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La violence conjugale en Papouasie Nouvelle-Guinée à des niveaux "d'urgence", accuse HRW


Sydney, Australie | AFP | mercredi 04/11/2015 - Les violences contre les femmes de Papouasie Nouvelle-Guinée atteignent des niveaux "d'urgence", aggravés par la polygamie et les accusations de sorcellerie portées contre celles qui se plaignent, a accusé mercredi Human Rights Watch.

Dans un rapport publié à Sydney, l'association de défense des droits de l'Homme accuse aussi le gouvernement de ne rien faire pour protéger les victimes et pour poursuivre les auteurs de violences conjugales. Les victimes n'ont souvent d'autre choix que de continuer à vivre avec le conjoint qui les bat, ajoute HRW.

"Nous avons entendu les histoires les plus terribles", a déclaré Heather Barr, spécialiste des droits des femmes chez l'ONG. "Les femmes nous ont montré leurs cicatrices, qui résultaient de blessures par arme blanche, des os cassés, des dents manquantes, et elles ont raconté comment elles étaient forcées de retourner chez le mari qui les avait agressées, parce qu'elles n'avaient pas d'autre solution".

HRW, qui a interviewé 46 personnes, dont des victimes, pour rédiger son rapport, ne propose aucune évaluation statistique de ces violences conjugales mais assure qu'elles atteignent des niveaux "d'urgence".

L'ONG souligne aussi l'absence systématique de réaction adéquate de la part des autorités, de la police et de la justice, ajoutant que les femmes se retrouvent victimes de nouvelles violences même après avoir cherché de l'aide. Une loi datant de septembre 2013 prévoyant de nouvelles peines pour les auteurs de violences et des mesures de protection pour les victimes est restée lettre morte.

"Dans de nombreux cas étudiés, les abus étaient systématiques et duraient depuis longtemps", a déclaré Elaine Pearson, directrice pour l'Australie de HRW.

"Les femmes qui ont le courage de faire quelque chose se voient répondre: +retourne chez ton mari et ne fais rien la prochaine fois pour l'énerver quand il regarde le foot+", a-t-elle ajouté.

Des "pratiques nuisibles" comme la polygamie, les accusations de sorcellerie et la coutume qui veut que le mari verse une "dot" pour prendre une épouse, aggravent le problème, poursuit le rapport.

"Le mariage d'un homme avec une seconde épouse est souvent le signal du début des violences contre la première femme". La dot versée pour prendre une épouse, et que sa famille doit rembourser si celle-ci quitte son mari, "est le signe que les femmes sont une propriété" et les "isole de leur famille". Les maris violents "utilisent les accusations de sorcellerie pour faire taire et contrôler leur femme", ajoute le rapport.

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Rédigé par () le Mercredi 4 Novembre 2015 à 05:57 | Lu 817 fois