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Polémique autour d’une fusillade dans un quartier chaud de Sydney


Polémique autour d’une fusillade dans un quartier chaud de Sydney
SYDNEY, lundi 23 avril 2012 (Flash d’Océanie) – La polémique concernant les violences policières a été relancée de plus belle ce week-end après l’interpellation musclée par la police de deux jeunes individus, tous deux touchés par balles alors qu’ils se trouvaient à l’intérieur d’un véhicule volé dans le quartier chaud de Kings Cross, à Sydney.
Samedi, aux alentours de seize heures (locales, GMT+10), les agents ont ouvert le feu sur ce véhicule, conduit par un adolescent de 14 ans et à bord duquel se trouvaient cinq passagers.
Le véhicule venait de heurter, sur le trottoir de Darlinghurst Road, une femme de 29 ans qui s’est retrouvée sur le pare-choc.
La décision d’ouvrir le feu a été prise afin de protéger la piétonne, a ensuite souligné Mark Murdoch, adjoint au chef de la police de l’État de la Nouvelle-Galles-du-Sud.
L’officier a défendu la conduite de ses hommes, en expliquant notamment que cette voiture apparemment hors de contrôle avait mordu sur le trottoir « dans un quartier fréquenté par des centaines de piétons ».
« À mon sens, cela représente un risque significatif pour la communauté tout entière (…) La police a pris la décision de faire feu pour arrêter ce véhicule et protéger le public. Maintenant, que cette décision ait été la bonne ou pas, il reviendra à l’équipe d’enquêteurs d’en juger », a-t-il justifié.
Le conducteur et son voisin, un jeune homme de dix huit ans, ont été blessés par balles et ont ensuite été hospitalisés, dans un état jugé « grave, mais stable ».
La jeune femme est toujours soignée pour des blessures au torse.
Les quatre passagers se trouvant sur la banquette arrière n’ont pas été blessés et sont depuis entendus, dans le cadre de l’enquête.
Autre source de polémique : la diffusion d’une séquence filmée, juste après la fusillade, montrant les deux blessés extirpés sans ménagement du véhicule, et apparemment frappés au sol par des agents.
« Dans cette affaire, il est important de garder son calme (…) Ces scène sont choquantes et je ne veux pas revoir cela à Sydney », a ajouté l’officier, qui évoque toutefois la nécessité de « remettre les choses dans leur contexte ».
Les occupants de ce véhicule étaient connus des services de police, pour être issu du quartier chaud de Redfern (à population à majorité aborigène et océanienne), dans la proche banlieue de Sydney.
Le syndicat de policiers de la Nouvelle-Galles-du-Sud s’est depuis positionné en soutien aux gents ayant participé à cette interpellation.
« Pour les gens, on a tort si on ne fait et on a tort aussi si on fait quelque chose. Mais vraiment, dans cette situation, les policiers ont eu la bonne réaction, ils n’avaient pas d’autre choix », souligne le syndicat.
La police a depuis envoyé des délégations dans le quartier de Redfern afin de tenter de désamorcer une situation potentiellement explosive.
L’envoi de renforts sur place est aussi envisagé, en cas de troubles.
Le Médiateur de la Nouvelle-Galles-du-Sud s’est par ailleurs saisi de cette affaire lundi.

b[Affrontements entre gangs de motards


Cette affaire intervient sur fonds à la fois de multiplication d’interpellations ayant entraîné la mort, mais aussi d’affrontements armés en pleine rue liés à une guerre de territoire entre gangs de motards, qui ont vu, ces derniers jours, plusieurs véhicules et façades de bâtiments criblés de balles par des tireurs armés et motorisés, dans plusieurs quartiers et dans la proche banlieue de Sydney.
Une demi-douzaine de ces fusillades a eu lieu la semaine dernière, rien que pour Sydney et sa banlieue, touchant trois résidences et deux magasins de tatouage.
L’État voisin du Queensland, plus au Nord, est aussi touché par ces affrontements.
Le ministre de la police de cet État, David Gibson, a présenté sa démission le 16 avril 2012.
Il a été remplacé par Jack Dempsey, un ancien officier de police reconverti en politique.

La série continue

Le débat concernant les violences policières en Australie a été relancé ces derniers jours à la suite du décès d’une demi-douzaine de personnes mortes à la suite d’interventions qui, pour certaines, ont impliqué l’usage de pistolets à électrochoc Taser.
La liste s’allongeait encore mi-avril 2012, avec, le 15, au Sud de Brisbane, dans la petite localité agricole de Tenterfield (État de la Nouvelle-Galles-du-Sud), la mort d’un homme, abattu après que son attitude ait été jugée « menaçante » par les forces de l’ordre, appelées pour intervenir dans une affaire d’agression aux alentours de vingt heures locales (GMT+10).
Selon la police, l’homme brandissait une arme blanche avec laquelle il avait « menacé » les forces de l’ordre, rapporte lundi la radio nationale publique.
L’équipe sur place a d’abord fait usage d’un pistolet Taser avant de faire feu sur le suspect.
Une enquête en interne a été ouverte afin de déterminer les circonstances exactes de ce décès, a annoncé la police d’État.
Le même week-end, deux policiers ont été blessés dans le cadre d’une intervention dans le quartier de Strathfield (Sydney), où un forcené s’était retranché.
Le forcené aurait notamment brandi une barre à mine et lacé des projectiles divers, décrits comme étant des assiettes.
La police a là aussi évoqué un individu de 41 ans armé d’un « couteau », qui a été maîtrisé à grand renfort de décharges de pistolet électrique Taser.
Le 12 avril 2012, au Novotel Langley de la ville de Perth (Sud-ouest de l’Australie), la police est aussi intervenue en réponse à un appel concernant un forcené ayant entrepris de briser les vitres de sa chambre, où il s’était ensuite barricadé.
L’individu avait ensuite été retrouvé au sol, après avoir provoqué un début d’incendie et s’être ensuite apparemment précipité par la fenêtre.
Malgré les témoignages de personnes sur place ayant fait état de coup de feu, la police locale a formellement démenti cette version en insistant sur le fait qu’il n’avait été fait usage d’aucune arma ni de munitions.
L’inspection des services de a police de l’État de l’Australie occidentale a déclaré avoir ouvert une enquête en interne.
Toujours à Perth, dans la banlieue Nord de cette ville, jeudi 12 avril 2012, une femme a trouvé la mort à la suite d’une collision de son véhicule avec une voiture de police, apparemment engagée dans une poursuite avec le conducteur d’une voiture présumée volée.
La fille de la victime, âgée de 16 ans, ainsi que deux agents de police, ont été brièvement hospitalisés.
Le 25 mars 2012, dans un centre commercial de Parramatta (Ouest de Sydney), un jeune homme de 35 ans a été abattu par un officier de police dans des circonstances restant encore à élucider, mais qui auraient impliqué une poursuite en voiture (après un vol de véhicule) et une résistance à interpellation.
Les témoins ont d’abord fait état d’au moins cinq coups de feu tirés au cours de la phase finale de ce mortel affrontement, en pleine galerie marchande.

Polémique décès d’un étudiant brésilien

Le décès le plus retentissant de ces trente derniers jours concerne néanmoins un ressortissant brésilien, Roberto Laudisio Curti, étudiant de 21 ans qui se trouvait à Sydney depuis plusieurs mois pour y apprendre l’anglais.
Le 18 mars 2012, pris en chasse par la police, appelée à Pitt Street aux aurores pour une affaire de vol à l’étalage dans un magasin du quartier, ce jeune Brésilien aurait pris la fuite, puis aurait été d’abord aspergé de gaz urticant au poivre avant d’être ciblé par un Taser.
L’affaire avait fait grand bruit et suscité des réactions de la part du gouvernement brésilien.
Les funérailles ont eu lieu ce week-end au Brésil, à Sao Paulo, en présence de la famille et des proches.
La semaine dernière, à Sydney, dans le cadre de l’enquête, il a été procédé à une reconstitution sur les lieux.
Le médiateur de l’État de Nouvelle-Galles-du-Sud a été saisi de ce dossier et devrait rendre un rapport aux autorités.
Juste après cette affaire, la police de l’État de la Nouvelle-Galles-du-Sud publiait promptement un rapport censé faire la preuve que le nombre de cas d’usage de pistolets Taser par les forces de l’ordre avait en fait diminué depuis la mise en service de ces armes dans cet État.
Selon ce rapport, il a été fait usage de ce pistolet 881 fois en 2011, contre 1.151 fois l’année précédente, a soutenu Alan Clarke, adjoint au chef de la police, qui a aussi souligné que dans la plupart des cas, même si cet instrument avait été dégainé, il n’avait pas été déclenché.
L’officier de police place le taux de déclenchement de cette arme aux alentours de trente pour cent.
« La seule présence du Taser est le plus souvent suffisante pour résoudre les situations », assurait-il alors.
En Australie occidentale, lundi, Karl O\'Callaghan, chef de la police de cet État, prenait les devants en annonçant qu’à la suite d’une précédente bavure liée à l’utilisation du Taser, sur un détenu Aborigène, Kevin Spratt, à Perth, en 2008, la procédure concernant cette arme avait d’ores et déjà été modifiée et que la victime avait reçu des excuses de la part des forces de l’ordre.
Ces modifications correspondent, selon M. O\'Callaghan, aux recommandations émises par la commission de lutte contre le crime et la corruption (Corruption and Crime Commission, CCC).
Cette commission, dans son rapport consacré à cette affaire, avait notamment recommandé que les deux agents de police impliqués dans cet incident soient poursuivis pour faute grave pour « usage injustifié et contraire au manuel » de la police de l’État.

pad

Rédigé par PAD le Lundi 23 Avril 2012 à 04:56 | Lu 1087 fois