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Mahina : "Sac album", la première opération pédagogique des parents d'élèves de Fare Va'a


MAHINA, le 25 janvier 2016. L'association des parents d'élèves de l'école maternelle de Fare Va'a se joint au projet de l'établissement scolaire, en incitant les parents des 190 élèves à lire et partager des moments de plaisir avec leurs enfants. Samedi matin, l'opération "sac album" a été lancée en présence de professionnels, de l'équipe pédagogique, des membres de l'APE et de très peu de parents. Un gros challenge pour cette équipe motivée et qui fait la fierté de la direction de l'école.

Lire un livre à son enfant, ne fait pas partie des passe-temps favoris des familles polynésiennes en général. Pour cette année scolaire, l'école maternelle de Fare Va'a à Mahina a décidé de changer ces mauvaises habitudes avec un projet pédagogique intitulé : "Au plaisir d’un partage d’une histoire à la maison, à l’école".

Et pour donner un coup de pouce à l'équipe pédagogique, l'association des parents d'élèves (APE) a décidé de se joindre à cette noble cause, en mettant en place une opération assez originale : "Sac Album". "Cette opération consiste à ce que chaque élève parte tous les vendredis à la maison avec un petit sac. À l’intérieur, on va retrouver un album que l'enfant devra lire avec ses parents, et dans ce livre, on va glisser une petite fiche que les parents devront évaluer : le plaisir qu’ils ont eu à lire ce livre avec leurs enfants", précise Ariimihi Jamet, présidente de l'APE, "une fiche qui nous permettra d’évaluer le projet et de connaitre un peu l’implication des parents, puisque l’objectif est que les parents s’impliquent un peu plus dans l’éducation de leurs enfants".

Ramener les parents à l'école et créer des liens entre eux et leurs enfants, sont les objectifs premiers de cette opération, qui a vu le jour grâce au contrat de ville notamment. "On a eu un budget prévisionnel de 228 000 Fcfp qui consiste à l’achat des livres où on a investi 200 000 Fcfp et les 28 000 Fcfp concerne la réalisation des sacs, qui ne coute pas très chers au final, on a juste acheté des tissus et payer une couturière. Le financement a été fait à 50 % par le contrat de ville, nous allons demander aussi l’aide de la commune à hauteur de 30 % et 20 % pour l’APE", assure Ariimihi.

Dans son discours, samedi matin, la directrice Vera Chung a réitéré sa fierté au vu de la motivation et de l'implication de l'APE : "C’est une première où vraiment on implique l’APE dans nos projets dans le choix du projet, des albums, mettre en place avec eux, les évaluations et voir le suivi avec les parents, c’est quelque chose de très innovant pour l’école et très gratifiant".

Changer les mauvaises habitudes n'est pas une mince affaire, mais Vera ne perd pas espoir. "Peut-être que nos petits polynésiens n’entrent pas dans la lecture parce qu’on ne leur apprend pas. Peut-être qu’on devrait se réunir aussi au sein de la famille plus régulièrement et éteindre un petit peu la télévision qui prend beaucoup de place dans la maison et se partager des moments de lecture, pourquoi pas ?"

"Aujourd’hui, c’est une première rencontre pour présenter le projet",
explique Ariimihi, "nous avons compté le nombre de parents. Il faudra à mi-parcours, d’ici deux ou trois mois, lorsqu'on fera une deuxième rencontre où on recomptera et qu'on fera une première analyse des retours de fiches. Et là, on verra si ce projet à fonctionner ou pas. On voudrait bien que les parents réagissent".

L'école Fare Va'a accueille 190 élèves répartis dans huit classe de la section des tout-petits (STP) à la section des grands (SG).

Parmi les nombreux projets futurs de l'APE, on pourrait retrouver prochainement des ateliers-parents et là c'est une autre histoire.


Hélène, mère d’un petit garçon en SP

"On lui en achète tout le temps"
"C’est une très bonne idée pour permettre aux enfants de découvrir le plaisir de la lecture des livres et des images. À la maison, il a beaucoup de livres et on lui en achète tout le temps parce que je pense que c’est important pour eux."

Ariimihi Jamet, présidente de l’APE de Fareva’a

"Je ne sais pas si je suis une bonne maman"
"Des projets, on en a pleins et c’est vrai que le réel problème est l’argent. Concrètement on s’était dit qu’on allait poursuivre dans ce sens-là cette année. C’est un projet test et pour l’année prochaine, on s’est dit pourquoi ne pas agrémenter à ce projet, avec des ateliers parents. Pourquoi ne pas créer des cafés-parents, les retrouver et discuter avec eux, peut-être demandé l’aide à des conteuses pour nous apprendre à conter à nos enfants. C’est vrai que l’éducation, c’est un vocabulaire spécial, c’est vrai que nous parents, on n’y connait rien. Je suis sage-femme, j’ai un cursus médical et je ne sais pas si je suis une bonne maman, et si des conteuses viennent lire un livre à ma fille, ce serait bien."

Vera Chung, directrice de l’école maternelle de Fare Va’a

"On a besoin d’eux pour que les enfants réussissent"
"On voudrait vraiment faire comprendre aux parents, qu’on compte sur eux pour impliquer les enfants dans ce projet de lecture. On a besoin d’eux pour que les enfants réussissent et forcément l’occasion de tirer d’avantages de liens au sein de la famille. On n’hésite pas à leur donner des livres tous neufs, on leur fait confiance. Pour qu’une école aboutisse, elle a besoin de la commune pour les fonds, et d’une APE dynamique, que j’ai la chance d’avoir, d’une équipe enseignante qui suit les projets et aussi je voudrai parler du plaisir de lire."

le Lundi 25 Janvier 2016 à 16:50 | Lu 674 fois