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Le bras de fer continue entre Marisol Touraine et les médecins, des compromis possibles


Paris, France | AFP | mardi 06/01/2015 - Le bras de fer entre la ministre Marisol Touraine et les médecins libéraux se poursuivait mardi avec une nouvelle journée de grève des généralistes, malgré une reprise des discussions laissant entrevoir de possibles compromis.

Plus de la moitié des cabinets de généralistes étaient fermés mardi, selon leur principal syndicat MG France, à l'origine de la grève.

Dénonçant un "malaise profond", le syndicat entend remettre la profession sur le devant de la scène, dans un contexte de grogne générale des professionnels de santé mais aux revendications disparates.

"Notre mouvement n'est pas contre la loi santé, le problème essentiel c'est la disparition lente de la médecine générale", a ainsi assuré le président de MG France, Claude Leicher, lors d'une conférence de presse à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.

L'ensemble des médecins libéraux avaient déjà été appelés à garder porte close pour toute la durée des fêtes de fin d'année, pour protester contre le projet de loi santé, mais aussi pour demander des revalorisations tarifaires, dont une consultation à 25 euros pour les généralistes, refusées par le gouvernement.

Maintenant la pression, les syndicats appellent depuis à diverses formes de mobilisation, comme une grève administrative, passant notamment par le boycott partiel de la carte Vitale dans les cabinets pour engorger les services de la Sécu.

Dans les cliniques, les praticiens poursuivaient aussi leur grève, lancée notamment par le Bloc (chirurgiens), qui revendiquait 6.500 grévistes lundi soir, sur un total de 42.000. Un mouvement cette fois exclusivement axé contre le projet de loi santé, accusé de nuire à l'exercice libéral.

Dans la matinée, Marisol Touraine a de nouveau exclu tout recul sur la généralisation du tiers payant, "socle" de son texte, qui cristallise les tensions chez les libéraux. "Evidemment qu'il sera maintenu", a-t-elle insisté, tout en réitérant la promesse d'un système "simple", "rapide et efficace".
- Des 'progrès considérables' -

Mais si certains syndicats restent totalement opposés à la généralisation de la dispense d'avance de frais, d'autres montrent des signes d'ouverture.

MG-France "n'est pas contre", "mais veut une praticabilité simple", explique ainsi Jacques Battistoni, son secrétaire général.

Le syndicat serait prêt à des compromis si l'idée d'un seul payeur était retenue: l'assurance maladie paierait les médecins et se tournerait ensuite vers les 500 mutuelles existantes pour récupérer leur part. Son président Claude Leicher devait rencontrer mardi la ministre en fin d'après-midi.

Mercredi, ce sera au tour du président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) Jean-Paul Ortiz, qui a assuré à l'AFP accepter le principe d'une "dispense d'avance de frais", à certaines conditions.

Proposant "une porte de sortie" au gouvernement, Jean-Paul Ortiz se dit favorable à "un paiement monétique à débit différé santé" en collaboration avec les banques, "une solution moderne qui matérialise le paiement".

"Je sens bien que Marisol Touraine bloque" sur le tiers payant, "tout aussi bien que les médecins", prévient-il néanmoins.

Les discussions seraient par ailleurs en bonne voie sur d'autres points litigieux du projet de loi. La ministre s'est félicitée mardi de "progrès assez considérables", rappelant que des "articles" de son texte allaient "être aménagés et réécrits" notamment "sur la manière dont on organise les relations entre les professionnels dans les territoires". Les médecins redoutent un pouvoir accru des Agences régionales de santé (ARS).

"Le travail est en train de se faire d'une manière qui permette de lever les ambiguïtés", a assuré Marisol Touraine.

L'opposition semble, quant à elle, décidée à profiter de cet énième front de contestation.

Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, a prévu de rencontrer des responsables du monde de la santé, à l'instar de Claude Leicher mardi, et de Jean-Paul Ortiz mercredi, pour "discuter de la situation actuelle".

Fin décembre, son parti avait réclamé le retrait du projet de loi santé, dont l'examen par le Parlement a été repoussé au printemps.

Rédigé par () le Mardi 6 Janvier 2015 à 06:09 | Lu 162 fois