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L'autre escroquerie à 180 millions impliquant Yolande Wong Lam devant la cour d'appel


Après l'affaire Sofipac la semaine dernière, l'agenda judiciaire est chargé pour l'autoproclamée reine de la finance Yolande Wong Lam.
Après l'affaire Sofipac la semaine dernière, l'agenda judiciaire est chargé pour l'autoproclamée reine de la finance Yolande Wong Lam.
PAPEETE, le 21 octobre 2015 - Le parquet général a requis, ce mercredi devant la cour d'appel, la confirmation des fortes peines d'amende prononcées en première instance contre cinq prévenus dans une vaste arnaque aux faux investissements impliquant, déjà, l'apporteuse d'affaire qui a fait la une de l'actualité dans la récente affaire Sofipac de fraude à la défiscalisation.


Pas de peines de prison, mais de fortes peines d'amende : de 10 à 40 millions de francs selon le degré d'implication des cinq prévenus. Avec obligation d'indemniser solidairement la quinzaine de victimes qui avaient porté plainte pour des abus de confiance dans cette affaire portant sur un préjudice global de 180 millions de francs. Telles sont les peines qui avaient été prononcées, en mai dernier en première instance par le tribunal correctionnel, contre les acteurs de ce dossier. Ils avaient interjeté appel, mais le parquet général a requis ce mercredi matin la confirmation des sanctions.

L'enquête avait débuté en 2014 suite à la plainte d'une des victimes de ce système mirifique d'investissements et de retours sur placements financiers que lui avaient fait miroiter les escrocs présumés des années plus tôt, puisqu'ils ont sévi entre 2000 et 2004.

L'offre était alléchante pour ces petits producteurs désireux de s'agrandir et démarchés à Tahiti, en grande partie là encore, par Yolande Wong Lam : un droit d'entrée de 50 000 dollars, pour "frais de dossier", et la promesse de toucher rien de moins qu'1 million de dollars, remboursable à raison de 100 000 dollars par an, un loyer qui plus est censé être couvert par les intérêts d'une partie de la somme placée par les soins d'un intermédiaire métropolitain, ancien banquier du Crédit Lyonnais et lui aussi condamné dans cette affaire.

"Un écran de fumée, du vent"

Les victimes qui sont tombées dans le piège n'ont évidemment pas vu la couleur du moindre franc pendant que Yolande Wong Lam, elle, multipliait les déplacements entre la France, la Suisse et le Luxembourg ou elle avait monté avec Gérald Teriierooiterai, co-prévenu, un pseudo cabinet de financement baptisé… Sofipac. Surnommée "l'embrouilleuse" par le parquet en première instance, Yolande avait aussi acheté une maison en région parisienne pour 40 millions de francs grâce à l'argent de ses victimes, officiellement pour y installer le siège social de ses activités.

La baraque est aujourd'hui en ruine, squattée par des gens du voyage selon la fille de Yolande, prête-nom de sa mère dans ce dossier et condamnée en première instance pour blanchiment d'argent. Agent immobilier à Papeete, elle avait fait transiter par ses comptes bancaires plusieurs millions de francs provenant de la Sofipac au Luxembourg pour le compte de Gérald Teriierooiterai qui envisageait l'acquisition d'un immeuble d'une valeur de 120 millions de francs à Papeete avec cet argent.

"On a jamais vu le début d'exécution d'un plan de financement, ni le début de réalisation d'un quelconque projet annoncé", ont fait remarquer l'avocat général et les avocats des plaignants. "Toute cette affaire c'est du vent, un écran de fumée". La cour d'appel a mis sa décision en délibéré au 28 janvier 2016.

Officiellement, Yolande Wong Lam n'a plus aujourd'hui qu'une retraite de l'ordre de 60 000 francs pour rembourser, solidairement, avec ses co-prévenus, les quelques 180 millions de francs que personne n'a retrouvé dans ce seul dossier. Et les millions d'amende.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mercredi 21 Octobre 2015 à 18:18 | Lu 4294 fois