Tahiti Infos

L'ONU maintient la pression envers la France sur la Polynésie


Tahiti, le 26 juin 2022 – Le projet de résolution préparé le 16 juin dernier par le comité spécial chargé des questions de décolonisation à l'ONU reprend exactement les termes de la précédente résolution pour la Polynésie française. Pas question de retirer le Pays de la liste des territoires non autonomes, et la France est "priée" voire "exhortée" à mettre en place un processus d'autodétermination au fenua.
 
Ce n'est pas une conséquence de l'élection de trois députés Tavini, puisque le projet de résolution est daté de deux jours avant le second tour des législatives. Mais le dernier projet de résolution déposé le 16 juin dernier par la présidente du "Comité spécial chargé d'étudier la situation de l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux" à l'ONU maintient la pression sur la "question" de la Polynésie française. Au moins sur le plan sémantique. Le projet de résolution "demande", "prie", "exhorte" la France à mettre en place les conditions en termes juridiques et d'éducation d'un processus d'autodétermination en Polynésie française.
 
Le 13 juin dernier, la nouvelle session du Comité s'était ouverte à l'ONU sur le sujet de la Polynésie française. Le délégué adjoint aux affaires internationales de la Polynésie française, Engel Raygadas, avait alors réitéré la demande de l'administration Fritch de voir la Polynésie française retirée de la liste des pays à décoloniser de l'ONU. Et face à lui, le spécialiste des questions de décolonisation à l'ONU, Carlyle Corbin, avait regretté le manque d'avancées concrètes dans la discussion onusienne sur la décolonisation de la Polynésie. Le moins que l'on puisse dire est que le projet de résolution présenté le 16 juin dernier balaye une nouvelle fois les demandes du premier et abonde dans le sens du second.
 
"Demande", "prie", "exhorte"
 
Le projet de texte qui devra être voté par l'Assemblée générale de l'ONU rappelle évidemment la résolution du 17 mai 2013 qui avait réintroduit la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes au sens des Nations Unies, ainsi que l'ensemble des procédures et évènements tenus depuis. Ceci pour finalement "réaffirmer qu’en fin de compte c’est au peuple de la Polynésie française lui-même qu’il appartient de déterminer librement son futur statut politique" et "demander à la Puissance administrante d’agir en coopération avec le gouvernement du territoire et les organes compétents du système des Nations Unies pour mettre au point des programmes d’éducation politique dans le territoire afin de faire prendre conscience au peuple de la Polynésie française de son droit à l’autodétermination". Le projet de résolution qui dit "prendre note" de la demande du président Edouard Fritch de retirer la Polynésie de la liste des Pays à décoloniser de l'ONU, mais pour aussitôt "réaffirmer sa résolution" de 2013.
 
Par ailleurs, le texte "déplore" que la France "n’ait pas donné suite" aux demandes de renseignements du Comité depuis la réinscription de 2013. Il "l'exhorte à garantir la souveraineté permanente du peuple de la Polynésie française sur ses ressources naturelles, y compris les ressources marines et les minéraux sous-marins". Il "prend note des démarches entamées par la Puissance administrante en vue de la reconnaissance et de l’indemnisation des victimes d’essais nucléaires", mais prie également de nouveau le Secrétaire général de "continuer de lui faire part de tout fait nouveau sur les retombées environnementales, écologiques, sanitaires et autres des essais nucléaires pratiqués pendant 30 ans en Polynésie française".
 
Enfin, il "prie" de nouveau la France "d’intensifier son dialogue avec la Polynésie française" pour mettre en place "rapidement" un processus d’autodétermination "équitable et effectif".
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Dimanche 26 Juin 2022 à 15:48 | Lu 3675 fois