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Le ministre de la santé veut rattraper les "errements" de la politique sanitaire du Pays


Le ministre de la santé veut rattraper les "errements" de la politique sanitaire du Pays
Le ministre de la santé Charles Tetaria réagit dans un communiqué aux propos critiques tenus à l'encontre du système de santé polynésien par les invités de l'émission "A Parau Mai" sur Polynésie Première. Il affirme être conscient des "défauts de notre système de santé", et affirme qu'il s'emploie à une réorganisation structurelle qui prendra du temps.

En réponse aux inquiétudes du syndicat des médecins libéraux, qui expliquait à Tahiti Infos le risque d'un déconventionnement général en cas de baisse du tarif des actes médicaux par la CPS, il appelle ces derniers à être "raisonnables". Voici son courrier dans son intégralité :

"Tout d’abord, les défauts de notre système de santé sont connus depuis de nombreuses années et notamment clairement explicités dans le rapport de la cour des comptes de janvier 2011. Une réorganisation structurelle est en cours. Elle doit s’appuyer sur un plan stratégique de la santé et un schéma d’organisation sanitaire qui n’ont pas été réévalués depuis 10 ans. Le ministère s’emploie depuis six mois à combler ce retard.

Cette réorganisation s’inscrit dans un contexte de restriction budgétaire draconienne exigée par la situation économique. Le sauvetage de notre système d’assurance maladie financé par les cotisations sociales et le Pays passe par une réforme de fond qui a été une priorité du ministère depuis sa mise en place en avril 2011. Dans ce cadre, le ministre de la santé est très attentif au fait que l’effort soit supporté par tous mais épargne les personnes à faibles revenus.

Malgré les restrictions, le budget des programmes de prévention et d’éducation thérapeutique ont été maintenus en 2011. Ils représentent une enveloppe de 173 millions de FCP répartis entre le dépistage du cancer du sein (126 millions), la lutte contre la filariose (20 millions), la lutte contre les maladies transmissibles (5 millions), la prévention contre le suicide (5 millions) et la lutte contre les maladies non transmissibles (17 millions).

La lutte contre l’obésité et le diabète, définie comme priorité du gouvernement, se poursuit activement et a donné lieu à différentes actions de terrain en 2011 et tout récemment à une concertation avec les cantines scolaires et les snacks et roulottes dans le cadre du projet « Tamaa tano noa ».

Sur le plan de l’offre de soins, celle-ci doit être comprise comme un système comprenant l’offre de proximité, un niveau intermédiaire comme les hôpitaux périphériques ou les cliniques, et un niveau de dernier recours qui est le CHPF.

Ce dernier représente aujourd’hui environ 30% des dépenses de santé. Après la mise en service du nouveau site du Taaone, le CHPF a pris à sa charge en 2011 la gestion du site de traitement des déchets de Nivee. Il a également ouvert en 2011 un centre d’hébergement des malades (hospitel), soit une charge supplémentaire globale de 167 millions de FCP. Entre 2010 et 2011, le budget principal du CHPF est passé de 19,8 à 20,0 milliards et son budget global (incluant Nivee et le centre d’hébergement) est passé de 21,3 à 21,8 milliards, soit une augmentation de 2%. Bien que ces augmentations restent faibles, elles ne reflètent pas les diminutions imposées au service public en 2011 (-10%). En 2012, le CHPF devra prendre sa part de l’effort général de maîtrise des dépenses de santé.

La dispersion de la population polynésienne ne permet pas d’assurer le même niveau de soins sur toutes les îles. On peut néanmoins diminuer significativement les inégalités de prise en charge en améliorant l’offre de proximité (postes de secours, infirmeries, hôpitaux périphériques...etc). A cet effet, le gouvernement s’emploie à réhabiliter les structures de soins (réfections et reconstructions), à réorganiser la gestion des ressources humaines de la direction de la santé, à améliorer le niveau de formation sanitaire des agents publics et envisage à court terme de mettre en place des réseaux de soins notamment par le biais de la télémédecine et des mesures d’incitation à l’installation des professionnels privés en dehors de l’archipel de la Société.

En 2011, la Direction de la Santé continue à assumer ses missions malgré la suppression de 165 postes décidée par l’ancien gouvernement. A titre d’exemple, le cas particulier du poste de secours d’Aratika, cité dans les média : un nouvel agent sanitaire est en cours d’affectation et prendra ses fonctions le 10 octobre 2011. Concernant l’hôpital de Taravao, le problème de pénurie de médecins est lié à un défaut d’organisation récurrent connu de longue date. Ce problème sera résolu par le recrutement d’un quatrième médecin qui prendra ses fonctions aux urgences dans le courant de ce mois. Par ailleurs et contrairement à certaines allégations, la direction de la santé poursuit sa politique de recrutement de nouveaux médecins. Ainsi, sont prévus pour le mois de novembre les recrutement suivants : Rurutu (un médecin), Tubuai (2), Rikitea (1), Hao (1) et Ua Pou (1), un poste restant à pourvoir à Maupiti.

Concernant les hôpitaux périphériques, l’expérience a montré que l’activité hospitalière nécessitait une organisation particulière qui n’est pas celle de la Direction de la Santé actuellement et qui fait l’objet d’une réflexion avec le CHPF.

Enfin, s’agissant de l’offre de soins privée, le ministre de la santé et de la solidarité insiste sur la nécessaire complémentarité du privé et du public. Il engage en particulier les représentants des professions libérales à négocier avec la CPS de nouvelles conditions d’indemnisation raisonnables tenant compte de l’impératif de maîtrise des dépenses de santé. Un éventuel déconventionnement collectif n’est pas souhaitable du point de vue du gouvernement.

En conclusion, le nouveau ministre de la santé et de la solidarité a bien pris la mesure de sa mission. Il s’agit de rattraper les errements de plusieurs décennies d’une politique sanitaire et sociale mal définie. La difficile réforme à mettre en oeuvre nécessitera la participation constructive de tous et en particulier des professionnels concernés.


Charles TETARIA

le Vendredi 7 Octobre 2011 à 15:22 | Lu 1139 fois