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May tente de sauver son accord de Brexit promis à un nouveau rejet


Londres, Royaume-Uni | AFP | mardi 12/03/2019 - Theresa May tentait mardi de sauver son accord de Brexit qui se dirigeait vers un nouveau rejet au Parlement britannique, après la publication de l'avis, potentiellement dévastateur, du conseiller légal du gouvernement sur les changements obtenus la veille par la Première ministre.

"Si l'accord n'est pas approuvé ce soir, le Brexit pourrait être perdu", a déclaré la dirigeante conservatrice, l'air fatigué et la voix fortement enrouée, devant la Chambre des communes, à quelques heures du vote des députés britanniques, qui avaient massivement rejeté une première fois ce texte en janvier.
La dirigeante conservatrice s'exprimait après la publication de l'avis légal de l'attorney général du gouvernement, Geoffrey Cox, sur les changements qu'elle a obtenus auprès de l'UE lundi soir à l'accord de Brexit.
Selon M. Cox, ces ajouts réduisent certes "le risque" que le Royaume-Uni soit "indéfiniment et contre sa volonté" pris dans le "filet de sécurité" en clarifiant le mécanisme. Mais, a-t-il ajouté, "le risque juridique reste inchangé".
Le "filet de sécurité" (ou backstop) est un dispositif de dernier recours qui vise à éviter le retour d'une frontière physique entre les deux Irlande afin de préserver les accords de paix de 1998 et l'intégrité du marché unique européen.

- Merkel: "On s'est donné du mal"-

 
Les députés  britanniques ont réclamé à Theresa May qu'il soit supprimé ou modifié.
Les "Brexiters" craignent de rester indéfiniment "piégés" dans une union avec l'Union européenne car le "filet de sécurité" implique un alignement étroit de tout le Royaume-Uni sur les règles commerciales européennes en attendant la conclusion d'un accord sur les futures relations.
Un groupe influent de parlementaires eurosceptiques a recommandé le rejet de l'accord "à la lumière de notre propre analyse juridique et d'autres".
Baptisé "Star Chamber", ce groupe comprend notamment Nigel Dodds, le chef des députés du parti unioniste nord-irlandais DUP, dont les 10 élus sont indispensables à Theresa May pour avoir une majorité absolue. Mais aussi des députés de l'ERG, un groupe de conservateurs eurosceptiques.
Dans un communiqué, le DUP a jugé qu'il n'y avait "pas eu suffisamment de progrès".
Le chef du Parti travailliste, principal parti d'opposition, Jeremy Corbyn, avait appelé dès lundi soir à voter contre le texte.
La livre sterling a brusquement baissé après la publication de l'avis de l'attorney général, avant de modérer ses pertes face à l'euro et au dollar.
A l'issue d'une rencontre de dernière minute lundi soir à Strasbourg (est de la France) avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, Theresa May avait annoncé avoir obtenu des "changements légalement contraignants".
Les textes sur lesquels sont tombés d'accord Mme May et M. Juncker ne créent pas de nouveaux mécanismes juridiques. Mais ils sont censé "clarifier" noir sur blanc, et de manière "juridiquement contraignante", que Londres pourra suspendre de manière unilatérale le backstop s'il est établi que l'UE n'a pas négocié de "bonne foi" pour remplacer ce dispositif controversé.
Côté européen, le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a estimé que ces changements "fournissaient une clarification" et des "garanties supplémentaires", espérant que le Parlement britannique approuve le texte.
L'UE a fait "des propositions claires et conséquentes", "on s'est donné du mal", a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel.
M. Juncker a lui prévenu: "Il n'y aura pas d'interprétation de l'interprétation, pas d'assurance sur l'assurance si le vote échoue". "Il n'y a pas d'alternative", a insisté le Premier ministre néerlandais Mark Rutte sur Twitter.
 

- Rassemblement devant le Parlement -

 
A 17 jours de la date prévue pour le Brexit, le 29 mars, une centaine de personnes étaient rassemblées pour agiter des drapeaux européens devant le Parlement de Westminster à Londres.
"On est ici parce qu'il y a le vote le plus important aujourd'hui au Parlement", a déclaré à l'AFP Pat Gillies, une retraitée qui espère le rejet de l'accord pour qu'un nouveau référendum soit organisé.
Au milieu de ces europhiles, quelques pro-Brexit détonnaient avec leurs pancartes: "Rejeter le +no deal+ est une trahison !".
Si l'accord est rejeté, les députés voteront mercredi sur la possibilité de sortir de l'UE sans accord, un scénario redouté par les milieux économiques.
Si cette option est exclue, le Parlement votera à nouveau jeudi, cette fois sur une proposition de report "limité" du Brexit.
Les 27 devront toutefois donner leur accord à l'unanimité et les dirigeants européens ont prévenu que toute demande en ce sens devrait être dûment justifiée.

le Mardi 12 Mars 2019 à 05:24 | Lu 230 fois