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Où l'on reparle violences intrafamiliales à Moorea


Moorea, le 6 octobre 2022 - Après une longue suspension en raison de la crise sanitaire et une première réunion de travail en août dernier, les membres du comité de coordination pour la prise en charge et l’accompagnement des victimes de violence intrafamiliales à Moorea se sont réunis jeudi pour cette fois-ci créer un référentiel qui définit le rôle et les missions de chacun dans leurs interventions.

Créé en 2018 à l’initiative de l’hôpital de Moorea, le Comité de coordination pour la prise en charge et l’accompagnement des victimes de violence intrafamiliales regroupe les institutions comme la gendarmerie nationale ou la Direction des solidarités, de la famille et de l'égalité (DSFE), ainsi que les associations à l'image de Vahine Orama no Moorea, les élus ou encore des services communaux concernés. Il a pour objectif de "mettre en commun l’ensemble des moyens et des bonnes volontés disponibles, puis de coordonner leurs actions pour une prise en charge rapide et efficace des victimes de violences, notamment intrafamiliales."
 
Après avoir suspendu leurs réunions de travail pendant toute la crise sanitaire, les membres du comité ont pu se réunir à nouveau au mois d’août dernier pour faire le point sur la situation des violences familiales sur l’île Sœur et échanger sur leurs interventions respectives sur le terrain. Une nouvelle réunion s’est encore tenue mardi, à l’hôpital de Afareaitu, pour cette fois-ci travailler sur la mise en place d’un référentiel. Une idée lancée lors de la précédente réunion, qui définit et clarifie le rôle ainsi que les missions de chaque institution ou association du comité dans toutes les étapes de la prise en charge des victimes.
 

Manque de concertation

"On s’aperçoit que beaucoup de partenaires institutionnels ou publics travaillent déjà dans leur coin. L’idée dans ce comité, c’est de mettre en synergie les compétences des uns et des autres et de travailler sur un schéma de prise en charge. Chacun fait des petites choses, mais sans forcément avoir de concertation. L’idée est donc de gagner en efficience et en réactivité. Cela nous permettra de mieux répondre à la problématique des violences intrafamiliales, mais surtout conjugales de l’île de Moorea", explique Cathy Chambon, responsable de la circonscription de l’action sociale de Moorea-Maiao. Elle ajoute que "le nombre de violences intrafamiliales sur l’île est malheureusement une réalité. Ce sont 70% de nos causes d’interventions dans les familles. Ce qui est quand même important. C’est un terme générique qui va comprendre les violences conjugales, les violences sur les enfants et aussi les maltraitances sur les personnes dites vulnérables, c'est-à-dire les personnes âgées et celles en situation de handicap. Les violences intrafamilliales sont toutes les formes de violences, qu’elles soient psychologiques, physiques ou autres, qui se passent à l’intérieur de la famille."
 
Outre la création du référentiel, l’idée de former des partenaires au sein du comité a également été abordée. "On a quand même recensé des besoins en formation, c’est-à-dire pour développer des compétences, notamment sur les diagnostics, l’accompagnement, les entretiens, l’accueil de la parole... On s’est interrogé sur le fait qu’il va falloir qu’on se forme aussi à l’entretien notamment, même les professionnels. La violence et la dynamique qui se passent dans une famille ou dans un couple ne sont pas simples. C’est très compliqué. On n’est pas là pour punir ou pour placer, mais pour les accompagner à changer", précise encore Cathy Chambon.


Stéphanie Pansard, médecin à l’hopital d’Afareaitu : "On aimerait se former pour mieux accueillir la parole"​

"On reçoit souvent des personnes qui sont victimes de violence. Elles disent quelques fois qu’elles ont fait une chute maladroite. Elles ne disent pas officiellement qu’elles subissent des violences au sein de leur famille. On voudrait du coup, en tant que professionnel de santé, savoir comment orienter les familles pour trouver de l’information et du soutien quand elles ont besoin d’être accompagnées dans les démarches auprès du service social, auprès de la gendarmerie, auprès aussi de psychologues. Entamer peut-être des réflexions sur un changement potentiel. On aimerait aussi se former pour mieux accueillir la parole, pour oser poser la question et pour qu’on puisse proposer quelque chose. On voudrait être prêt à accueillir cette parole et après, si on peut, proposer un accompagnement avec les différents partenaires."
 

Elizabeth Herman, présidente de Vahine Orama no Moorea-Maiao : "Vahine Orama essaie de résoudre des problèmes avec des petits moyens bénévoles"

"Ce comité concerne la santé des habitants de Moorea. C’est vrai qu’avec la problématique des violences intrafamiliales et conjugales, on est forcément en lien avec la santé. La population sera en santé et en bien-être à partir du moment où on aura aidé en tout cas à résoudre les problèmes de violences, surtout intrafamiliales. On connait l’importance de ces problèmes, à Moorea aussi. On travaille avec la gendarmerie, avec l’hôpital, les affaires sociales… C’est très important pour nous d’avoir l’aide de ces partenaires pour bien travailler. Cela fait dix ans que Vahine Orama essaie de résoudre des problèmes avec des petits moyens bénévoles par exemple de transport, de salle, etc. On est sur le terrain, mais lorsque quelqu’un porte plainte, il faudrait parfois la conduire à la gendarmerie. On n'est pourtant que des bénévoles. Il faut donc qu’on trouve des moyens et on veut absolument que la commune, même le gouvernement, s’implique aussi pour l’aide à apporter à Moorea au niveau des transports. Il nous faut aussi une salle de permanence pour recevoir des personnes victimes de manière confidentielle et des partenaires…"  
 

Rédigé par Toatane Rurua le Jeudi 6 Octobre 2022 à 18:02 | Lu 929 fois