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Nouvelle-Calédonie: regain de tension autour de la reprise de l'usine de Vale


Nouméa, France | AFP | dimanche 16/01/2021 - Le rachat de l'usine de nickel du Brésilien Vale suscite un regain de tension entre loyalistes et indépendantistes en Nouvelle-Calédonie, après la proposition du FLNKS d'une prise de contrôle par les collectivités locales, a constaté dimanche l'AFP.      

"Ce projet (...) n’est rien de moins que la reprise de 95 % de Vale par une entité calédonienne", a déclaré Daniel Goa, porte-parole du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste), à l'ouverture samedi à Ponérihouen (nord est) d'un rassemblement "des forces nationalistes et progressistes".        

"C'est un projet qui respecte notre conception politique qui veut que chaque richesse de notre pays serve à son développement et non à son pillage", a-t-il ajouté.       

Il a proposé "dans les grandes lignes" que la SPMSC, entité qui regroupe les trois provinces calédoniennes et détient actuellement 5% de cette unité métallurgique, prenne 100% du capital.         

Selon des sources proches du dossier, il s'agirait d'une prise de contrôle transitoire avant l'élaboration d'un montage avec un groupe industriel et une participation locale revue à 51%.          

Les indépendantistes sont farouchement opposés au rachat de l'usine de Vale, adossée au riche et stratégique gisement de Goro, par un consortium calédonien et international incluant le négociant en matières premières Trafigura. L'offre, appelée à se conclure le 12 février, a le soutien de l'Etat et des non indépendantistes à la tête de la province Sud.          

Les opposants à Trafigura multiplient barrages, blocages et sabotages depuis plus de deux mois tandis que l'usine de Vale est à l'arrêt et sous protection des forces de l'ordre, après avoir été prise d'assaut par des émeutiers le 10 décembre. La quasi totalité du personnel est en chômage partiel.        

"Désormais ça suffit! On assiste à un coup d'Etat du FLNKS qui veut mettre la Nouvelle-Calédonie au tapis", a protesté dimanche Virginie Ruffenach, chef de groupe au Congrès (assemblée délibérante), lors d'une conférence de presse de la coalition Les Loyalistes.      

Celle-ci regroupe les principaux partis non indépendantistes dont les leaders ont tour à tour dénoncé "les actions terroristes du FLNKS" et demandé à l'Etat de "rétablir l'ordre républicain".      

"Il vaut mieux que ce soit l'Etat qui s'en charge parce nous, on n'acceptera plus de se faire prendre en otages par une bande de terroristes. On sait aussi taper du poing sur la table", a mis en garde Gil Brial, vice-président de la province Sud.        

Ces tensions interviennent alors que le processus de décolonisation en cours en Nouvelle-Calédonie inscrit dans l'accord de Nouméa (1998) touche à sa fin. Le 4 octobre, un deuxième référendum sur l'indépendance a été remporté par les pro-français (53,3%). Un troisième et dernier scrutin devrait se tenir d'ici 2022.

le Dimanche 17 Janvier 2021 à 09:36 | Lu 514 fois