Tahiti Infos

Les députés ouvrent la voie à une meilleure gestion de l'eau en Guadeloupe


Les députés ouvrent la voie à une meilleure gestion de l'eau en Guadeloupe
Paris, France | AFP | jeudi 28/01/2021 - L'Assemblée nationale a voté jeudi pour la création d'un syndicat mixte unique de gestion de l'eau en Guadeloupe pour sortir l'île du statu quo qui règne depuis plusieurs années, aux dépens des usagers régulièrement privés d'eau potable.

Le réseau, vétuste et mal connu, laisse s'échapper jusqu'à 60% des volumes transportés, selon les instances chargées de la question, résultat d'années de mauvaise gestion des équipes politiques en présence, des opérateurs et des délégataires de service public.

La proposition de loi de la députée MoDem Justine Benin a été adoptée en première lecture par 83 voix pour et 6 abstentions, dans le cadre d'une journée réservée à des textes émanant de la formation centriste.

La création d'un syndicat unique, sur laquelle les sénateurs doivent maintenant se déterminer, et qui est considérée par les élus de l'île comme une solution à ces problèmes, a été maintes fois repoussée depuis 2018, pour des raisons tant politiques que financières.

Pourtant, cela fait bientôt une quarantaine d'années que la Guadeloupe, surnommée l'Île aux Belles Eaux, connait sur de larges secteurs du territoire des coupures d'eau, parfois durant plusieurs jours. La situation est si critique que des tours ont été institués pour alimenter un quartier en coupant l'eau dans d'autres.

"Le statu quo sur le service public de l'eau potable en Guadeloupe n'était plus possible, donc les grands débats théoriques sur la décentralisation, sur la liberté locale (...) se heurtent à une réalité locale. Qu'est-ce que l'on dit à nos concitoyens lorsqu'ils ont payé leur facture d'eau depuis des années (...) et que ce service public est défaillant ?", a rétorqué le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu à certains députés critiquant le fait qu'on légifère au niveau national sur une question de gestion locale.

Mutualiser la ressource en eau

Car, si ce sont les communautés d'agglomérations qui sont compétentes en matière d'eau, celles de Guadeloupe n'ont pas les moyens de subvenir au financement de tous les travaux, tout comme la régie principale, le Syndicat intercommunal d'alimentation en eau et assainissement de la Guadeloupe (Siaeag), l'ensemble des finances locales étant grevées, par des masses salariales trop importantes, et d'important problèmes d'impayés.

Le syndicat mixte unique créée par cette loi réunira les cinq établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) existants ainsi que la Région et le Département dans le but de mutualiser la ressource en eau et la capacité d'investissement, pour "améliorer la qualité de service rendu aux usagers", a indiqué le ministre.

Mais pour mettre fin aux dysfonctionnements qui ont amené la crise à s'installer, ce nouvel organisme sera "administré par un comité syndical dans lequel les collectivités et les EPCI seront représentés à égalité par quatre sièges chacun", a indiqué Mme Benin en introduction. 

"Le principe de +l'eau paye l'eau+ reste le fondement de son financement (...) mais les dépenses supplémentaires seront financées à 50% par la Région et le Département, et 50% par les autres membres", a-t-elle ajouté.

La dette bancaire de la précédente structure de gestion de l'eau, le Syndicat intercommunal d'alimentation en eau et d'assainissement de la Guadeloupe (SIAEAG), qui sera dissoute, sera transmise à la nouvelle entité, mais les dettes fournisseurs seront reprises par les EPCI, pour que "le nouveau syndicat unique reparte sur des bases saines", selon M. Lecornu. 

Pour la même raison, le ministre des Outre-mer s'est engagé à trouver une solution pour chaque personne qui travaillait au SIAEAG.

Enfin, une commission de surveillance composée des associations d'usagers, d'associations de protection de l'environnement, et des chambres consulaires, pourra "formuler des avis" sur le fonctionnement du conseil syndical, a expliqué Mme Benin.

le Vendredi 29 Janvier 2021 à 06:02 | Lu 122 fois