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Les débuts compliqués de l’Autorité polynésienne de la concurrence


Jacques Mérot, le président de la toute nouvelle Autorité polynésienne de la concurrence.
Jacques Mérot, le président de la toute nouvelle Autorité polynésienne de la concurrence.
PAPEETE, 29 septembre 2015 - Le président de l’Autorité polynésienne de la concurrence recevait la presse lundi pour dénoncer des lenteurs dans la mise en place de son établissement. Au gouvernement, on s’étonne un peu agacé.

Jacques Mérot reçoit la presse dans un bureau provisoire, à Fare Ute au sein de la Direction générale des affaires économiques. Sa nomination comme président de l’Autorité polynésienne de la concurrence avait pris du temps. Aujourd’hui, il estime poussif le démarrage de cette autorité indépendante chargée de surveiller le marché polynésien et d’en arbitrer les pratiques commerciales, au regard des nouvelles dispositions réglementaires adoptées par l’assemblée.

Fin février, la loi du Pays sur la concurrence était promulguée. En mars, la nomination de Jacques Mérot validée en conseil des ministres tandis que l’arrêté du Président ne sera pris que quatre mois plus tard, en juillet. Ce temps particulièrement long, Jacques Mérot dit en faire maintenant les frais.

Il a donné les noms des personnes qu’il souhaite voir nommées au collège, quatre personnes en tout, le Président Fritch est d’accord. Mais sans nomination officielle, l’Autorité ne peut pas travailler, ce que regrette aujourd’hui Jacques Mérot. “Je n’imagine rien, je constate. Cela me retarde dans la mise en place de l’Autorité. C’est un point de blocage", explique-t-il. Les candidatures, pour le reste des membres de l’Autorité à recruter, ont été reçues ; une charte de déontologie doit être rédigée ; un rapporteur général doit être nommé ; des locaux définitifs doivent être trouvés ; les lignes directrices doivent également être fixées...", liste Jacques Mérot. Mais sans le collège, impossible d’avancer sur tous ces points.

La désignation des quatre membres du collège de l’Autorité indépendante semble pourtant être actée depuis mercredi 23 septembre. Mais vraisemblablement personne ne semble avoir pris le soin de tenir informé Jacques Mérot. Un membre du cabinet du Président Fritch nous assure qu’il s’agit de Julien Vucher-visin, chef du bureau des études à l’Institut de la statistique en Polynésie française, de Maiana Bambridge, fonctionnaire, ancienne directrice de la Caisse de prévoyance sociale (1997-2004), de Jean-Christophe Lau, cadre commercial d’un concessionnaire automobile local, et de Florent Venayre, maître de conférences en sciences économiques à l’UPF et coauteur en 2013 avec Christian Montet de l’essai "La concurrence à Tahiti, une utopie ?". Mais pour l’heure cette information est officieuse faute d’une publication au Journal officiel de la Polynésie française.

Y aurait-il déjà un problème de communication entre le gouvernement et la toute nouvelle Autorité polynésienne de la concurrence ? Teva Rohfritsch, le ministre de la Relance économique, s’est étonné mardi de la sortie médiatique de Jacques Mérot, la veille : "Je ne comprends rien à ses déclarations", nous a-t-il déclaré. "C’est lui qui a choisi l’ensemble des membres du collège, le gouvernement n’a rien dit. Cela suit le rythme normal des dossiers. Son attitude est d’un autre temps".

La veille, Jacques Mérot expliquait à la presse qu’il évalue son budget à 200 millions Fcfp pour 2016 pour "la rémunération de 13 personnes de haut niveau et la mise en place de la structure. Lorsqu'on compare aux structures équivalentes, et notamment l'Autorité nationale de la concurrence, c'est tout à fait équivalent". D'une simple question, le ministre de la Relance économique balaye cette ambition : "200 millions alors que tous les services du Pays se serrent la ceinture ?".

La mise en place de l’Autorité polynésienne de la concurrence prend trop de temps pour Jacques Mérot, faux rétorque le gouvernement.
Depuis février 2015 et la publication de la loi du Pays sur la concurrence, pourtant, en tout et pour tout quatre publications ont été portées au Journal officiel. Il s’agit d’un erratum à la loi du Pays et de trois arrêtés (le 9 juillet, nommant Jacques Mérot à la présidence de l’Autorité ; le 5 août, fixant les règles relative à l’installation et au fonctionnement de l’Autorité polynésienne de la concurrence jusqu’à sa constitution ; et le 10 septembre, créant la partie arrêtée du code de la concurrence de la Polynésie française).

Le président de l’Autorité a été invité à la présidence pour s’expliquer. L’occasion pour tout le monde de reprendre position sur des bases nouvelles. Et ce ne sera pas du luxe : Jacques Mérot est nommé de manière irrévocable, pour présider l’Autorité polynésienne de la concurrence jusqu’en juillet 2021.

Rédigé par JPV avec LR le Mardi 29 Septembre 2015 à 14:52 | Lu 2028 fois