Tahiti, le 5 octobre 2024 - Ce vendredi 4 octobre, à la présidence de la Polynésie française, s’est tenue la deuxième édition du Rockstar e-sport championship. Rendez-vous incontournable des amateurs de jeux vidéos, l’événement met un point d’honneur à mettre en avant une communauté et un secteur encore sous-estimés et incompris.
À l’heure où les parents luttent désespérément contre l’addiction aux écrans de leurs enfants, difficile pour les jeux vidéos de se faire une place dans les représentations collectives. Chose d’autant plus vraie lorsque l’on tente d’expliquer que leur pratique est un sport à part entière où il est désormais possible de faire carrière. Pourtant, les faits sont là : « Les choses évoluent et les métiers changent » assure Maiti Rossoni, directeur des agences Salt Event et Exotic Garden, et organisateur de l’événement. « Aujourd’hui ce n’est plus nécessairement un loisir, c’est un sport où les gens s’entraînent, des heures durant, mais ce n’est hélas pas encore très bien compris des parents. Pourtant, il est possible de faire carrière. En 2024, c’est 1,5 milliards de dollars qui ont été générés par le e-sport dans le monde, et en France, on compte pas moins de 10 millions de personnes qui regardent des vidéos de streaming sur les jeux vidéos. C’est énorme. D’ailleurs, certains parents sont venus me voir ce soir pour me demander si les gagnants allaient réellement remporter 150 000 francs en cas de victoire, parce qu’ils sont choqués de voir que l’on gagne autant à une compétition de jeux vidéos que de va’a, ou que n’importe quel autre sport au fenua. »
Un détail qui a son importance. Car après des décennies, l’ensemble des sports dits « traditionnels » peinent encore à se professionnaliser sur le territoire. À l’exemple du Va’a, du Football, et du Surf, qui sont pourtant les sports les plus pratiqués au fenua, mais dont les champions ne peuvent en vivre pour la plupart. Une tendance que le E-sport pourrait bel et bien inverser en très peu de temps au vu des prize money déjà conséquents après seulement deux ans de tournoi officiel. D’autant que, selon le ministère des sports et de la jeunesse, représenté ce soir là par Lionel Lao, environ 80% de la jeunesse serait concernée par la pratique quotidienne des jeux vidéos. Un chiffre qui fait réfléchir quant au potentiel de ce secteur en Polynésie. En tout cas, pour l’organisation, il ne fait aucun doute que le meilleur reste à venir : « L’année dernière nous avions eu une centaine de participants, cette année nous en avons eu 250. C’est magnifique. Nous avons la chance que le gouvernement comprenne notre communauté et nos attentes, on lui en remercie. Pas sûr que l’année prochaine le chapiteau de la présidence suffise, il faudra peut être penser à déplacer l’évènement à To’ata. On y réfléchit déjà. »
Du côté des athlètes, la compétition a été prise très au sérieux et a suscité de vives émotions chez leurs participants : « C’est une victoire qui me touche beaucoup, je reviens de loin » explique en larme Tavita Akuila, alias « Firecross », vainqueur au jeu de combat Tekken 8. « Cette victoire c’est pour les copains. J’avais promis de leur rendre honneur en utilisant leur personnage favori King. Je suis heureux de l’avoir fait et de partager ça avec tout le monde, d’être monté sur scène et tout…C’était incroyable, une première pour moi. Je pense également à mon oncle Marius, c’est lui qui m’a fait jouer à Tekken 3, j’étais très jeune. Aujourd’hui c’est beau de voir un tel évènement. En tant que « gamer », je suis très content de voir le e-sport se démocratiser. J’ai hâte la suite. »