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Passe d'armes entre la DGAE et Jean Tama sur l'importation de choux


Passe d'armes entre la DGAE et Jean Tama sur l'importation de choux
Tahiti, le 23 janvier 2023 – Vendredi dernier, Jean Tama, le 1er vice-président de la chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire, s’indignait contre les importations de choux qui auraient fait gonfler les prix des choux locaux. Des propos que réfute la DGAE, qui explique également les difficultés d’imposer chaque mois les importations en Polynésie.
 
Lors d’une interview pour Tahiti-Infos vendredi dernier, Jean Tama, le 1er vice-président de la chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL) s’indignait contre l’import massif de choux le mois dernier, faisant grossir artificiellement les prix de ceux-ci. Selon lui, tous les arrivages extérieurs de fruits ou légumes feraient gonfler les prix, “si des produits importés coûtent plus chers que ceux fabriqués en Polynésie, les agriculteurs vont forcément s’aligner sur leurs prix”, ce qui les augmenteraient donc artificiellement. Des importations qui se feraient “au détriment des agriculteurs et des consommateurs” puisque, toujours selon Jean Tama, lorsque plusieurs tonnes de choux sont débarquées au fenua, ils se retrouveraient dans les grandes surfaces à la place de ceux produit localement. “Nos producteurs sont parfois obligés de brader leurs productions au marché pour écouler leur stock. Il faut arrêter de vouloir satisfaire uniquement les grossistes”, commentait-il. Parmi tous les fruits et légumes qui sont importés au fenua, l’exemple cité par Jean Tama est l’arrivage de choux étrangers sur les étalages des supermarchés, “Dernièrement en décembre, nous avons eu des importations massives de choux, alors que nous en produisons. Les prix sont passés de 400 à 675 Fcfp le kilo, c’est beaucoup trop pour le consommateur”.
 
Pas d’augmentation selon la DGAE
 
“D’après les relevés, le prix moyen du chou local était de 811 Fcfp début décembre. Il est tombé à 648 Fcfp début janvier contre 793 pour ceux importés”, explique Catherine Colombet, directrice adjointe de la DGAE, réfutant ainsi les propos tenus la semaine dernière par Jean Tama. De plus les choux locaux “étaient présents dans 70% des magasins contre 40% pour les autres”.
 
Hormis quelques rares exceptions, aucun produit n’est soumis à des quotas fixes d’importation en Polynésie. Ceux-ci sont discutés chaque mois, lors d’une conférence agricole, en présence de la Direction générale des affaires économiques (DGAE) et de la CAPL, ainsi que d’un représentant du ministère de l’Économie, des différents importateurs, des agriculteurs et des consommateurs. “Chaque mois, on se réunit pour discuter des importations. La CAPL nous fait des propositions en fonction des prévisions de production qui sont fluctuantes selon la météo, mais c’est le ministère de l’Économie qui a le dernier mot en validant ou non les quotas que l’on préconise pour le mois”, précise Catherine Colombet. Elle est également revenue sur “la complexité d’anticipation” et le peu de “visibilité” pour établir chaque mois les importations, notamment pour les derniers arrivages de choux, que blâmait Jean Tama. “La complexité est de trouver le juste milieu entre production locale et importée. Lors de la dernière conférence agricole en décembre, la CAPL préconisait une importation de 35 tonnes de choux, car les récoltes au fenua ne s’annonçaient pas bonnes, continue Catherine Colombet, mais les importateurs ont souhaité que ce quota soit à glissement”. C’est-à-dire plusieurs arrivages, de décembre à fin janvier, pour s’assurer de couvrir les demandes des consommateurs, “cela représente 55 tonnes sur la période, ce que le ministère a approuvé”. La directrice adjointe précise aussi que sans cette décision, il y aurait une “pénurie de choux en début de mois” et que personne n’aurait pu prévoir la reprise de la production locale dernièrement.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Lundi 23 Janvier 2023 à 19:04 | Lu 1912 fois