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“L’Épis pourra créer des postes”



Tahiti, le 2 février 2025 – Même si “les choses ont été faites à l’envers” avec la mise en place du Centre de traitement des appels au lieu de l'Établissement public incendie et de secours (Épis), les sapeurs-pompiers tiennent à ce que désormais, “les choses soient bien faites” avec la création de l’Épis. Ces derniers y voient beaucoup d’avantages, comme l’intégration de certains au sein de la structure, ou encore la reconnaissance de leur grade, sauf que la question du financement les inquiète.
 
Les chefs de corps de Tahiti et Moorea se sont réunis autour de la colonelle de sapeurs-pompiers et directrice de la protection civile en Polynésie, Cécile Macarez, la semaine dernière sur l’île Sœur. Et pour ce qui est des formations, un agent du centre de gestion et de formation (CGF) s’est également joint à eux. L’occasion de “débattre sur des points assez importants comme la création de l'Établissement public incendie et de secours (Epis), ou encore la refonte du CTA (Centre de traitement des appels, NDLR)”, a assuré le directeur de la sécurité publique à Faa’a, Charles Vanaa.  
 
Pour le chef de centre par intérim à Mahina, Matahiarii Virassamy, la mise en place de l'Établissement public incendie et de secours au Fenua “va être bénéfique pour nous, tout en sachant que chez nous, nous avons des personnes inaptes qui pourront intégrer l'Épis. Actuellement, ils font ce que le CTA de Arue fait, c'est-à-dire répondre au 18 ou aux secours.”
 
Même son de cloche pour le directeur de la sécurité publique à Hitia’a o te Ra,
Philippe Vaitoare : “C’est une bonne chose (…) car demain, les grades seront peut-être reconnus” Il pointe du doigt la différence de traitement entre la police municipale et les pompiers. “À la police municipale, quand tu réussis la formation Apja (agent de police judiciaire adjoint), pendant ton stage, automatiquement, tu passes en catégorie C. Chez les pompiers, c’est le contraire, alors qu'ils font plus de travail. Ils sont obligés d'avoir huit ans d’ancienneté pour prétendre à la catégorie C. Aujourd'hui, on demande que les chefs pompiers soient reconnus en catégorie C.”

L’Épis “va régulariser les carrières de chacun”

Pour Charles Vanaa, directeur de la sécurité publique de Faa’a, il n’y a pas de secret, “c’est la participation de toutes les communes qui va nous mener à la réussite”, surtout au niveau financier. Il espère que le Pays et l’État “vont apporter leurs billes car certaines compétences leur appartiennent”.
 
Des questions restent toutefois encore en suspens : à quelle hauteur les communes vont-elles participer ou encore est-ce que leur participation sera pérenne ? “Il ne faudrait pas qu’en cours de route, une commune abandonne et que les autres doivent alors prendre en charge. C’est tout cela qu'on veut savoir.”
 
Pour le directeur de la sécurité publique à Faa’a, l’Épis “va régulariser les carrières de chacun et cela va permettre à plusieurs personnes d'évoluer car aujourd’hui, plus personne ne peut évoluer. Je comprends les maires car budgétairement, cela les arrange que cela soit bloqué.” Autre avantage de l’Épis, “le fait d'appartenir à une seule entité te permet de bouger facilement”. Cela va également “nous permettre de mieux professionnaliser notre métier. Aujourd'hui, on a l’impression que les pompiers sont un peu la cinquième roue du carrosse.”

“On va être transparent sur le coût”

La colonelle de sapeurs-pompiers et directrice de la protection civile en Polynésie, Cécile Macarez, assure que ces rencontres sont tout d’abord “des moments de solidarité et de partage. Cela leur permet d’être solidaires pour faire face à des événements. Il faut travailler l’esprit d’équipe au quotidien.”
 
Elle considère que l’Épis peut être une lueur d’espoir pour la jeunesse d’aujourd’hui. “S’ils ont envie de devenir officiers et d'avoir des postes d'encadrement, cela sera possible. (…). En plus, si on mutualise les appels, peut-être que demain, on mutualisera les groupements d'achat d'équipement, peut-être qu'on mutualisera la gestion des aptitudes médicales et du suivi médical des sapeurs-pompiers.”
 
Quant à la création du CTA avant l’Épis, Cécile Macarez admet que le directeur de la sécurité civile de Faa’a, Charles Vanaa, a “parfaitement raison. On reprend les choses dans l’ordre, voilà ce qu'on est en train de faire en ce moment.”
 
Pour ce faire, trois groupes de travail ont été créés avec comme thèmes : “Comment garder le CTA existant et maintenir son attractivité ?” ; “Le CTA de demain avec le 15” et enfin le travail “sur l'écriture du décret en conseil d'État pour la création d'établissements publics d'incendie de secours, donc on va essayer de remettre les choses dans l'ordre”.
 
Pour ce qui est du deuxième thème, Cécile Macarez ajoute qu’'importe l’endroit où tu te trouves, si tu composes le 15, tu tombes au même endroit. “On veut la même chose pour le 18 (…). On espère que les autres communes auront envie d'adhérer rien que pour bénéficier de cette prestation.”
 
Les tāvana devraient prendre une délibération en conseil municipal “pour adhérer à l’Épis (…). On va être transparent avec les tāvana sur le coût des contributions et sur la répartition des contributions.”

“Il arrivait qu’on n’ait personne à la caserne”

Directeur de la sécurité publique à Hitia’a o te Ra,  Philippe Vaitoare
Directeur de la sécurité publique à Hitia’a o te Ra, Philippe Vaitoare
“Avant, il arrivait qu’on n’ait personne à la caserne ou qu’on n’ait pas de chauffeur et on subissait des pressions des tāvana. Avec mon collègue de la police municipale, on palliait ce manque. Aujourd'hui, ça va mieux, on a plus d’effectif, même si cela n'est pas encore assez. Maintenant, à Hitia’a o te Ra, deux équipes peuvent sortir avec chacune une ambulance alors qu'avant, on ne pouvait faire qu'une seule intervention. Et avant, on pouvait être un ou deux pompiers par garde alors qu'aujourd'hui, nous sommes quatre voire cinq. Notre tāvana n’était pas très fort sur la partie de la sécurité. Il a fallu qu'on ait une rencontre avec tāvana hau, qui lui a remonté les bretelles. Suite à ça, on a augmenté nos effectifs. Mais le plan de secours de Hitia’a o te Ra, c'est six agents par garde, que ça soit de jour comme de nuit. Et aujourd'hui, on tourne à quatre.”

“On ne fait que du rafistolage”

Directeur de la sécurité civile à Faa’a Charles Vanaa
Directeur de la sécurité civile à Faa’a Charles Vanaa
“Si on lit le décret de 2006, c’est d’abord la création de l'Épis puis le Centre de traitement des appels (CTA). Ainsi, au lieu d'avoir plusieurs standards, tout le monde aurait eu le numéro 18. Ce n’est pas la faute des pompiers mais de ceux qui étaient là avant, ils ont fait les choses à l'envers, ils ont voulu précipiter les choses. On espère que cette fois-ci, les choses vont être bien faites (…). Dans les communes où les pompiers professionnels existaient, on a travaillé sur le statut des pompiers volontaires et on a même perfectionné leur statut alors que ceux qui étaient professionnels n'en avaient aucun. Et quand la fonction publique est arrivée, cela n’était pas adapté. On ne fait que du rafistolage. On a toujours fait les choses à l'envers alors que le plus important, c'est de faire d'abord ceux qui sont ancrés dans le métier.”

“Il n’y aura plus de mal-être”

Colonelle de sapeurs-pompiers et directrice de la protection civile en Polynésie, Cécile Macarez
Colonelle de sapeurs-pompiers et directrice de la protection civile en Polynésie, Cécile Macarez

Le rôle de l'État, c'est d'accompagner les tāvana en matière de sécurité civile. On a créé le Comité polynésien de sécurité civile il y a un an et demi (…). Il n'y avait pas d'espace de dialogue qui permettait à l'État d’échanger avec le Pays et les tāvana sur les sujets de sécurité civile (…). Lors de ce comité, on met sur la table les sujets de sécurité civile en toute transparence. Même les problématiques de mal-être, les problématiques d’effectifs journaliers, etc. Aujourd'hui, on a constitué des groupes de travail pour aller vers un Épis qui dans un premier temps permettrait de centraliser au moins les appels du 18 (…). Il n’y aura plus de mal-être car il y a des perspectives derrière, c’est de faire évoluer leur statut dans cet Épis, et de créer des postes d'encadrement qui n'existent pas dans les communes aujourd'hui. C’est ça la différence. L’Épis pourra créer des postes car il aura la personnalité morale et la capacité de recrutement.”
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Dimanche 2 Février 2025 à 18:21 | Lu 2300 fois