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L'ancien "baron du bitcoin", Mark Karpelès, mis en examen au Japon pour détournement de fonds


Tokyo, Japon | AFP | vendredi 11/09/2015 -L'ancien "baron du bitcoin", le Français Mark Karpelès, en garde à vue depuis six semaines au Japon, a été mis en examen vendredi pour falsification de données et détournement de fonds, plus d'un an après la faillite retentissante de sa plateforme d'échanges.

M. Karpelès, 30 ans, avait été arrêté le 1er août à Tokyo, où il résidait, et soumis depuis à des interrogatoires sur la disparition de centaines de millions de dollars en bitcoin, une monnaie virtuelle.

L'ancien dirigeant de MtGox, un temps maître incontesté dans l'univers du bitcoin, reste pour l'heure en détention, a indiqué le parquet à l'AFP, mais il peut déposer une demande de remise en liberté dans l'attente de son procès.

Il avait dans un premier temps été interpellé pour avoir falsifié des données dans le système informatique de la plateforme en 2013, afin de créer artificiellement un million de dollars (910.500 euros).

Puis un nouveau mandat d'arrêt avait été émis le 21 août, cette fois sur des accusations de détournement de fonds, permettant aux policiers de prolonger sa garde à vue de 20 jours supplémentaires, en vertu du système judiciaire japonais.

M. Karpelès est soupçonné d'avoir empoché 321 millions de yens (2,3 millions d'euros au cours actuel) de dépôts de bitcoins de ses clients. Il aurait dépensé cette somme pour l'achat de droits de logiciels, mais aussi pour s'offrir un lit de luxe dans son appartement loué 1,4 million de yens (10.300 euros) par mois, selon des informations de presse.

- 'Mieux que rien' -

Le suspect, qui encourt jusqu'à cinq ans de prison, nie en bloc les accusations, avaient précédemment souligné les médias.

L'effondrement spectaculaire l'an dernier de MtGox, victime d'une cyber-attaque massive selon son ex-patron, avait entaché la réputation du bitcoin et laissé des milliers d'investisseurs ruinés.

La société avait stoppé ses transactions en février 2014, avant de déposer le bilan. Au total, 850.000 bitcoins se sont volatilisés pour une valeur de 48 milliards de yens (près de 350 millions d'euros).

"Je suis heureux que la police ait pu avancer dans son enquête, mais ce serait décevant si après tout ce temps, nous n'obtenions qu'une condamnation portant sur une toute petite partie de l'argent perdu", a réagi un des investisseurs floués, Kim Nilsson, contacté par l'AFP. "C'est mieux que rien pour qui veut trouver un responsable, mais je pense qu'on doit attendre plus".

Yoshimitsu Homma, responsable de l'association japonaise de monnaie virtuelle, a également salué la décision du parquet de poursuivre Mark Karpelès. "C'est une bonne nouvelle, mais pour le monde des monnaies virtuelles lui-même, cette affaire fait partie du passé", a-t-il estimé, relevant "l'intérêt grandissant des gens" pour ce type de devises.

- Démêlés judiciaires -

Souvent décrit comme un génie de l'informatique, le Français a déjà eu maille à partir avec la justice: il avait été condamné en 2010, en son absence, par le tribunal de grande instance de Paris à un an d'emprisonnement pour "modification frauduleuse de données" après une plainte de son employeur.

Déjà installé au Japon, il achète un an plus tard l'entreprise MtGox, basée à Tokyo. Elle deviendra l'une des plateformes d'échange "historiques" du bitcoin, monnaie qui a vu sa valeur s'envoler de quelques cents à ses débuts en 2009 jusqu'à plus de 1.000 dollars fin 2013, avant de refluer (240 dollars vendredi selon l'indice CoinDesk).

Contrairement aux devises physiques telles que l'euro ou le dollar, les bitcoins ne sont régis par aucune banque centrale, mais générés par des milliers d'ordinateurs dans le monde (un processus baptisé "minage").

Désormais utilisés par des milliers de sites web et même certaines boutiques "réelles", ils peuvent être échangés contre des services (payer la course d'un taxi par exemple), des marchandises ou même d'autres devises, du moment que l'autre partie à la transaction en accepte le principe.

Instrument selon ses détracteurs de tous les trafics illégaux du fait de l'anonymat des paiements, le bitcoin est par ailleurs, dans sa forme actuelle, vulnérable au vol ou toute autre opération frauduleuse, et de nombreux pays songent à en encadrer l'usage.

Rédigé par () le Vendredi 11 Septembre 2015 à 05:25 | Lu 321 fois