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Maintien de Deane comme 1er adjoint : une "erreur politique" pour Schyle


"Je suis contre le harcèlement. Je n'accepte pas qu'un de mes élus harcèle qui que ce soit", a souligné ce mardi Philip Schyle.
"Je suis contre le harcèlement. Je n'accepte pas qu'un de mes élus harcèle qui que ce soit", a souligné ce mardi Philip Schyle.
ARUE, le 2 octobre 2018. Le conseil municipal de Arue a voté jeudi dernier par treize voix pour et onze contre le maintien de Jacques Deane au poste de premier adjoint. Un vote qui est allé dans le sens contraire de ce que désirait le maire Philip Schyle, qui estime que ce vote est une "erreur politique".


"C'est une erreur politique. Jamais ils n'auraient dû voter de cette manière. J'aurais préféré qu'ils s'abstiennent",
souligne Philip Schyle, entouré de 15 élus, ce mardi matin face à la presse. Le maire de Arue a tenu à rappeler ce mardi la procédure qui a amené son conseil municipal jeudi dernier à se prononcer sur le maintien ou non de Jacques Deane à son poste de premier adjoint.

Le 12 juin, la commune de Arue a été condamnée par le tribunal administratif à dédommager sa directrice des ressources humaines pour ne pas l’avoir mise à l’abri des avances puis du harcèlement moral subi pendant un an de la part du premier adjoint, Jacques Deane.

Le tribunal enjoignait aussi Arue de mettre fin à la délégation de Jacques Deane pour les questions de ressources humaines. "Toutes les délégations lui ont été enlevées car chacune l'amenait à un moment ou à un autre à être en lien avec la personne en charge des relations humaines", précise Philip Schyle.

Ces délégations retirées, l'administrateur d'Etat des îles du Vent a rappelé début septembre au tavana que le Code général des collectivités territoriales prévoit que lorsque le maire a retiré les délégations qu'il avait données à un adjoint le conseil municipal doit se prononcer sur le maintien ou non de celui-ci dans ses fonctions.

"L'affectif a énormément influencé"
C'était donc l'objet du conseil municipal qui s'est tenu jeudi dernier. "Treize élus, dont des élus de la minorité, ont voté pour maintenir en fonction le 1er adjoint. Onze élus en revanche ont voté pour ce retrait", note Philip Schyle avant de reconnaître : "J'ai été surpris (de ce vote) ou plutôt à demi-surpris. Au niveau de ma majorité, on fonctionne en démocratie. La plupart du temps, je ne donne pas de consigne de vote. Par contre, je donne mon sentiment. Après c'est à chaque élu en son for intérieur de prendre une décision. Je savais que sur cette question le choix n'allait pas être facile. L'affectif a énormément influencé le vote de ces élus. M. Deane est mon premier adjoint depuis plus d'une dizaine d'années. M. Deane était quelqu'un d'extrêmement disponible. Il était en mairie tous les jours, auprès des agents mais aussi des élus. C'était quelqu'un d'extrêmement présent et qui suscitait la sympathie. Je peux comprendre que l'affectif ait pris le dessus (…) Mais cela ne veut pas dire que j'accepte."

Le maire a donc réuni lundi soir ses élus pour une mise au point. "Vingt élus sur 23 de ma majorité étaient présents. Ils ont tous entendu ma déception et ma tristesse après la décision prise. Je leur ai dit aussi qu'il fallait assumer maintenant cette décision".

Le vote en faveur du maintien de Jacques Deane au poste de premier adjoint a en effet eu un autre impact. La loi prévoit que s'agissant des délégations les adjoints disposent d’un droit de priorité sur les conseillers municipaux. Le maire ne peut confier une délégation à un conseiller municipal qu’à la condition que chaque adjoint soit pourvu d’au moins une délégation de fonction. Jacques Deane privé de délégations, les sept conseillers délégués de la commune de Arue, des conseillers municipaux ayant reçu une délégation, ne pourront donc plus assurer leur mission.
Parmi eux, on compte notamment Marie-Thérèse Taero, Jean-Luc Prunier, et Teva Despériers, qui étaient en charge respectivement du social, des pompiers et du centre de traitement des appels, et la police et la sécurité.

Philip Schyle, maire de Arue

"Je ne laisserai pas la commune entre les mains de n'importe qui"

"Cela n'a jamais été mon intention de vieillir sur mon siège (de maire). J'estime qu'il y a un temps pour chaque chose, cela fait 29 ans que je suis élu municipal, 13 ans en tant qu'adjoint au maire et 16 ans en tant que maire. Depuis quelques années, j'avais annoncé à mes élus : 'préparez-vous. Un jour, je m'en irai'. Mais j'ai aussi annoncé à mes élus que je préparerai ma succession. Je l'avais évoqué plusieurs fois avec Jacques Deane. C'est vrai. Je lui avais demandé s'il serait prêt à prendre le relais si j'annonçais mon retrait. Mais je n'ai encore jamais annoncé de manière publique que j'allais me retirer. Je ne laisserai pas la commune entre les mains de n'importe qui et n'importe quand.
Je trouve dommage que cette ambition qu'il a, qui n'est pas nouvelle, soit polluée par cette affaire de harcèlement, c'est pour cela que j'ai l'intention de me représenter. Je ne peux pas laisser une personne, fusse M. Deane, prendre ma succession dans ces conditions-là. Ce n'est pas possible."

Jacques Deane, premier adjoint

"Je me présenterai sous une étiquette apolitique"

Le tavana a expliqué ce matin avoir décidé de retirer vos délégations suite à la décision du tribunal administratif.
"Philip Schyle aurait pu ne pas retirer toutes mes délégations. Il l'a fait car il n'a plus confiance en moi. Il a appris que je me préparais pour les prochaines élections municipales. C'est lui qui avait dit qu'il se retirerait et qu'on pouvait se lancer dans la course. Il ne nous a jamais dit qu'il voulait se représenter."

Comment analysez-vous le vote de 13 élus pour vous maintenir au poste de premier adjoint ?
"C'est une reconnaissance de mon travail. En tant que premier adjoint, j'ai toujours été présent. Par ce vote, les élus font part de la confiance qu'ils m'accordent."

Philip Schyle a annoncé ce mardi qu'il se présenterait aux prochaines élections municipales. Cela change-t-il quelque chose à votre volonté d'être candidat vous aussi ?
"Je reste candidat. J'étais déjà motivé. Je me suis rapproché de certaines personnes qui sont prêtes à me suivre. Je me présenterai sous une étiquette apolitique.
Philip Schyle n'a plus sa majorité. C'est moi qui l'ai eue jeudi dernier. Il faudra qu'il réfléchisse à cela. Si j'étais à sa place, je démissionnerais. "




Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 2 Octobre 2018 à 15:40 | Lu 7661 fois