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La pêche sous surveillance renforcée


L'ouverture de la conférence maritime régionale hier matin au lycée hôtelier de Punaauia avec Bernard-Antoine Morio de l'Isle, commandant les forces armées en Polynésie française, le haut commissaire Lionel Beffre et Edouard Fritch, le président du Pays.
L'ouverture de la conférence maritime régionale hier matin au lycée hôtelier de Punaauia avec Bernard-Antoine Morio de l'Isle, commandant les forces armées en Polynésie française, le haut commissaire Lionel Beffre et Edouard Fritch, le président du Pays.
PAPEETE, le 28 janvier 2016. Tous les deux ans, la conférence maritime régionale réunit tous les acteurs polynésiens qui travaillent sur la mer. Forces armées et gendarmerie pour les contrôles et la sécurité, chercheurs pour les travaux menés en lien avec l'océan et bien entendu le Pays qui a la compétence sur la zone économique exclusive (ZEE). En ce qui concerne la pêche, les 5 millions de km2 de la ZEE sont-ils vraiment sous contrôle ? Et que se passe-t-il dans les eaux internationales limitrophes ?

Le pillage des ressources halieutiques de la Polynésie française est une fausse idée. Selon les responsables des forces armées locales, il n'y a plus eu d'infractions constatées dans les limites des 200 milles nautiques du Pays depuis 2009. Cette année-la la Polynésie cessait de délivrer des licences de pêche à des bateaux étrangers dans ses eaux territoriales. Une interdiction qui a grandement facilité la tâche des forces armées en matière de contrôle de la pêche.

Mais leur intervention se poursuit néanmoins à la limite de la ZEE dans les eaux internationales, au profit des organisations régionales de la pêche dans cette zone du Pacifique sud. Seuls les bateaux avec des licences WCPFC (Western & Central Pacific Fisheries Commission) peuvent pêcher dans les eaux internationales limitrophes de la Polynésie. Et en raison d'une ressource abondante, ils sont parfois nombreux autour des Tuamotu et des Marquises. Allant jusqu'au bout des limites imposées. Avec ce constat : "parfois la concentration de bateaux est telle, près d'une centaine, que l'on pourrait presque retracer la limite de la ZEE polynésienne en utilisant les différents points de positionnement de ces bateaux de pêche" indique Clément Jacquemin du Centre maritime commun à qui on a confié depuis plus d'un an désormais la police des pêches en Polynésie française.

UNE BARRIÈRE INFRANCHISSABLE ?

Des bateaux parfois nombreux donc mais en dehors de la ZEE polynésienne. Il faut dire que y compris dans ces eaux internationales les interventions de la marine française pour le contrôle des embarcations sont nombreuses et efficaces. Avec les données satellitaires désormais les interventions sont nettement plus ciblées auprès de bateaux, par exemple, dont les données du transpondeur (balise) disparaissent soudain sur des écrans radars. Mais elles se limitent à présent, le plus souvent, à constater des infractions administratives (journal de bord incomplet, équipement de balise muet) qui donnent lieu ensuite à des échanges de données avec les pays auprès desquels ces bateaux sont immatriculés. L'appui technique des équipements satellite a été considérable. En 2013, les 51 survols de la zone de pêche (ZEE et dans les eaux internationales) avaient permis le repérage de 216 bateaux de pêche, les avions opérant à l'aveugle sur une très vaste zone. En 2014, 42 sorties aériennes de Guardian ont permis le survol de 290 navires de pêche : le gain de productivité est très net.

"Les ressources pour la pêche sont importantes aussi bien dans la ZEE de la Polynésie française que dans la zone internationale proche, mais avec les contrôles qui existent depuis trois ans et le suivi systématique que nous enclenchons avec les pays concernés, plus aucun bateau ne se risque désormais à prélever du poisson dans les zones non autorisées" insiste encore Clément Jacquemin. Les relations sont désormais bien établies avec la Chine et Taiwan particulièrement qui n'hésitent pas à échanger les données sur les bateaux pris en faute administrative et sur les sanctions qui leur sont infligées ensuite (suspension du permis de pêche, interdiction de naviguer etc.) "C'est comme si désormais une sorte de barrière de protection était érigée tout autour de la ZEE polynésienne" indiquait le capitaine de frégate Ludovic Pierredon, chef du bureau mer des forces armées en Polynésie. Une barrière qui n'a plus été franchie au point qu'"il n'y a plus eu de constat d'infractions de pêche à l'intérieur de la Polynésie française depuis plusieurs années" poursuivait-il. En février prochain, l'armée disposera encore de nouveaux équipements de satellite avec des images plus précises et transmises plus rapidement. La campagne d'évaluation de ces nouveaux outils technologiques en 2014 et 2015 ayant apporté la preuve de leur utilité.


Parole à Bernard-Antoine Morio de l'Isle, commandant les forces armées en Polynésie française

Le Bougainville, le nouveau bateau de l'armée arrivera en novembre 2016

Au cours des années passées, la marine française en Polynésie française avait perdu des bâtiments avec la baisse régulière des effectifs militaires. Ce fut le cas en 2011 et 2012 avec les départs d'un patrouilleur et d'un "batral" (bateau de transport léger). Mais cette année 2016 verra l'arrivée d'un nouveau bâtiment, de nouvelle génération, un B2M (bateau multi-mission). Ce patrouilleur baptisé Bougainville sera dans nos eaux dans le courant du mois de novembre 2016.

"Le B2M a la capacité de bénéficier de deux équipages ce qui fait que son nombre de jour en mer passe à 200 jours par an, ce qui offrira des capacités d'emploi dans la ZEE de la Polynésie beaucoup plus importante. Un bateau de 1500 tonnes est tout à fait adapté aux missions de souveraineté dont nous avons besoin. C'est un bateau nettement plus automatisé avec seulement 32 personnes à bord. L'arrivée de ce bateau est une très bonne nouvelle pour la Polynésie et les forces armées ici. Il fallait remplacer des équipements vieillissants: numériquement nous allons remplacer le remorqueur Revi mais avec les deux équipages du Bougainville on aura beaucoup plus de possibilités qu'avec le Revi. Donc on remplace aussi d'autres bâtiments qui avaient été désarmés auparavant".

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 28 Janvier 2016 à 16:15 | Lu 946 fois