Tahiti Infos

La déroute du V6, les explications de Kevin CJ


Le rameur de Huahine a ajouté un nouveau titre à son long palmarès
Le rameur de Huahine a ajouté un nouveau titre à son long palmarès

APIA, le 10 juillet. Les deux quatrièmes places de notre sélection de Tahiti en V6 et V12 sur 500 mètres lors des Jeux du Pacifique 2019 ont soulevé de nombreuses questions. Kévin Céran-Jérusalémy, champion du monde de va'a vitesse (2018) comme de va'a marathon (2017) a bien voulu répondre à nos questions, sans langue de bois. Parole de champion.

 

Les deux quatrièmes places de la sélection de Tahiti en V6 et V12 sur 500 mètres ont fait l'effet d'une bombe. Du jamais vu en va'a, discipline reine en Polynésie française. Mais que s'est-il donc passé ? La sélection était-elle la meilleure possible ? Les meilleurs rameurs polynésiens se désintéresseraient de ce type de manifestation, préférant les courses locales ? Les sélectives, les Jeux de Polynésie, avaient été remportées par six rameurs Marquisiens, composant la moitié de la sélection.

 

Suite à certaines rumeurs pointant du doigt la présence des Marquisiens, leur coach Rataro a tenu à préciser qu'il n'y avait qu'un seul Marquisien sur la pirogue V6 qui concouru pour le 500 mètres, il a précisé également qu'ils avaient travaillé sérieusement, en collaboration avec David Tepava venu aux Marquises plusieurs fois pour coacher cette sélection et que les chronos étaient bons. Non, le problème viendrait d'autre chose mais quoi ? Kévin Céran-Jérusalémy, médaillé d'or en V1 sur 500 mètres et appelé en renfort tardivement en V12 et V6, a bien voulu nous aider à y voir plus clair. Parole de champion. SB


Kévin Caran-Jérusalémy a bien voulu nous donners quelques explications
Kévin Caran-Jérusalémy a bien voulu nous donners quelques explications

Parole à Kévin Céran-Jérusalémy :

 

Une large victoire en V1 ?

 

« C'était le but, de gagner, je ne suis pas venu jusqu'ici pour rien. Mon objectif était de représenter la Polynésie dans la catégorie V1 500 et longue distance. Juste hier, je suis monté sur la V6 et je ne vais pas le cacher, déjà dans les séries on a pas eu cette bonne sensation de glisse. La preuve, les Calédoniens ont eu les meilleurs temps dans les séries et ils ont prouvé aujourd'hui lors de la finale qu'ils étaient supérieurs à nous, meilleurs que nous, plus prêts, on va dire. »

 

Qu'est ce qui a manqué à ton avis ?

 

« Le manque de cohésion. On a beau avoir, comme tous les coachs le soulignent, les meilleurs rameurs du monde, le champion du monde sur un V6, s'il n'y a pas cette unité-là, s'il n'y a pas ce « tahoe », on ne peut pas gagner. La cohésion, c'est la confiance entre nous, c'est avoir l'esprit d'équipe, être unis pour ne faire qu'un sur le va'a, c'est ça la cohésion dans notre sport qu'est le va'a. »

 

Je t'ai entendu déplorer les critiques subies suite à la 4e place en V12 ?

 

« On est sportifs, en sport il y a toujours un gagnant et un perdant. C'est un peu décevant voir notre peuple maohi cracher sur leurs frères, on va dire. Je vous demande juste d'encourager nos gars, de nous encourager pour que l'on puisse aller chercher le meilleur de nous-mêmes pour les courses à venir, de croire en nous et en ces petits jeunes qui ont bien voulu faire partie de la sélection de Tahiti parce que des sacrifices ont été faits. Je souligne que la défaite, cela a été le manque d'entrainement aussi, le manque d'entrainement ensemble. Ce type d'erreur ne sera pas à reproduire les prochaines fois. »


Kévin Céran Jérusalémy est venu tardivement renforcer l'équipe
Kévin Céran Jérusalémy est venu tardivement renforcer l'équipe

Nous avons sélectionné les meilleurs rameurs de Tahiti ?

 

« Le problème à Tahiti, c'est que nous avons trop de courses, comme notre coach Philippe Bernadino nous l'a dit hier. En tant que Tahitien, si je dois choisir entre un Te Aito, un Super Aito, un Tiurai et venir ici, je préfère choisir le Te Aito, il y a plus d'argent à gagner qu'en venant ici aux Jeux représenter notre pays. Après, c'est un travail à faire entre la fédération et les organisateurs de courses de va'a pour que l'on puisse se préparer au minimum un mois avant de venir aux Jeux, en se concentrant que sur la sélection, avec un maximum de courses avant pour réunir les meilleurs de Tahiti. Quand tu as un seul objectif, tu te concentres sur celui-là, quand tu en as plusieurs, c'est plus compliqué. Il y a des choix à faire après. »

 

Ne faudrait-il pas mieux prendre un club ?

 

« On a eu des sélections lors des Jeux de Polynésie, les Marquises avaient gagné, c'est ce qui a déterminé la sélection. Ensuite, on a choisi quelques juniors et séniors de Tahiti et des îles pour compléter. Ce n'est pas de notre faute, c'était un travail d'équipe qu'il fallait préparer bien avant. Les Jeux, ce n'est pas rien, c'est tous les quatre ans. On pouvait très bien préparer un programme sur quatre ans pour les Jeux à venir. La cohésion, dont je parlais s'acquiert en travaillant ensemble. »

 

Un dernier mot, un remerciement ?

 

« Je tiens à remercier la population de Tahiti qui nous soutient. Merci aussi à la population de Huahine et de Fare, ma commune, à ma petite famille et à mes sponsors. Merci à vous tous, cette première médaille d'or est pour vous. » Propos recueillis par SB

 


Rédigé par SB le Mercredi 10 Juillet 2019 à 02:16 | Lu 11810 fois