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Obligation vaccinale : Fritch recule... de deux mois


Tahiti, le 13 octobre 2021 - Le président du Pays Edouard Fritch a annoncé mercredi lors d'une allocution à la présidence le report de deux mois de l'application de la loi du Pays sur l'obligation vaccinale. Une loi "incomprise et méconnue" s'est justifié le président du Pays, concédant que le dispositif n'avait pas été assez expliqué et que sa mise en œuvre au sein des entreprises et administrations était encore trop "complexe".

Souvent qualifiée de "loi épouvantail" au sein même de la majorité Tapura, la loi du Pays sur l'obligation vaccinale semble faire peur autant au pouvoir politique qu'aux non vaccinés. Mercredi en fin de matinée, le président du Pays Edouard Fritch a prononcé une allocution à la présidence pour annoncer le report de deux mois de l'entrée en application de l'obligation vaccinale. Concrètement, le dispositif imposant la vaccination anti-Covid sous peine d'une amende de 175 000 Fcfp aux personnes travaillant en contact avec le public, aux soignants et à certaines personnes à risques n'entrera en vigueur que le 23 décembre prochain. Ou plutôt la "sanction" associée au non-respect de cette obligation vaccinale ne sera appliquée qu'à partir de cette date. Une décision qui pourrait entraîner un nouveau vote de l'assemblée, puisque le délai actuellement prévu avant l'entrée en application de l'obligation vaccinale le 23 octobre prochain est inscrit à l'article 15 de cette fameuse loi du Pays.

Cette reculade a été justifiée par Edouard Fritch par "la grande incompréhension et de la méconnaissance de notre loi par le grand public", "la complexité de l’application de la loi au sein des entreprises et des administrations" et "une insuffisance d’information". Dans un contexte politique marqué par plusieurs manifestations et des dissensions dans sa propre majorité sur le sujet, Edouard Fritch a affirmé qu'il n'était "pas resté insensible aux nombreux appels et messages" qui lui étaient parvenus. Il a expliqué avoir entendu "le collectif""la direction de l'Eglise protestante maohi" ou encore "d'autres individualités venues plaider leurs points de vue"

A noter que le président du Pays a également annoncé une adaptation de l'actuelle loi du Pays, sans en préciser ne serait-ce que les contours. Il a expliqué qu'il comptait mettre à profit ces deux mois supplémentaires pour "engager les simplifications nécessaires à l’application de la loi au sein des organismes professionnels privés et publics", tout en "multipliant les concertations avec les organismes syndicaux et patronaux".
 
Et pourtant…
 
Et pourtant, avant d'en arriver à cette annonce, Edouard Fritch avait longuement défendu l'intérêt de la vaccination et de l'obligation vaccinale dans son allocution. Remerciant les personnes vaccinées pour leur "attitude citoyenne", insistant sur l'intérêt de cette stratégie pour éviter de nouvelles vagues épidémiques… Le président du Pays a même annoncé que les médecins qui s'étaient chargés du transfert vers Paris en évasans de huit patients Covid long l'avaient sensibilisé sur une "probable reprise épidémique dans les semaines à venir".
 
"Nous commettrions une grave erreur en pensant le danger derrière nous", a mis en garde Edouard Fritch. Le président du Pays a même souligné les victoires du Pays en référé au Conseil d'Etat dans les premiers recours contre la loi sur l'obligation vaccinale. "Le Conseil d’Etat a estimé qu’il n’y avait aucun doute sérieux sur sa validité et que la loi n’était pas constitutive d’une atteinte grave et immédiate à une liberté fondamentale", a défendu Edouard Fritch, complétant : "Je dois dire que c’est une bonne nouvelle, car elle fait partie intégrante de la stratégie qui doit nous permettre d’éviter le retour d’une quatrième vague". Une quatrième vague dont les conséquences seraient selon lui "dramatiques". "Nous ne tiendrions pas le choc", a conclu Edouard Fritch.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 13 Octobre 2021 à 13:02 | Lu 3172 fois