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Législatives: à Paris, une droite déconcertée se raccroche à 2026


Philippe LOPEZ / AFP
Philippe LOPEZ / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 27/06/2024 - L'Hôtel de Ville comme un phare dans le brouillard: la droite parisienne, déstabilisée par le ralliement à Renaissance de Rachida Dati, la dissolution et l'alliance d'Eric Ciotti avec le Rassemblement national (RN) pour les législatives, se raccroche à l'espoir d'une victoire aux municipales en 2026.

"Pour nous, c'est le chant du cygne." Candidat LR dans la 7e circonscription, dans le centre de Paris, Aurélien Véron en est persuadé: "on fait notre dernière campagne avec LR".

"Ce qu'a fait Ciotti est irréversible", dit à l'AFP ce conseiller de Paris, dont le camp est "secoué" par la tempête politique née des européennes.

Des propos qui font bondir Agnès Evren, présidente de la fédération parisienne du parti. "Les Républicains de Paris resteront une force politique incontournable en vue de l'alternance" dans la capitale, assure-t-elle.

Chez les LR parisiens, qui espèrent regagner leurs deux sièges perdus en 2022, la campagne est tendue.

Pas tant en raison de l'alliance prônée par Eric Ciotti: dans une ville où le RN n'est arrivé qu'en sixième position (8,54%), très loin de son score national, les partisans de "l'union des droites" se comptent sur les doigts d'une main.

Et même dans le XVIe arrondissement, bastion de la droite où RN et Reconquête ont cumulé un quart des voix aux européennes, "il n'y a pas de risque" que l'extrême droite l'emporte, a affirmé mardi le sénateur et ex-maire d'arrondissement Francis Szpiner, partisan d'une ligne ni RN, ni Renaissance.

- "L'alternance" comme mot d'ordre -

Fin mars, M. Szpiner avait créé son propre groupe LR et centristes au Conseil de Paris, refusant de suivre le rapprochement imposé par Rachida Dati, nommée ministre de la Culture, avec la majorité présidentielle.

Avec la dissolution, celle qui était depuis 2000 la candidate naturelle de la droite pour les municipales de 2026 est allée plus loin dans cette alliance: Jean Laussucq, son adjoint à la mairie du 7e arrondissement, a été investi par Renaissance dans la 2e circonscription.

"On a proposé un rassemblement qu'on pourrait proposer demain à Paris" avec "toutes les forces qui veulent l'alternance", explique à l'AFP M. Laussucq, dont le suppléant est un conseiller de Gabriel Attal. Et face à qui LR n'a investi aucun candidat.

Ex-LR, M. Laussucq doit toutefois se débarrasser d'une foule d'adversaires au centre et à droite: le député sortant Gilles Le Gendre, un "marcheur" historique, la candidate LR de M. Szpiner, Félicité Herzog, et celui de Nouvelle Energie, le parti de David Lisnard, Romain Marsily.

Pour M. Szpiner, "le choix est clair" face aux candidats "qui veulent entretenir de la confusion", dit-il en visant à la fois les pro-RN et les pro-Renaissance.

- "Ils risquent d'attendre" -

Si le champ libre laissé par LR à Renaissance dans cette circonscription n'a pas suscité de débat en public, le fait que la ministre aille soutenir des candidats Renaissance hors de Paris plutôt que des candidats LR dans la capitale est mal vécu en coulisses.

"Avec Agnès Evren, on se sent un peu seules pour gérer les 17 candidats (18 circonscriptions, moins la 2e, NDLR) à Paris", déplore la sénatrice Catherine Dumas, qui a succédé à Mme Dati à la tête du groupe d'opposition municipale Changer Paris.

"Des candidats investis par LR pensaient pouvoir afficher le soutien et la photo de Rachida sur leur tract. Ils attendent encore et risquent d'attendre longtemps", grince une autre élue.

Les partisans LR de Mme Dati soulignent eux, à l'image de David Alphand, que "la nécessité de rassemblement" est renforcée par les scores du "bloc de droite" composé de Valérie Hayer et François-Xavier Bellamy, qui "a beaucoup mieux résisté" à Paris (environ 28%) que sur le territoire national (22%).

Et si la maire du 7e arrondissement, en tête dans les sondages ces derniers mois face à Mme Hidalgo, doit quitter la rue de Valois en cas de défaite du camp présidentiel, "son image reste une image de leader à Paris", souligne M. Véron.

le Jeudi 27 Juin 2024 à 06:17 | Lu 382 fois