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Les traversées risquées des passages piétons à Arue


Le passage piéton devant le stade Boris Leontieff est un endroit risqué pour traverser. Crédit photo : Thibault Segalard.
Le passage piéton devant le stade Boris Leontieff est un endroit risqué pour traverser. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 14 novembre 2024 - À Arue, la sécurité des piétons est mise à rude épreuve. Accidents mortels et blessures graves se succèdent depuis plusieurs années sur les passages piétons de la commune traversée par un axe routier à quatre voies, où les automobilistes roulent souvent trop vite. Les habitants tirent la sonnette d’alarme, tandis que la mairie cherche des solutions avec la Direction de l’équipement pour enrayer ce fléau, en espérant une prise de conscience des automobilistes.
 
À Arue, les accidents de la circulation impliquant des piétons sont tristement fréquents depuis plusieurs années. Rien que ces trois dernières années, plusieurs personnes ont perdu la vie en traversant les passages piétons de la commune, tandis que d'autres ont été gravement blessées. Ces tragédies se produisent régulièrement sur différents axes de la ville, notamment aux passages piétons situés face au stade Boris Leontieff, à Erima ou encore à Lafayette. Le mois dernier, la situation s’est aggravée : trois personnes ont été renversées, non-mortellement, parmi lesquelles un père et son fils, ainsi que Karine, gérante d'une auto-école, qui partait pour une séance de sport avec son mari, aux premières lueurs du jour.
 
“C’était il y a trois semaines”, raconte-t-elle à Tahiti Infos. “Je voulais traverser au rond-point du McDonald's. Plusieurs voitures se sont arrêtées pour me laisser passer, mais un scooter est arrivé à toute vitesse et m’a percutée. Il a pris la fuite.” Les séquelles de cet accident sont lourdes : un traumatisme crânien et une fracture du plateau tibial. Des blessures graves qui auraient pu être fatales. Une issue tragique qui a malheureusement frappé le frère de Pierre, il y a deux ans, tué sur le coup après avoir été percuté par une voiture au même rond-point de Erima : “Il traversait pour se rendre aux roulottes de l'autre côté de la route, mais une voiture arrivant à grande vitesse l’a fauché. Il avait 71 ans. Mes petits-enfants sont scolarisés non loin, au collège de Arue, et j’ai peur pour leur sécurité”, confie Pierre.
 
Le constat est amer : la zone urbaine de Arue est traversée par une route à quatre voies, un axe rapide géré par la Direction de l'équipement, où la vitesse excessive des automobilistes est devenue un danger permanent. Des panneaux réfléchissants ont été installés il y a quelque temps pour inciter à la prudence, mais ils se révèlent inefficaces. “Ils ne servent pas à grand-chose, ils n’indiquent pas vraiment qu’un piéton traverse”, déplore Karine qui envisage de mettre en place des actions de sensibilisation via son auto-école.
 
Bouton poussoir ou ralentisseur

Pour elle, la solution résiderait dans l’installation de dispositifs plus efficaces, tels que des boutons-poussoirs de chaque côté des passages piétons, accompagnés d’un affichage lumineux signalant la présence de piétons, ou encore la pose de ralentisseurs comme des dos d’âne. Elle suggère également un renforcement des contrôles de vitesse sur les longues lignes droites de Lafayette et aux abords du stade Leontieff. “Les gens roulent bien trop vite, et l’incivisme des deux-roues aggrave encore la situation.” Un avis partagé par Pierre : “Il faut des feux piétions. Il y en à Papeete, à Mahina, pourquoi pas à Arue ?”
 
Interrogée par Tahiti Infos, la tāvana de Arue, Teura Iriti, est parfaitement consciente du problème. Mais elle se heurte au champ de compétences de la Direction de l'équipement, qui gère ces portions de route. “À l'époque, nous avions demandé ces panneaux réfléchissants, mais au fil des années, ils sont devenus invisibles aux yeux des conducteurs. Actuellement, nous discutons avec la Direction de l'équipement pour envisager de supprimer le passage piéton en face du stade Boris Leontieff, jugé trop dangereux”, explique l’élue. “Pour ce qui est des autres dispositifs, nous devons examiner toutes les options.”
 
Cependant, la tāvana insiste sur la nécessité d'une prise de conscience collective de la part des conducteurs pour résoudre durablement ce problème : “Nous ne pouvons pas tout supprimer, nous essayons de trouver des solutions, mais les automobilistes doivent aussi se responsabiliser”, conclut-elle, à juste titre.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Jeudi 14 Novembre 2024 à 16:23 | Lu 2000 fois