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Macron veut accélérer sur l'élargissement du référendum


Thomas Padilla / POOL / AFP
Thomas Padilla / POOL / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 07/09/2023 - Une semaine après une réunion marathon de 12 heures, Emmanuel Macron a promis jeudi aux chefs des partis politiques des propositions rapides sur l'élargissement du champ du référendum, qui pourrait alors être utilisé sur l'immigration après une révision constitutionnelle.

Dans ce texte de six pages dont l'AFP s'est procuré une copie et qui résume leurs échanges du 30 août à Saint-Denis, Emmanuel Macron propose aux leaders politiques de les revoir cet automne et s'engage à leur faire une proposition "dans les semaines qui viennent" sur une modification du recours au référendum.  

Tout en reconnaissant que la discussion sur ce sujet à Saint-Denis "n'a pas fait émerger de consensus", il estime que cela "permettra de poursuivre notre échange que je souhaite conclusif lors de notre prochaine rencontre".

"Un calendrier pour bâtir les réponses concrètes attendues par nos compatriotes" sera transmis la semaine prochaine, précise-t-il.

"Désaccords connus"

Emmanuel Macron avait réuni les chefs de partis et les présidents d'Assemblées pour ce premier échange dans ce qu'il avait nommé une "initiative politique d'ampleur". L'objectif est de dépasser les clivages afin de proposer des textes législatifs ou d'ouvrir la voie à des référendums de manière à éviter les blocages liés à l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale.

L'exercice avait laissé les oppositions sceptiques, en particulier à gauche. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a prévenu qu'il ne participerait de nouveau à une telle réunion qu'en cas d'"ordre du jour strict".

Dans cette missive qui passe en revue tous les sujets abordés, Emmanuel Macron reconnaît que la question de l'immigration fait l'objet "de désaccords connus" mais "ne saurait être éludée". 

Le projet de loi immigration "sera traité au Parlement dès cet automne" et l'immigration pourrait ensuite éventuellement faire l'objet d'un référendum, en cas d'accord sur une révision constitutionnelle pour en modifier le champ. 

L'intégration des étrangers devra aussi être traitée à travers les deux questions du logement et de "la politique de répartition des primo-arrivants sur notre territoire" sur lesquels un chantier sera lancé "très rapidement".

Plus largement sur les questions institutionnelles et "de la vie démocratique" (décentralisation, proportionnelle, cumul des mandats...), Emmanuel Macron propose aux chefs de partis de "mener un travail en direct" avec eux "durant les mois à venir" afin de "construire la proposition la plus ambitieuse possible". 

Il demande à Elisabeth Borne de lui soumettre des décisions concrètes d'ici un mois sur "la déconcentration de l'action de l'Etat" afin de renforcer "l'efficacité du couple maire-préfet".

Conférence sociale en octobre 

Emmanuel Macron confirme également la tenue d'une "conférence sociale" consacrée aux bas salaires en octobre. 

"Cette conférence sociale entre les partenaires sociaux sera ouverte par la Première ministre et le ministre du Travail", assure le chef de l'Etat, précisant qu'il y sera "question des branches où la rémunération est inférieure au salaire minimum" et de "l'évolution des salaires et des revenus". 

Le président évoque aussi d'ici la fin de l'année un texte attendu de longue date "sur la solidarité entre les générations et la dépendance" préparé avec les départements.

Enfin, il confirme que la feuille de route sur la planification écologique sera présentée dans la semaine du 18 septembre aux forces politiques par Elisabeth Borne et promet d'y revenir "dans les meilleurs délais". 

L'écologie tient "une infime place" dans la réflexion présidentielle, a dénoncé la cheffe des Verts Marine Tondelier.

La lettre aux partis risque d'éclipser un autre rendez-vous politique du chef de l'Etat qui préside jeudi matin à l'Elysée la troisième édition plénière du Conseil national de la refondation (CNR), notamment consacrée à l'éducation.

Cet outil macronien - destiné à "bâtir des consensus" en réunissant forces politiques, partenaires sociaux, représentants des entreprises et associations - est de nouveau boycotté par les oppositions et une partie des syndicats, dont la CGT, Force ouvrière et la CFE-CGC.

Méconnu des citoyens, le CNR peine à s'ancrer dans le paysage politique, au point de poser la question de son utilité et de sa survie. "Ca a bien marché sur le terrain sur l'éducation et les hôpitaux. Pour le reste...", a concédé un cadre de la majorité à son arrivée.

"Nous n'avons pas encore vu de résultats au niveau national (..) On va clore cette séquence nationale", anticipe Noam Leandri, président du collectif Alerte de lutte contre la précarité.  

Une soixante de participants sont réunis à l'ELysée, responsables d'associations, de partis de la majorité et ministres.

le Jeudi 7 Septembre 2023 à 02:53 | Lu 799 fois