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Mort de Victorine: mis en examen, le principal suspect nie le mobile sexuel


Grenoble, France | AFP | jeudi 15/10/2020 - Vingt jours après la mort de Victorine Dartois, jeune étudiante de 18 ans de Villefontaine (Isère), le principal suspect a été mis en examen jeudi à Grenoble pour meurtre précédé d'une tentative de viol, après avoir avoué une partie des faits mais nié tout mobile sexuel.

Ludovic B., père de famille de 25 ans habitant à environ 800 mètres de la famille Dartois mais qui ne connaissait pas la victime, avait été interpellé par le GIGN mardi à Villefontaine grâce au signalement d'un proche à qui il se serait confié.

Selon ses dires, lors de sa garde à vue, "il aurait croisé vers 19h par hasard Victorine alors qu'il pratiquait un footing" ce samedi 26 septembre, tandis que l'étudiante en BTS communication rentrait au domicile familial à pied, ayant raté son bus après une après-midi de shopping avec des amis.

Selon le suspect, "il y aurait eu dispute après une bousculade involontaire, il aurait paniqué, lui aurait serré le cou et aurait ensuite déposé le corps inanimé dans le torrent", a exposé le procureur de la République adjoint de Grenoble Boris Duffau lors d'une conférence de presse.

Ce gérant d'entreprise, qui a déjà été condamné à une dizaine de reprises pour des délits de droit commun mais sans passer par la prison grâce à des aménagements de peines, serait ensuite rentré chez lui, aurait mis ses vêtements dans un sac et aurait pris une douche. Ces habits ont été retrouvés par les enquêteurs.

L'homme a été mené mercredi sur les lieux des faits où des vérifications ont permis d'"accréditer une partie de ses déclarations", a souligné M. Duffau.

Zones d'ombre

Les conclusions de l'autopsie qui mentionnent des ecchymoses au niveau du cou confirment l'étranglement, et la mort par noyade.

Toutefois, malgré un pantalon retiré et retrouvé à proximité du corps de la jeune femme, le suspect, qui aurait agi seul, "nie tout mobile sexuel".

Le parquet ne s'est "pas satisfait de ces déclarations qui ne convainquent pas et a pris jeudi un réquisitoire supplétif" pour tentative de viol qui a été suivi par les trois juges d'instruction qui l'ont mis en examen.

La famille Dartois, "soulagée" de cette arrestation, est maintenant en proie à "la colère" après ces aveux car "tout laisse à penser que le mobile est sexuel", a déclaré à la presse Me Kelly Monteiro, avocate des Dartois. 

"On n'étrangle pas une jeune fille parce qu'on l'a bousculée" d'autant que Victorine, jeune fille "gentille et pas agressive" ne se serait "pas emportée" pour un geste involontaire.

Interrogée sur la proximité du suspect avec la famille, Me Monteiro a souligné que le mis en examen était "absolument inconnu, son nom n'évoque rien à la famille", seule une des soeurs de Victorine "pense avoir été en classe de primaire avec son frère".

Le voile n'a pas été complètement levé sur les circonstances de ce meurtre et "l'enquête est loin d'être terminée", a souligné M. Duffau, car la mise en examen comporte aussi les chefs d'"enlèvement et séquestration".

"On a des déclarations parcellaires, qui posent des questions", a expliqué Me Monteiro.

Jeudi soir, le suspect a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet. Les faits pour lesquels il est poursuivi lui font encourir la réclusion criminelle à perpétuité. 

"Jusqu'à sa condamnation, il reste présumé innocent", a tenu à rappeler le procureur Eric Vaillant, regrettant des fuites dans la presse survenues pendant la garde à vue qui l'ont "clairement gêné".

La disparition et la mort de la jeune fille avait provoqué une forte émotion à Villefontaine et alentours. Près de 6.000 personnes lui avaient rendu hommage lors d'une marche blanche le 4 octobre. Trois jours plus tard, plus d'un millier de personnes avaient également assisté à ses funérailles à Bourgoin-Jallieu, pour soutenir ses parents, ses deux soeurs et son frère.

D'importants moyens ont été déployés dans le cadre de l'enquête, dont une cellule de dix enquêteurs exclusivement dédiés à l'enquête au sein de la gendarmerie de l'Isère et les renforts techniques du service central de renseignement criminel.

le Jeudi 15 Octobre 2020 à 14:07 | Lu 356 fois