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L'Aranui 5 organise deux croisières vers Pitcairn en 2019


L'Aranui 5 est en service depuis 2015. Le concept original de mélanger un cargo avec une croisière de luxe a fait ses preuves, et ses croisières vers les Marquises affichent un taux de remplissage proche de la saturation selon son armateur. La croisière spéciale vers Pitcairn est déjà quasiment pleine ! (photo de l'Aranui à Fatu Hiva)
L'Aranui 5 est en service depuis 2015. Le concept original de mélanger un cargo avec une croisière de luxe a fait ses preuves, et ses croisières vers les Marquises affichent un taux de remplissage proche de la saturation selon son armateur. La croisière spéciale vers Pitcairn est déjà quasiment pleine ! (photo de l'Aranui à Fatu Hiva)
PAPEETE, le 19 septembre 2018 - L'année prochaine, l'Aranui 5 changera son itinéraire habituel en faveur de deux croisières exceptionnelles vers les Tuamotu, les Gambier, Pitcairn et les Australes. Un voyage de 13 jours au plus près des îles les plus isolées au monde, placé sous le signe de la culture et de l'histoire.

L'Aranui 5 est décidément un bateau très spécial. Il offre une croisière unique, en cargo mixte, vers les Marquises toutes les trois semaines. Un trajet presque toujours plein. En 2019, il va faire un voyage encore plus original, qui conduira ses 220 touristes sur les îles les plus isolées de notre coin d'océan. Ana'a et Amanu aux Tuamotu, les Gambier, Pitcairn, puis Rapa et Raivavae aux Australes... Sept îles difficilement acessibles mais chargées d'histoire. Et le concept a immédiatement séduit les clients du bateau, puisque la croisière a été vendue en deux semaines !

Les maires des îles qui seront traversées, dont la plupart ne voient que rarement passer un navire de croisière, sont ravis d'avoir la chance de partager leur culture, leurs modes de vie et leur artisanat avec ces visiteurs. Ils espèrent aussi des retombées économiques pour leurs petites économies... La bonne nouvelle c'est que, face au succès de ce nouveau produit, les armateurs de l'Aranui 5 ont déjà reprogrammé cette croisière pour 2020.


En janvier et mars 2019, l'Aranui 5 proposera cet itinéraire très original. Le bateau visitera des îles parmi les plus isolées de Polynésie, mais avec une histoire et une culture riche. Il ira surtout à Pitcairn, l'île des mutins de la Bounty, qui passionne les touristes.
En janvier et mars 2019, l'Aranui 5 proposera cet itinéraire très original. Le bateau visitera des îles parmi les plus isolées de Polynésie, mais avec une histoire et une culture riche. Il ira surtout à Pitcairn, l'île des mutins de la Bounty, qui passionne les touristes.
Les prix pour cette croisière de 13 jours et 12 nuits sur l'Aranui 5 commencent à 346 943 francs pour une place en dortoir. Pour une cabine double standard avec hublot vers l'océan, comptez 561 086 francs par personne (2 minimum). Enfin, si vous cherchez la solitude et le confort, vous pourriez réserver la Suite Présidentielle et vous y installer tout seul pour 1 582 064 francs.

Josiane Teamotuaitau

Maitre de conférences à l'UPF, vice-présidente de la Société des études océaniennes, présidente de Faafaite

"C'est un voyage extraordinaire, qui va s'arrêter sur différentes îles historiques, rarement visitées"


Vous allez donner trois conférences pendant la croisière, pouvez-vous nous en parler ?
"Oui je serai conférencière à bord de l'Aranui pour les deux voyages vers Pitcairn. Je vais parler des premiers contacts avec les Européens aux Tuamotu et aux Gambier, puis du rôle des femmes polynésiennes qui ont accompagné les mutins de la Bounty à Pitcairn et qui sont celles qui ont créé cette communauté mais que l'on a oubliées... Et enfin une conférence sur les spécificités de Rapa, sa langue totalement unique, sa végétation originale, son mode de vie communautaire, le rāhui..."

L'itinéraire est très original, pouvez-vous nous parler de ce voyage ?
"Oui c'est un voyage extraordinaire, qui va s'arrêter sur différentes îles historiques, rarement visitées. Ce sont des îles riches d'un point de vue historique. Anaa était la capitale des Tuamotu au 19ème siècle, Amanu est l'île où les premiers contacts avec les Européens ont eu lieu en Polynésie française. Ensuite on va à Mangareva, où on sait que les catholiques sont arrivés pour la première fois au début du 19ème siècle et ont profondément modifié la vie locale. À la fin on ira à Rapa, qui est extrêmement isolée, peu accessible parce qu'il n'y a pas d'avion. Enfin le clou de la visite, en dehors des eaux territoriales, sera Pitcairn. C'est certainement l'étape que la plupart attendent, car Pitcairn est encore plus difficile d'accès que Rapa. C'est vraiment une occasion unique que l'Aranui nous offre. Il n'y a que trois bateaux par an par la ligne régulière, et moi-même j'ai dû attendre 6 mois pour pouvoir y aller puisqu'il n'y a que 12 passagers par voyage ! Il faut prendre l'avion pour aller jusqu'à Rikitea, puis attendre l'avion de la Nouvelle-Zélande, et enfin il y a trois jours de mer."

Qu'y-a-t-il à voir à Pitcairn ?
"L'intérêt principal, ce que recherchent les touristes qui vont à Pitcairn, c'est l'histoire de la Bounty et des révoltés. Mais il ne faut pas non plus oublier que Pitcairn est une île extrêmement belle, avec ses falaises, sa végétation, ses eaux extrêmement poissonneuses... il y a aussi des vestiges anciens. Il y a des marae cachés sous les banians, il y a des hiéroglyphes polynésiens... Donc il y a beaucoup de choses, des paysages et une histoire pro-européenne à découvrir sur place. Mais les amoureux de l'histoire de la Bounty seront ravis de pouvoir faire sonner la cloche de Pitcairn, toucher le canon de la Bounty, voir la vaisselle et les pots de chambre qui étaient à bord... Et surtout de discuter avec les descendants de Pitcairn, et de découvrir leur langue originale et unique, le pitcairnien, qui est un mélange de vieil anglais et de vieux tahitien."


Philippe Wong

P-dg de la Compagnie Polynésienne de Transport Maritime, affréteur de l'Aranui 5

"Les 440 places sont pratiquement déjà toutes vendues !"


L'Aranui 5 s'est fait un nom pour les croisières vers les Marquises, vous profitez de ce succès pour proposer un nouvel itinéraire ?
"Tout à fait. Il faut savoir que nous avons développé des croisières vers les Marquises depuis 1984. C'est un voyage de découverte bien abouti. Et avec le nouvel Aranui que l'on exploite depuis bientôt trois ans, nous avons une demande de nos anciens passagers qui souhaitaient revenir faire le voyage, mais pour découvrir d'autres îles. C'est de là que nous vient cette idée de proposer Pitcairn. Nous avons voulu tester les Gambier et Pitcairn, en y incluant Rapa et Raivavae, puisque ce sont des destinations difficiles d'accès, mais qui méritent d'être connues. C'est un itinéraire spécial îles isolées !"

A qui vendez-vous ce voyage ?
"Dès que l'on a mis en vente ce voyage vers Pitcairn, il s'est entièrement vendu, 220 places en moins de deux semaines. Pratiquement 40% de nos clients pour Pitcairn sont des Australiens, qui ont été très rapides avec les Néo-Zélandais pour acheter les places dès que nous les avons proposées. Le reste des places a été acheté par des Américains, des Européens et quelques Polynésiens. Face à cette demande, il a fallu programmer un deuxième voyage en mars pour satisfaire les agences de voyage européennes ! Donc finalement nous avons proposé 440 places en tout, et elles sont pratiquement déjà toutes vendues."

C'est une très bonne nouvelle pour Pitcairn et les îles que vous allez visiter. Allez-vous renouveler l'opération en 2020 ? Les îles vous le demandent-elles ?
"Nous avons déjà un voyage vers Pitcairn en projet dans le calendrier 2020, ça pourrait être plus. Et les îles le demandent, vous avez rencontré les maires ! Pour toutes les îles, il est nécessaire de trouver des sources de revenus. Pitcairn n'exporte pas grand-chose à part du miel et de l'artisanat... Donc le tourisme est une grande source de revenus potentiels, et ils y sont très ouverts."

220 croisiéristes sur une île de 46 habitants comme Pitcairn, ça devrait avoir un impact important.
"Oui, il y a des bateaux trans-pacifique qui s'arrêtent à Pitcairn, mais ils n'arrivent pas à faire descendre 1000 ou 2000 passagers sur l'île. Donc nous, avec notre petite capacité de 220 passagers, on va vraiment pouvoir proposer la découverte de l'île, et ça c'est important. On voit aussi que sur toutes les autres îles du trajet que nous allons visiter, nous devons organiser toutes les filières liées au tourisme. Nous sommes en train de recruter des guides, nous allons consommer local puisqu'il est prévu de manger à terre à Rapa et de commander des repas à Amanu... Il y aura aussi toutes les dépenses des passagers pour ce qui est artisanat et culturel... On va essayer d'organiser toute cette filière là pour que les excursions soient intéressantes et complètes. C'est vraiment un projet qui est très excitant en termes de challenge et de découverte pour toute la compagnie. Même nos membres d'équipage sont ravis de découvrir ces îles."

L'Aranui 5 et son concept de bateau mixte fret/croisière de luxe est unique au monde. Quels sont tes retours sur cette expérience ?
"Ça fonctionne très, très bien. Les touristes aujourd'hui, quand ils veulent découvrir un pays ou une île, ils sont aussi intéressés par la rencontre avec les habitants de l'île, découvrir leur mode de vie. C'est ce que nous offrons avec le cargo mixte. Nous ravitaillons les îles et les gens viennent récupérer leurs marchandises. Donc les touristes se rendent vraiment compte qu'ils participent à la vie économique de l'île. Nos croisiéristes apprécient aussi beaucoup que tout l'équipage soit composé de locaux, ce qui n'est pas le cas sur les paquebots qui ont souvent du personnel étranger. Et l'aspect industriel du bateau ne gêne pas l'aspect luxueux de la croisière, au contraire ça lui donne un aspect authentique, c'est très spécial. Le passager ne va pas dire qu'il a fait le plus gros paquebot ou le paquebot le plus moderne... Mais il va dire qu'il a voyagé sur un bateau exceptionnel, puisqu'il a transporté des marchandises, mais dans des conditions de confort international. En 2017, nous sommes arrivés à 82% de taux de remplissage, proche du taux de saturation. Un résultat qui est arrivé très rapidement, donc l'Aranui se porte très bien."


Parole aux maires

Les maires des îles du trajet ont profité du Congrès des maires pour venir rencontrer l'armateur de l'Aranui 5
Les maires des îles du trajet ont profité du Congrès des maires pour venir rencontrer l'armateur de l'Aranui 5

Joachim Tevaatua, maire de Raivavae
Avez-vous beaucoup de bateaux de croisières qui viennent vous voir ?

"Pas beaucoup. Aranui 3 était venu il y a quelques années, mais ça fait trois ans qu'il n'y en a pas eu. Donc les deux voyages de l'Aranui 5, c'est une très bonne chose pour la population. On espère que ça va amener un peu de sous pour la population. Ca va aussi permettre de faire découvrir notre archipel, et surtout notre île qui est la plus jolie des Australes !"

Qu'allez-vous proposer aux touristes ?
"Beaucoup d'excursions ont été prévues, mais nous allons aussi partager notre culture, notre savoir-vivre, notre artisanat, nos paysages naturels... La plus belle vue de l'île c'est le mont Hiro, et il y a aussi le motu piscine à découvrir !"

Vous espérez que la croisière pourrait être organisée tous les ans ?
"Ah il faut ! Il faut venir tous les ans, c'est mieux pour la population et pour l'île. Le tourisme est important pour notre développement, il y a beaucoup de choses à voir chez moi ! Il faut amener les touristes aux Australes, il ne faut pas les garder que pour Tahiti et Bora (rire) !"


Téodore Tuahine, maire de Hao et Amanu
Recevez-vous beaucoup de bateaux de croisière ?

"Je t'assure que c'est vraiment la première fois ! Surtout à Amanu. J'en suis très heureux pour cette île magnifique. Amanu, déjà pour nous c'est une belle île, et même nous on rêve d'y aller. Je l'ai visitée pour la première fois à l'âge de 30 ans, alors qu'elle est à peine à deux heures de bateau. Mais depuis que je l'ai visitée j'y vais pratiquement deux ou trois fois par mois, parce que j'adore Amanu. C'est une vie simple et paisible, une belle commune, avec une belle histoire ! C'est comme un paradis secret que nous allons partager avec les touristes. Et à Amanu il y a un spot de surf très connu, les jeunes feront la démonstration !"

Espérez-vous avoir une croisière de ce type tous les ans ?
"C'est l'idée, et on fera tout pour les épater ! On leur prépare une belle surprise, on veut leur donner envie de revenir !"

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mercredi 19 Septembre 2018 à 14:11 | Lu 13107 fois