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Pour son dernier meeting, Hidalgo en appelle à la "gauche du réel" face un Macron "de droite"


Thomas COEX / AFP
Thomas COEX / AFP
Paris, France | AFP | dimanche 03/04/2022 - "La gauche, c'est nous": pour son dernier meeting de campagne au cirque d'Hiver à Paris Anne Hidalgo a invité les électeurs à faire mentir "les sondages", exhortant ceux qui ont quitté le PS à revenir vers leur "famille d'origine".

"Il n'est pas trop tard", assure la candidate, qui plafonne autour de 2% dans les intentions de vote, et n'a jamais réussi à faire décoller sa campagne, dans un paysage politique très morcelé à gauche, où seul l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon a réussi à tirer son épingle du jeu et s'est hissé à la troisième place, autour de 15%.

"Ensemble, nous pouvons démentir ces sondages partiels et partiaux et leurs commentateurs zélés", affirme la maire de Paris, qui a toujours dit qu'elle jouerait "le match jusqu'au bout".

Quand la salle se met à huer les sondeurs, elle réplique fermement: "On ne siffle pas, on vote!". 

Dans une ambiance "chaleureuse", elle invite ses partisans "à ne "rien lâcher", sous les yeux de l'ex-premier ministre Bernard Cazeneuve, la maire de Lille Martine Aubry, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, ou encore l'ex-Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadelis.  

Devant 2.400 personnes, selon les organisateurs, son plus gros meeting depuis le début de la campagne, Anne Hidalgo l'assure: "Depuis six mois, on nous dit que c’est déjà joué. Eh bien non ! Rien n’est jamais joué tant que le vote n’a pas eu lieu".

C'est aussi ce que pense Patrice Bruckert, retraité dijonnais, qui a "fait 300 bornes pour être là". "J'attends pas qu'elle soit au second tour, mais je crois qu'elle va faire mieux que les 2%, elle va approcher les 10%". 

Après le meeting d'Emmanuel Macron la veille, Anne Hidalgo s'adresse tout particulièrement à ceux, séduits en 2017 par le candidat-président."Macron est de droite!". Il pratique même "le dépassement de la droite par la droite", clame-t-elle.

Et elle enchaîne: "Qui promet de reculer à 65 ans l’âge de la retraite ? Qui veut forcer les allocataires du RSA à travailler pour un salaire inférieur au SMIC ? Qui veut orienter vers l’apprentissage dès l’âge de 12 ans nos enfants ? Qui dit aux professeurs: si vous voulez gagner plus, il faudra vous mettre au travail comme s’ils se tournaient les pouces ?". 

"La niaque" 

A chaque question, la salle répond "c'est lui" en choeur, en hurlant "Hidalgo présidente" et "tous ensemble, socialistes". 

"Si vous avez des idées de gauche, si vous êtes soucieux de social, de justice, de solidarité, d’écologie, vous devez le savoir, Emmanuel Macron ne vous calcule même pas!", enchaîne-t-elle. "Rejoignez votre famille d’origine, la gauche du réel et de la raison, qui reconnaît ses erreurs".

Benjamin, assistant-architecte de 37 ans, l'avoue: il avait voté Macron en 2017, dès le premier tour. "Mais je suis très déçu, il n'est pas du tout social", concède-t-il. Désormais pour ce "sympathisant non encarté" c'est "Anne Hidalgo qui porte l'espoir".

La candidate met aussi en garde sur "les conséquences" d'un vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon qui tenait meeting au même moment à Toulouse: "Dans l’immédiat, vous voterez pour un candidat qui refuse d’aider les Ukrainiens" face aux Russes, estime-t-elle.

Et "comment un candidat qui a théorisé la fin de la gauche, puis qui dans les élections locales a combattu tout le reste de la gauche, pourrait maintenant représenter un quelconque espoir pour la gauche ?", demande-t-elle.

Mais la maire de Paris se veut lucide: "Je ne me paie pas de mots, je sais que les temps sont durs pour la gauche. Les difficultés du moment, je suis la première à les éprouver", reconnaît-elle.

Certains socialistes se sont rangés derrière Emmanuel Macron, comme le maire de Dijon François Rebsamen, qui a initié la création d'un nouveau parti politique issu de la gauche nommé "Fédération progressiste" pour peser dans une future majorité, si Emmanuel Macron est réélu.

"Je ne comprends pas pourquoi les medias se sont autant acharnés sur elle", estime pour sa part Yannick, militante socialiste parisienne, de 64 ans. "Elle a la niaque, elle a tout pour gagner", assure-t-elle, espérant que ces derniers jours de campagne "vont porter leurs fruits".

le Dimanche 3 Avril 2022 à 11:17 | Lu 77 fois