu’il y a eu une injustice au sujet de Pouvanaa (…) Nous espérons désormais que la saisine de la commission par la garde des Sceaux se fasse d’ici la fin du mois". Le sénateur aurait reçu des assurances dans ce sens de la part de Christiane Taubira elle-même. Toutefois si la Chancellerie n’avance pas dans les prochains mois, la famille fera sa demande officielle avant la fin de l’année.
Sandro Stephenson, l’un des sept arrière petit-fils de Pouvanaa rappelle que le metua lui-même avait initié le combat de la révision de son procès dès son retour d’exil, "c’était il y a plus de 40 ans. Le dossier de la révision n’est jamais allé aussi loin qu’aujourd’hui (…) Ce qui est important c’est de rendre justice à grand-père, à la famille et même rendre justice à ce Pays. On veut que ça aboutisse désormais le plus rapidement".


Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 19 Juin 2014 à 16:05 | Lu 953 fois