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Le CESC désapprouve les modifications du RST voulues par le gouvernement


Lors de la réunion ce vendredi matin de la séance plénière du CESC.
Lors de la réunion ce vendredi matin de la séance plénière du CESC.
PAPEETE, le 11 juillet 2014. Après une matinée de débat et de discussion parfois un peu houleuse ce vendredi, les représentants du CESC ont voté contre le projet de loi du Pays concernant les conditions d’admission au régime de solidarité territorial (RST). Le gouvernement a rédigé un texte dans l’urgence en raison de « la situation financière largement déficitaire du RST ». La crise économique qui touche le territoire a fait exploser le nombre de personnes admises au régime de solidarité (RSPF ou RST), passant de 45 803 bénéficiaires en 2004 à 79 500 fin 2013. Quant au déficit de ce régime de protection, il atteignait fin décembre 2013 la somme de 4,8 milliards de Fcfp et risque de dépasser les 10 milliards de Fcfp «si une réforme structurelle n’est pas mise en place et si l’Etat refuse de contribuer au financement du RST, au titre de la solidarité nationale». Le texte du gouvernement propose pour l’instant de s’attaquer à la fraude : près de 8% des bénéficiaires du régime de solidarité pourraient ainsi en sortir.

Mais, pour les représentants du CESC et particulièrement pour les partenaires sociaux qui discutent depuis dix ans d’une réforme du système polynésien de la protection sociale, s’attaquer au seul problème du régime de solidarité est très insuffisant. «Il y a aujourd’hui plus de personnes au régime de solidarité que de salariés et maintenant on nous dit qu’on va lutter contre la fraude. Ça veut dire qu’avant on ne le faisait pas ?» s’interroge Christophe Plée de la CG PME. «Depuis dix ans nous demandons à réformer l’ensemble de la protection sociale polynésienne. Là on va dans le mur, on sait qu’on y va et on continue d’y aller». Du côté des syndicats, Laurent Betito du CSTP/FO critiquait pour sa part, le fond du texte. "Il y a une volonté rapide du gouvernement de faire sortir des gens de ce régime de solidarité. L'article LP 10 du texte dit que le régime par défaut à l'avenir sera le RNS, le régime des non salariés, c'est donc une remise en cause fondamentale de notre protection sociale. La meilleure des protections sociales c'est l'emploi".

Les représentants du CESC ont ensuite discuté de trois amendements déposés avant la séance plénière. Le premier demandant à l’Etat de revenir participer au financement du RST par solidarité nationale a été adopté à l’unanimité. Les deux autres ont été rejetés. L’un proposait d’adoucir la conclusion de rejet du texte du gouvernement, l’autre signé de Luc Tapeta du Medef proposait au gouvernement «l’impérieuse nécessité de prendre en compte les recommandations » du CESC relatives à une réforme plus complète de la protection sociale polynésienne mais d’émettre un avis favorable. Ces deux derniers amendements ont été rejetés. Au final, le projet de loi du Pays a reçu un avis défavorable du CESC par 22 voix pour, 4 contre et 6 abstentions.


LUTTER CONTRE LA FRAUDE


L’urgence pour le gouvernement est avant tout d’ordre financier, car le déficit observé «génère de lourds retards de versements aux professionnels de santé et établissements de soins, de l’ordre de 4 à 6 mois, pouvant compromettre gravement l’exercice de leurs activités». Faute de moyens nouveaux pour abonder ce système de la protection sociale généralisée, l’action veut se concentrer avant tout sur la lutte contre la fraude. L’accès au RST doit être réservé aux seules personnes et couples dont les ressources ne leur permettent pas de verser une cotisation à un régime obligatoire (régime général des salariés, régime des non salariés ou Sécurité sociale).

Or, selon de récentes opérations de contrôles menées par la CPS (Caisse de prévoyance sociale) la fraude atteindrait près de 8% des effectifs. Aussi, «l’enjeu que représente l’élimination de la fraude ou, du moins sa réduction, est donc important en termes financiers». Le régime de solidarité n’étant ouvert qu’à des personnes qui ne peuvent être intégrées dans les autres régimes obligatoires, «les titulaires de carte professionnelle exerçant dans le domaine agricole ou ayant une licence d’exploitation des ressources maritimes devront être affiliées automatiquement au régime des non salariés (RNS) sauf à démontrer que leurs ressources se situent en deçà du seuil plancher». Ce seuil est actuellement de 87 346 Fcfp «un plafond qui présente le grave défaut de s’appliquer indifféremment aux personnes seules et aux personnes vivant en concubinage ou mariées ».

Le texte conçu par le gouvernement prévoit ainsi de préciser les conditions d’affiliation au régime de solidarité, une évaluation des ressources des personnes qui souhaitent en bénéficier. Il prévoit en outre des mesures de contrôle et précise les sanctions financières et administratives des fraudeurs qui peut conduire jusqu’à une radiation pour 3 ans du régime.

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 11 Juillet 2014 à 12:45 | Lu 1688 fois
           



Commentaires

1.Posté par ray le 12/07/2014 09:14 | Alerter
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quel sujet sensible... assainir les compte sans pour autant laisser les gens dans une misère sociale.
Il y a tant à dire sur le fonctionnement de la CPS.
En priorité appliquer une vrai politique de réduction de ses charges de fonctionnement pharaoniques... on a décrié le nombre même et les salaires de ses agents ce n'est plus un secret !
Les contrôles des cotisations.. bien sur qu'il faut qu'il soit draconiens cela se sait depuis longtemps mais qui contrôle quoi, à mon sens il y a trop d'incompétences (volontaire) ou de refus d'endosser cette responsabilité, on applique la politique de l'autruche (je me cache les yeux et je vois plus le danger venir)
La Polynésie c'est une grosse ville de métropole , moins de 300 000 habitants et avec tout le système administratif en place (au budget de fonctionnement énorme) on n'arrive pas à se gérer...
Bien sur il y a l'étendue du territoire dira t'on....., y a t'il déjà eu une réflexion sur des mesures à prendre afin de réduire les couts de la santé, organiser un vrai tour de spécialistes (gényco-dentistes ophtalmo- radiologie simple), bien structuré et régulier,, cela diminuerai considérablement les EVASAN et donnerai l'accès à tous avec le droit d'avoir une dentition basique (combien de jeunes édentés dans les atollls), une vision correcte, une vrai prévention des cancers du sein etc etc etc... pourquoi ne pas étudier la mise en place s'une structure mobile de campagne qui ferai le tour de notre territoire,.... investir pour moins dépenser..., limiter le flux migratoire des iles vers Tahiti où on s'entasse dans la misère alimentaire ( qui n'existe pas dans les atolls)

bref je sors su sujet..... mais je me révolte d'entendre toujours la même rengaine il n'y pas d'argent.., que l'on dépense moins dans le paraitre et le confort des dirigeants, que l'on arrête de surévaluer les rémunérations et l'importance de certains sous prétexte qu'ils sont de la "famille". 300000 habitants c'est une ville comme DIJON et on y trouve pas une présidence, une assemblée et une armée de service...

2.Posté par ponui le 12/07/2014 13:04 | Alerter
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ok avec p1; avant il y avait les taoté militaires qui faisaient les iles; le précédent gouvernement les a foutu dehors!(en toute conscience) La ministre de la santé actuelle a beau demander leur redéploiement , c'est peine perdue! Quand je pense qu'il y en a qui s'imagine que la métropole accompagnerai une incertaine indépendance!!!

3.Posté par OZZY le 12/07/2014 17:11 | Alerter
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Le problème là n'est pas celui du budget de fonctionnement de la CPS largement pris en charge par le le régime salarié (...) et qu'il faudrait réformer, mais il s'agit d'un système mis en place sans vision dans le temps (encore une invention de Flosse qui c'est tiré une balle dans le pieds comme c'est le cas du régime de retraite et de sa tranche B, merci Flosse) et forcément condamné à être déficitaire.

On veut vivre au dessus ne nos moyens et on vote à l'unanimité pour que le contribuable Francais paye pour nous nos décisions... la dessus comme par hasard tout le monde est d'accord, quelle hypocrisie ! Mais franchement, les contribuables français ne sont ils déjà assez surtaxés ?

Il faut contrôler les abus bien entendu et limité ce régime aux personnes vraiment incapable de travailler, etc

Bien entendu, qu'il faut réformer le système dans son intégralité, mettre en place le relais des mutuels de santé pour soulager la CPS, mais dans l'immédiat, il faut limiter les frais et renforcer les contrôles...

4.Posté par etienne le 13/07/2014 12:46 | Alerter
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D'accord avec post 1 et 3 mais cela a tellement été dit et redit qu'on se demande si finalement cette situation n'est pas voulue....

5.Posté par Popoti le 14/07/2014 05:51 | Alerter
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@ Ozzi,
Je reprend "Le problème là n'est pas celui du budget de fonctionnement de la CPS largement pris en charge par le le régime salarié" ??? je reste stupéfait par cette affirmation. Je me permet de rappeler que le régime salarié est alimenté principalement par des "smicards" ...... "smicards" qui ne cotisent pas pour payer entre autre les voyages des employés CPS et de leur famille.

Toujours le même problème, on cherche la paille dans l’œil du voisin. Bien sûr qu'il faut faire la chasse au travail au noir qui représente bien plus que les 8% annoncé (surtout dans les îles) et, bien sur, qu'il faut réformer l'accord d'établissement des agents de la CPS ainsi que ceux des administrations territoriales .

6.Posté par szym le 14/07/2014 13:23 | Alerter
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Quelques chiffres toujours contestés et contestables :
Population de la Polynésie = 270 000 habitants.
Cotisants au RSPF = 80 000 …. oui, oui cotisants et non habitants …..
tant que le nombre de travailleurs sera inférieur à celui des "non-travailleurs", la problématique persistera.