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Le premier comité stratégique de la mer en marche


Après avoir rencontré les jeunes du RSMA, Hervé Berville a été accueilli, à la présidence, par le président du Pays Moetai Brotherson ainsi que du ministre en charge du secteur primaire, Taivini Teai. Crédit photo SD
Après avoir rencontré les jeunes du RSMA, Hervé Berville a été accueilli, à la présidence, par le président du Pays Moetai Brotherson ainsi que du ministre en charge du secteur primaire, Taivini Teai. Crédit photo SD
Tahiti, le 13 novembre 2023 – Le président du Pays, Moetai Brotherson, et le secrétaire d'État chargé de la mer, Hervé Berville, ont signé, ce lundi à la présidence, une convention pour officialiser le tout premier comité stratégique de la mer avec une gouvernance plurielle “inédite” d'ici le début de l'année. Ce document sera finalisé d'ici six mois, le temps que les études sur la formation et le futur campus des métiers de la mer ne soient terminées.
 
“C'est la première fois qu'on a une intention politique, un accord de cette nature (...) mais nous ne partons pas de rien non plus.” Par la signature, lundi, d’une convention pour officialiser le tout premier comité stratégique de la mer, amenée à évoluer mais dont les bases ont été jetées dans le respect des compétences de chacun “il y a déjà six mois”, le secrétaire d'État Hervé Belville a souhaité ainsi marquer l'engagement de l'État dans son ambition d'aller plus loin en matière de politique maritime. Des actions à mener main dans la main avec le Pays et c'est justement une “volonté partagée” avec le président Moetai Brotherson qu'il connaît bien pour avoir siégé avec lui en tant que député sur les bancs de l'Assemblée nationale.
 
La Polynésie représente 50% de l'espace maritime français et elle est au “cœur des enjeux de souveraineté économique”, a encore souligné Hervé Belville, rappelant que “90% des données qui sont dans notre téléphone portable traversent par les câbles sous-marins”. Un exemple assez parlant pour expliquer qu'au-delà d'agir pour faire face au changement climatique et protéger la biodiversité, développer l'économie maritime doit aussi être une priorité sur laquelle il faut travailler.
 
Actions concrètes autour de trois piliers
 
Cette convention prévoit donc de lancer des actions très concrètes autour de trois piliers qu'il a déjà évoqués depuis son arrivée en Polynésie.
 
D'abord, le développement de l'économie maritime locale avec un seul mot d'ordre, la formation, et le projet du Pays de mettre en place un campus des métiers de la mer. “C'est un projet que nous allons accompagner avec une étude qui durera six mois pour définir vraiment les besoins.” Deuxième pilier : les infrastructures maritimes et portuaires comme le dock flottant par exemple, ou encore l'accompagnement pour la transition énergétique des navires, en passant par les infrastructures de signalisation maritime comme la rénovation des phares (l'État a d'ailleurs financé les études pour le phare de Mahina). Enfin, le troisième pilier, et non des moindres, concerne l'enjeu de la protection de nos océans et “le combat commun contre l'exploitation minière des fonds marins”, l'idée étant de continuer “sur la protection de notre souveraineté économique”.
 
Une gouvernance “inédite” et multiple
 
Concernant le calendrier, ce protocole ayant été signé ce lundi, la prochaine étape est donc attendue “dans six mois” avec “les résultats de l'étude sur la formation” qui seront livrés, a expliqué Hervé Berville qui insiste encore sur ce point. “La clé de tout ce que nous allons faire, c'est la formation.” Il l'a dit lors de ses visites au centre des métiers de la mer dans la matinée ou encore avec les jeunes du RSMA dans l'après-midi. “Il y a des taux d'insertion incroyables. Ce qui nous manque, ce sont des formateurs et il faut que l'on arrive à identifier des solutions adaptées à ce territoire.”

Il a également annoncé qu’“une nouvelle gouvernance avec un comité stratégique de la mer qui, pour la première fois, réunira le Pays, l'État, le cluster maritime et les acteurs privés, et aussi les scientifiques” sera mise en place. “Ça sera une gouvernance inédite pour répondre aux enjeux maritimes de la Polynésie”, s'est-il réjoui. Quant à savoir quand ? “Le plus tôt sera le mieux” évidemment mais l'ambition est aussi de “pouvoir suivre les résultats” avec le président Moetai Brotherson, donc “d'ici le début de l'année” prochaine.
 
Moetai Brotherson ménage le suspense
 
Le président du Pays, de son côté, a d'abord rappelé qu'il a été “porteur” du programme du Tavini qui affichait clairement ses ambitions dans ce secteur, mais que “rien n'était couru d'avance”, même s'il connaissait déjà Hervé Berville. “Je lui ai exposé les grandes lignes de notre stratégie maritime qui rejoint aussi notre stratégie touristique (..) et j'ai été agréablement surpris”, a-t-il déclaré, même s'il n'en doutait pas.
 
À l'heure où le budget du Pays pour l'année 2024 est bouclé puisqu'il doit passer par la sanction de l'assemblée les 6 et 7 décembre prochain, le président du Pays n'a toutefois pas souhaité nous faire d'annonce en matière de crédits dévolus pour ce secteur. “J'ai un comité de majorité mercredi et jeudi, alors si je vous annonce quoi que ce soit aujourd'hui, je vais me faire étriper par ma majorité, donc il va falloir attendre un peu”, nous a-t-il répondu avec un large sourire.

Plus sérieusement, “il faut d'abord définir le besoin, les objectifs, ensuite on met en place la méthode pour y arriver, et ce n'est qu'ensuite qu'on peut mettre des chiffres en face de chaque action (...) sur une partie on sollicitera le concours de l'État, une partie sera prise directement en charge par le Pays, et puis peut-être sur une autre partie, on aura des coopérations régionales et internationales sur des pays comme la Corée du Sud et Singapour qui se sont montrés intéressés à venir coopérer sur ces domaines du maritime”, a développé le président du Pays qui “ne s'interdit aucune piste”.  

Rédigé par Stéphanie Delorme le Lundi 13 Novembre 2023 à 18:47 | Lu 2062 fois