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“J'aime les personnages cabossés”


Tahiti, le 23 janvier 2025 – Après “Les enchaînés” en 2021, Franck Chanloup publie son deuxième roman Au vent des îles. “La reine des Apaches” s'inscrit dans une trilogie mais n'est pas du tout une suite au premier ouvrage. Il faudra patienter jusqu'à la fin pour comprendre le lien entre les personnages qui se retrouveront dans le troisième opus en Nouvelle-Calédonie. À dévorer sans tarder.
 
“La vie de Mathilde débuta par treize ans d'indifférence et de froideur (...) Elle se pliait à la discipline, obéissait sans se plaindre, allait à la messe, fermait sa bouche jusqu'à ce jour d'automne où, d'un geste sec, elle planta une aiguille dans l'œil de Camille Riboulet”. Dès les deux premières pages du livre, le ton est donné, avec un rythme d'écriture intense. “J'aime écrire sur des personnages cabossés (...) sur la pauvreté, le sang, la violence... Je n'aime pas écrire sur des gens qui vont bien”, explique ainsi l'auteur, Franck Chanloup, qui signe ici son deuxième roman publié Au Vent des îles après “Les enchaînés” en 2021. Il avait déjà l'idée d'une trilogie à ce moment-là. “C'est ce que j'ai en tête depuis le début, le but étant que Mathilde, l'héroïne des Apaches, et Victor, le héros des Enchaînés se rejoignent à Nouméa”.
 
Pour ceux qui seraient passés à côté des “Enchaînés”, pas de panique. Vous pouvez dévorer – parce qu'il se dévore –, “La reine des Apaches” même si vous n'avez pas lu le premier. Ce sont deux histoires différentes “à part les deux dernières pages” qui nous font voguer vers la Nouvelle-Calédonie et la rencontre entre Victor et Mathilde, mais aussi Alexandre, le “personnage préféré” de l'auteur, tatoué comme tous les Apaches. Un “voyou à l'ancienne” qui est encore assez “mystérieux et en retrait” mais qui sera au centre de son troisième roman.
 
Entre Sergio Leone et Peaky Blinders en passant par Casque d'or
 
Si Franck Chanlou a écrit ce deuxième roman “comme un western à la Sergio Leone”, ou en s'inspirant, pour les plus âgés d'entre nous, de “Casque d'or”, et de la série sur le gang des “Peacky Blinders” pour les plus jeunes, c'est le Montmartre du début du XXe siècle qu'il a choisi comme toile de fond à son histoire. Ou plutôt à celle de Mathilde, la Rouquine de son surnom, qui après s'être évadée de l'orphelinat, rencontre d'abord le fameux Alexandre dit le “Balafré”.
 
Rejoints par d'autres jeunes hommes aussi démunis et malins qu'elle, ils forment une redoutable bande “Les loups de la Butte” dont Mathilde va devenir la chef de meute, “la reine des Apaches”. Les Apaches, qu'on pourrait qualifier de racaille aujourd'hui, étaient des jeunes voyous de 14 à 20 ans qui semaient le trouble dans les rues du Paris de 1900 en sévissant en bande, menant des guerres de territoires, et vivant de vols, de meurtres, ou de petits délits.
 
Ensemble ils forment une redoutable bande qui rivalisent avec “Les bouchers”, “les cravates vertes”, ou encore les “costauds de la Villette” citées dans le roman de Franck Chanloup et “qui ont vraiment existé”.
 
Le vocabulaire choisi, l'argot de l'époque employé dans les dialogues nous rappellent la gouaille d'Arletty qui naît dans ce contexte historique d'un Paris des années 1 900 décrit dans ce roman d'un peu plus de 300 pages que Tahiti Infos vous recommande vivement.
 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Jeudi 23 Janvier 2025 à 14:18 | Lu 1193 fois