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Philippines: fin de partie pour "Herbert C", braqueur devenu crooner en prison


Manille, Philippines | AFP | jeudi 18/12/2014 - La police philippine a brisé net cette semaine la carrière artistique de "Herbert C", roi du coffre-fort devenu en prison un crooner "bling bling" qui avait monté son studio et vendait ses bluettes sur iTunes.

Herbert Colanggo a tout perdu dans la descente de police menée lundi à Bilibid, une prison de la banlieue de Manille, coupe-gorge notoire accueillant 23.000 détenus pour 8.900 places.

Les policiers voulaient vérifier des informations selon lesquelles des barons du grand banditisme et du trafic de drogue continuaient à opérer depuis leur cellule.

L'opération visant vingt des criminels parmi les plus dangereux du pays a révélé un système de corruption des matons qui permettait à ces détenus de mener grand train, avec métamphétamines, poupées gonflables, scènes de striptease et jacuzzi.

Outre son studio de musique et son plateau digne d'une chaîne de télévision, "Herbert C" s'est vu confisquer six montres de marque Rolex et Patek Philippe, un portefeuille Louis Vuitton, des chaussures d'artisan et trois coffres remplis de cash et de bijoux en or.

"J'ai toujours rêvé d'être un chanteur", confiait impunément le casseur-crooner, avant la perquisition policière, dans le cadre de la promotion de son album "Kinabukasan", ou "Futur" en philippin.

"J'ai reçu une bonne éducation. Je suis une victime qui a dérapé", se justifiait-il.

Colanggo et les autres détenus VIP surpris dans leurs "villas" équipées d'air conditionné ont été transférés dans un pénitentier de haute sécurité.

La ministre de la Justice Leila de Lima a admis que les trafiquants "vivaient comme des rois", avec salles de bain carrelées de marbre, téléphones, ordinateurs et whisky grande cuvée.

Mais l'administration carcérale a assuré ne pas avoir eu vent de ces privilèges directement négociés, selon elle, avec les gardiens de prison.

Grand succès de l'année aux Philippines, l'album de "Herbert C", qui contient 10 titres, est disponible pour 3,99 dollars sur iTunes et le site de streaming Spotify.

Dans le premier extrait de l'album, le langoureux "Pano Yon" (Comment je peux?), Colanggo se lamente de ne pouvoir déclarer sa flamme à la femme aimée.

La vidéo diffusée sur YouTube a été vue des milliers de fois. Le "king" du pénitentier y apparaît fardé, portant lunettes fumées et chemise "Bart Simpson", en compagnie de ses musiciens.

Un autre clip le montre recevant un disque de platine pour avoir vendu 15.000 albums, lors d'une cérémonie organisée dans le gymnase de la prison.

Herbert Colanggo a été arrêté et incarcéré en 2009 après avoir "fait" des banques pendant dix ans à Manille et en province. Il a été condamné à un minimum de 12 ans de réclusion.

Rédigé par () le Jeudi 18 Décembre 2014 à 05:48 | Lu 633 fois