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Le bonheur est dans le prêt


© Adie
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Tahiti, le 4 avril 2023 – L'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) a dressé, ce mardi, devant ses partenaires en Polynésie, le bilan de la première année de son plan 2022-2024 et ses perspectives pour l'année 2023. Près de 2 400 projets ont été financés l'année dernière pour un montant total de 1,7 milliard de Fcfp.
 
L'Association pour le droit à l'initiative économique a organisé, ce mardi matin, le comité de pilotage de ses partenaires en Polynésie française. L'occasion de leur présenter le bilan de la première année de son plan 2022-2024 et ses perspectives pour l'année 2023. Un bilan “très positif”, selon la directrice de l'Adie en Polynésie, Wendy Mou Kui. “On a pu avoir une croissance d'activité de plus de 21% par rapport à 2021. On constate un engouement des Polynésiens à créer ou développer leur activité professionnelle. Malgré la crise sanitaire, ils ont envie de rebondir, de se prendre en main et d'être autonomes.” Depuis 2009, 13 711 entrepreneurs ont été financés avec près de 7,2 milliards de Fcfp injectés dans l’économie locale, dont 2 378 rien qu'en 2022 pour un montant total pour l'année écoulée de 1,7 milliard de Fcfp, avec une moyenne de 643 000 Fcfp par prêt. Les porteurs de projet entreprennent dans des domaines aussi variés que l'agriculture, qui représente à lui seul 24% des projets, suivi des prestations de services, la restauration et l'hôtellerie, la pêche, l'artisanat, le commerce sédentaire, puis dans une moindre mesure, le bâtiment et les arts, la culture et les loisirs.
 
L'Adie poursuit un objectif s'adresse aux porteurs de projets qui ont des difficulté d'“accès au capital” et ne peuvent pas bénéficier de prêts classiques par les établissements de crédit. L'association entend donc les “aider à réaliser leurs rêves” en leur donnant les moyens pour démarrer leur activité. C'est le cas notamment de Philippe Ma'a, artisan graveur sur nacre, qui a bénéficié en septembre dernier d'un microcrédit de 550 000 Fcfp. “Je n'avais pas de moyens pour m'acheter du matériel pour commencer. Ce microcrédit a été suffisant pour avoir tout mon matériel.” En 2022, 30% des porteurs de projet étaient âgés entre 18 et 30 ans, 40% étaient sans diplôme et 40% étaient issus du régime de solidarité au moment de leur demande de crédit.

Accompagnement personnalisé

Les microentrepreneurs peuvent bénéficier d'un prêt d'un montant maximum d'1,4 million de Fcfp pour les nouveaux clients et 1,8 million de Fcfp pour les clients en renouvellement. Et l'avantage pour les porteurs de projet, c'est que cela peut aller très vite. “Si tout le dossier est prêt, la commission de crédit peut se réunir le jour-même ou le lendemain avec une réponse et le prêt est décaissé sous huit jours maximum”, explique Wendy Mou Kui. Le remboursement peut s'étaler jusque 48 mois maximum. Le taux du crédit est, quant à lui, de 9,71%. “Mais il faut dire que l'impact du taux d'intérêt n'a pas d'incidence sur les porteurs de projet, parce que c'est un coût toléré par eux”, précise la directrice. “C'est le coût de l'accompagnement des porteurs de projet.” En effet, la spécificité de l'Adie est de proposer, en plus d'un accompagnement financier, “un accompagnement gratuit en gestion et en organisation d'entreprise” avec “un coaching et des conseils pour mieux se prendre en main en tant que chef d'entreprise”. D'ailleurs, Philippe Ma'a est très satisfait de l'accompagnement qu'il reçoit. “Je suis toujours suivi pour l'amélioration de mon business. J'ai une très bonne conseillère, elle m'a toujours bien conseillé malgré mes difficultés. Elle m'a donné de nombreuses clés pour m'en sortir.

Proximité, militantisme, efficacité et collaboration

L'Adie veut aller toujours plus loin pour aider les petits entrepreneurs. “On peut encore s'investir davantage pour accompagner ce public fragilisé”, a confié la directrice de l'association. C'est dans cet optique que l'association a lancé l'année dernière son plan stratégique 2022-2024, qui s'articule autour de quatre axes : une Adie proche des entrepreneurs, une Adie militante, une Adie efficace et une Adie collaborative. Ainsi, pour plus de proximité, l'Adie déploie des antennes dans les îles et développe ses actions sur le terrain en partant à la rencontre des jeunes notamment pour leur proposer un “coup de pouce” ou encore en dépêchant une conseillère mobile pour se rendre dans les différents atolls des Tuamotu pour “faire profiter à tous des mêmes services”. L'Adie travaille aussi pour une transition écologique inclusive pour ses clients, en les aidant par exemple à investir dans des modes de transport plus verts, mais développe également des dispositifs de suivi de l'empreinte carbone qui doivent être lancés cette année. En plus des microcrédits, l'Adie a distribué l'année dernière 169 primes de 360 000 Fcfp chacune à des porteurs de projet pour qui les conditions étaient d'être âgés de moins de 30 ans, être sans diplôme ou issus des quartiers prioritaires. Ce dispositif, porté conjointement avec l'État “pour permettre de valoriser le travail indépendant et permettre aux jeunes de s'insérer socialement”, sera de nouveau déployé cette année, mais avec un montant revu à la baisse –120 000 Fcfp– afin de pouvoir distribuer plus de primes. Enfin, pour le volet collaboratif, l'Adie souhaite mettre en place un “club clients” afin qu'ils puissent échanger entre eux. Dans le cadre de ce plan, qui s'étale sur trois ans, l'association a également sélectionné 105 projets, dont 80% ont été lancés l'année dernière, les autres devraient suivre cette année.
 
L'Adie, qui compte deux salariés et une quarantaine de bénévoles, souhaite poursuivre en 2023 les efforts déployés autour de ces quatre axes. “Nos perspectives, c'est d'être au plus proche de nos porteurs de projets, de permettre une meilleure efficacité et de répondre au mieux à leurs besoins, et d'agir au mieux pour promouvoir l'entrepreneuriat populaire en Polynésie française”, conclut Wendy Mou Kui.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Mercredi 5 Avril 2023 à 18:00 | Lu 1997 fois