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“On veut leur rendre honneur”


Tahiti le 11 mars 2024 – Le concert “Te tau i To’ata. Écris l’histoire” est mis sur pied pour “célébrer la culture musicale polynésienne” avec des “légendes vivantes” comme Pigeon, Léon Peni, Willy Peu, Claudine Tehuritaua, Jules Tuataa, Eddy Mervin, Marutua Hora, Georges Bonnet, ou encore Maire Tavaearii. Rendez-vous à To’ata le 23 mars prochain.

Rassembler ces “légendes vivantes qui ont fait chanter, danser et vibrer notre Fenua, toutes les îles du Pacifique, mais également la Métropole et plusieurs autres pays du globe” est un projet auquel l’organisateur et lui-même artiste, Heirani Tavaearii, pense depuis fort longtemps. Aujourd’hui il a décidé de se jeter à l’eau. Le jeune homme assure que c’est grâce à Hart Production, qui l’année dernière a organisé le concert intitulé “Haere mai e hīmene tatou” et dont l’objectif était aussi de mettre à l’honneur ces “légendes”. Lors de cette fameuse soirée, “j’ai ressenti ce que j’avais ressenti à l’époque : la musique polynésienne dans sa pureté, jouée avec le cœur et chantée avec le cœur. À l’époque, on partageait les émotions, les chansons racontaient vraiment une histoire”, raconte Heirani Tavaearii.
 
Le choix des artistes souligne-t-il, s’est “fait très naturellement (…) mais beaucoup avaient déjà des engagements”. Heirani Tavaearii a voulu avec ce concert “bloquer le temps sur 2024 car nous avons encore ces légendes vivantes. On veut leur rendre honneur aujourd’hui et ils vont nous chanter des chansons des années 1970 à 2000”. Une manière pour ce jeune musicien de “marquer l’esprit et marquer le temps avec eux […]. Ils ont beaucoup à donner”. La soirée sera également l’occasion pour Heirani Tavaearii de raconter le parcours de ces chanteurs et chanteuses qui ont fait danser beaucoup de nos parents et même grands-parents. Mais Heirani ne veut plus avoir de regrets. Il précise en effet qu’il devait tourner un film avec son oncle Maika “et malheureusement il est parti […] et je m’en suis voulu […]. Je ne veux pas leur rendre hommage mais je veux les mettre à l’honneur”.

Partenariat avec le Japon

De retour du Japon où il était en février dernier pour l’une de ses prestations, Heirani Tavaearii est revenu avec la promesse d’un partenariat avec Hiro’a Field dans sa valise. Il s’explique : “Des danseuses japonaises vont participer en direct avec nous sur To’ata, sur des chansons de Marutua Hora de Teava piti […] en même temps que les danseuses ici sur To’ata”. Ces dernières vont notamment interpréter Pahoho “chanson mondialement connue de Te ava piti, chantée par Marutua Hora et reprise par nos cousins hawaiiens et dansée désormais jusqu’au Japon” ou encore A tu’u mai te here interprétée par Maire Tavaearii qui est selon l’organisateur “souvent reprise pour ouvrir ou clôturer diverses cérémonies”.
 
Et ce n’est pas tout puisque à la suite du concert “Te tau i To’ata” Heirani travaille à l’organisation d’un second volet de cette soirée : “Te tau i Tokyo”, au Japon. En effet, un déplacement avec ces artistes est d’ores et déjà prévu au Pays du soleil levant. “Les Japonais aiment notre culture qui est à l’état pur. Ils la ressentent, la vivent et la dansent […]. Ils m’ont dit que chaque fois qu’ils entendent notre musique ils ont envie de pleurer […] car la culture polynésienne est très forte”, explique le jeune homme. “Il faut revenir à notre identité, c’est notre carte d’identité, notre patrimoine et si on commence à la mettre de côté, on risque de perdre notre valeur musicale et notre culture risque de se perdre dans le temps.”
 
Masami Kawashima, présente lors des répétitions était remplie d’émotions : “Je n’ai pas de mots : c’est magnifique ; j’ai des frissons.” La productrice japonaise précise en outre que ce partenariat entre elle et Heirani Tavaearii est “important car je veux partager de vraies choses au Japon. Et aujourd’hui on est dans la réalité. Je suis très contente”. Et leur “participation en streaming” le 23 mars prochain “rend tout le monde heureux [au Japon] car ça c’est la vraie culture”.
 
En attendant le grand soir, les répétitions se passent dans la bonne humeur, avec des rires à n’en plus finir. Pendant que certains chantent d’autres se mettent à danser “c’est comme cela […] on est heureux lorsqu’on chante […]. On veut partager cela avec tout le monde lors du concert”, témoigne Benjamin Reid dit Pigeon. De son côté, Georges Bonnet, explique : “J’ai connu des artistes dans ma vie. Cela fait 60 ans que je chante. Et me retrouver avec nos artistes locaux c’est la plus grande joie. Je ne peux pas dire qu’on n’est pas une bonne équipe”. Jules Tuataa explique quant à lui que “la musique c’est pour rassembler. Le but du concert c’est de faire revivre les chansons d’antan que les jeunes ne chantent même pas et il faudrait qu’ils gardent la culture de leurs parents”.
 
Malheureusement le constat pour ces “légendes vivantes” est unanime : aujourd’hui “beaucoup de chants n’ont ni tête ni queue” contrairement aux chansons d’antan regrette Jules Tuataa. Il rappelle que “beaucoup de nos parents se sont connus et mariés avec ces morceaux-là. Quand tu écoutes des morceaux maintenant cela fait mal aux oreilles ; c’est plus du bruit que de la musique, c’est dommage […] car d’ici quelques temps elle va disparaitre. […] Grâce à la chanson, ils pourront apprendre la pratique de la langue tahitienne”.

Pratique :

Le concert aura lieu le samedi 23 mars de 19 à 22 heures à To’ata
Le contact pour les réservations :
TAVAEARII Heirani : (+689) 87 74 77 11
[email protected]
Fbk : Te tau i To'ata
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 12 Mars 2024 à 00:47 | Lu 2561 fois