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Leur fils était mort de la tuberculose, les parents condamnés pour "privation de soins"


Les avocats du couple ont plaidé la relaxe, préférant pointer du doigt des "dysfonctionnements" dans les services de santé qui suivaient le jeune malade.
Les avocats du couple ont plaidé la relaxe, préférant pointer du doigt des "dysfonctionnements" dans les services de santé qui suivaient le jeune malade.
PAPEETE, le 30 mai 2017 - Un couple a écopé de 6 mois de prison avec sursis, ce mardi au tribunal correctionnel, pour "privation de soins sur mineur au point de compromettre sa santé". Les parents auraient trop attendu avant de faire hospitaliser leur fils de 14 ans, dans un état critique et pourtant suivi de longue date pour sa maladie.


La tuberculose reste une maladie récurrente en Polynésie française. Une cinquantaine de cas sont déclarés chaque année. Mais si la maladie se soigne quand elle est diagnostiquée à temps, et correctement traitée, il lui arrive encore de tuer quand la prise en charge est déficiente. Une famille de Mahina avait été confrontée à ce drame en août 2010, avec la mort d'un adolescent de 14 ans, conduit aux urgences par ses parents alors que la maladie avait atteint un stade irréversible.

Son état de maigreur, sa toux récurrente, ses difficultés respiratoires et le sang dans ses crachats pendant le mois précédent le décès de leur fils n'avaient semble-t-il pas alerté le couple qui avait privilégié, selon l'enquête, les prières et la médecine traditionnelle à l'hospitalisation. Pour cette négligence, ils ont été reconnus coupables de "privation de soins sur mineur au point de compromettre son état de santé" et condamnés, ce mardi par le tribunal correctionnel, à 6 mois de prison avec sursis.

"On accable les parents"

Tuberculose oblige, leur fils était pourtant suivi de longue date par différents services de santé. Un ancien directeur du bureau de veille sanitaire, deux docteurs, un radiologue et des médecins du centre de consultation et d'hygiène scolaire avaient d'ailleurs été convoqués par la justice dans ce dossier, au stade de l'enquête en responsabilités.

"Ce sont les grands absents de ce procès", n'ont pas manqué de rappeler les avocats du couple à l'audience, pointant du doigt pour la défense de leurs clients, "des gens de condition très modeste", le manque de dialogue avec la famille du malade et les errements de ces professionnels de santé qui ont tous suivi à un moment ou à un autre le cas de leur garçon.

Une radio des poumons prescrite par l'infirmerie scolaire ne lui était jamais revenue pour analyse sans que le docteur prescripteur ne s'en inquiète, deux médecins étaient passés à côté du diagnostic des mois plus tard alors que la famille était pourtant connue pour abriter plusieurs cas de tuberculose en son sein. Entre autre. Le propre frère de la victime, lui, en avait réchappé.

"Il faut un coupable car on juge insupportable aujourd'hui que l'on puisse mourir de la tuberculose, alors on écarte le monde médical et on accable les parents", s'est offusquée l'avocate de la maman. "On lui reproche aujourd'hui de ne pas avoir décelé ce que deux médecins n'ont pas su voir. Il y a peut-être une responsabilité collective, mais pas de culpabilité de ces deux-là".

Les avocats du couple ont d'ailleurs plaidé la relaxe, estimant qu'il n'y avait jamais eu de volonté des parents de priver leur enfant des soins de la médecine classique. Pour leur défense, il a aussi été rappelé que leur fils lui-même, fatigué de précédents traitements et protocoles médicaux lourds pour guérir d'une première infection, mettait une certaine mauvaise volonté à fréquenter les cabinets médicaux.

Avec vingt cas pour 100 000 habitants, l'incidence de la tuberculose reste élevée sur le territoire, à un niveau deux fois et demi plus élevé qu'en métropole, par exemple.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 30 Mai 2017 à 18:14 | Lu 7775 fois
           



Commentaires

1.Posté par DIké le 31/05/2017 09:09 | Alerter
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Comment cela est-il possible avec toutes les infrastructures et services médicaux mis en place depuis des années? Et le BCG ? Ce n'est plus obligatoire? Donc on peut prévoir que la tuberculose, une des grandes raisons de mortalité autrefois, qui avait quasiment disparue va réapparaitre et se propager.
Mourir à 14 ans parce que ses parents et ses éducateurs n'en ont rien à foutre. Féconder puis laisser pourrir. A 14 ans ce n'est pas à l'enfant de décider si il prend ou pas ses médicaments. Il les prend sous la contrainte si il le faut. Le niveau maximum de "je m'en foutisme" des autres, des siens. Quand la famille misérable est incapable de se protéger elle -même les services médicaux et sociaux sont les garants de la vie. Dans ce cas présent leur responsabilité est indéniable.
J'ai vraiment l'impression que cela devient l'Afrique ici.

2.Posté par emere cunning le 31/05/2017 09:23 | Alerter
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Encore cette justice à deux vitesses.
"Leur fils était suivi DE LONGUE DATE par différents services de santé" dont deux médecins dont c'est le boulot de détecter la maladie qui se soigne bien de nos jours. Mais pas question de seulement mettre en cause ces derniers, ce sont les parents qui sont accusés puis poursuivis pour "privation de soins" et... condamnés à de la prison !!!
How the hell should they know when doctors did'nt ? Just amazing !

3.Posté par mono le 31/05/2017 10:14 | Alerter
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C'est quand même incroyable que ce soient des parents issus d'un milieu modeste qui portent seuls le chapeau en plus de la douleur du deuil! Imaginez-vous ce même cas dans un milieu plus aisé! Un cas d"école de justice à deux vitesses!

4.Posté par zozo le 31/05/2017 13:13 | Alerter
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l'avocate a bien raison: les services sociaux, la medecine scolaire et le medecin ayant en charge ce jeune garçon sont aussi responsables que les parents. Mais avec notre statut d'autonomie,il faut pas rêver aucune sanction ni enquête interne ne sera mené. Avec cette affaire on comprend pourquoi nous avons plus de 30 % d'enfant obèse sans qu'aucune mesure ne soient prises Les institution polynésiennes sont défaillantes .L'etat devrait reprendre la compétence santé !! mais il n'en a pas envie . Tout ceci est un avant gout de se que l'indépendance sera !!!

5.Posté par TOM le 31/05/2017 15:32 | Alerter
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Votre article me fait bondir, car il reflète l'un des problèmes fondamentaux de Tahiti. Les familles modestes n'ont plus les moyens de soigner leurs enfants car la CPS rembourse de moins en moins, et on accuse les parents? Quelle honte !!! Commencez par supprimer les avantages des agents CPS, billets d'avions etc ... et remboursez mieux les familles modestes. Allez voir comment vivent les enfants dans les écoles de Faaa, les parents n'ont même pas les moyens d'acheter du coton et du désinfectant pour soigner leurs bobos. C'est révoltant !

6.Posté par Le Vieux le 31/05/2017 16:38 | Alerter
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DIké le 31/05/2017 09:09 : Ce n'est pas très gentil pour les Africains ! Il
TOM le 31/05/2017 15:32 : Je suis entièrement d’accord avec vous.

7.Posté par Fiu le 31/05/2017 20:34 | Alerter
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@Tom et Le vieux.. il faut arrêter de s'apitoyer sur les "familles modestes" ou les pauvres "tetuanui".. Pas d'argent pour s'occuper de ses enfants mais assez pour rouler en gros 4x4, faire du boum boum et se saouler tous les jours... De plus, les'urgenc si c'est gratuits pour tout le monde, ce sont des irresponsables incultes. Six mois avec sursis, ça fait rigoler. Jeter des cailloux sur des chiens errants et des associations viendront porter plainte pour maltraitance... Et il y aura bien un juge pour vous condamner à plus de six mois....

8.Posté par Cool Ruler le 01/06/2017 08:09 | Alerter
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A P5 et P6, je me trompe ou le RST couvre les dépenses de santé à 100% ? Ou est-ce 70% comme tout le monde ?

Faudrait peut être aussi arrêter de rejeter les fautes sur les institutions, même si leur fonction pédagogique a clairement été inexistante. A un moment, si tu ne prends pas tes médicaments, si tu ne te rends pas chez le médecin malgré le fait que ce soit pris en charge à 100% ou presque (si c'est le cas pour cette famille), tu en peux t'en prendre qu'à toi même.

Comme si les professionnels de santé devraient en plus fliquer ceux qui ne viennent pas à leur rendez vous, faudrait peut être arrêter de prendre les gens pour des enfants car c'est ce qu'il advient par la suite.

9.Posté par emere cunning le 01/06/2017 09:51 | Alerter
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@ zozo,
De même que c'est le rôle des médecins de sensibiliser ces parents à la maladie grave que couve leur enfant qui consulte depuis le début, c'est le boulot des magistrats et juges de mener l'enquête, assigner TOUS ceux qui ont fauté et les juger et sanctionner selon le degré de responsabilité de chacun.
Notre Statut n'a rien à faire ici, pas plus que la Constitution en France où, comme chacun sait (sauf toi), la tuberculose, l'obésité, la drogue sévissent malgré ses moyens qui sont INCOMPARABLES aux nôtres. Dis plutôt que l'Autonomie te reste en travers de la gorge, y punto final.
Bien sûr que l'Etat n'a pas envie de s'occuper de la Santé des citoyens, pas plus là-bas qu'ici. Et même, s'ils pouvaient balancer tous ces services aux privés, ça leur ferait autant en poches, et tant pis pour les tetuanui.